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On’ parle égalité et impact du Covid dans le sport, avec l’entraînante Lorrainy !

Passée par São Paulo et Bordeaux, Lorrainy, 24 ans, est une mordue de volley-ball depuis l’adolescence. Après son sacre de vice-championne de France en 2013, elle s’est engagée dans un master de management du sport, à Créteil. Pour On’, elle revient sur ses parcours sportif et professionnel : créateurs d’étincelles, des inégalités peuvent néanmoins y subsister… Mais même à notre ère « covidée », la jeune Brésilienne ne perd jamais sa rage de battante !

On’ : Bonjour Lorrainy, présente-toi…

« Je m’appelle Lorrainy Andrade, j’ai 24 ans, et j’ai un parcours universitaire atypique… J’ai eu une double licence internationale en logistique et transports à Bordeaux, où j’ai réalisé mes deux premières années. J’ai fait ma L3 à São Paulo, au Brésil, mon pays natal.

Durant cette année, j’ai participé à des projets sociaux visant à aider les jeunes en situation de délinquance et de pauvreté, par le sport. Cela a été un déclic : au départ je voulais continuer dans la logistique et le transport, mais je me suis finalement orientée vers un master de management du sport. Je l’ai réalisé à l’IAE (école de management) Gustave Eiffel, à Créteil. »

Sa découverte du sport et du volley-ball

On’ : Quand t’es tu mises au sport ?

« Depuis toute petite ! Au Brésil, il n’y a pas de club, c’est surtout du sport de rue. La rue devient notre terrain de jeu : on utilise des claquettes pour démarquer les buts au foot, on joue pieds-nus, ou on met une corde au milieu de la rue pour faire le filet du volley. Et on utilise un même ballon pour les deux sports !

On n’avait pas les moyens de s’acheter un ballon, alors on cotisait tous pour aller acheter le moins cher ; il devait nous durer 3 ans minimum. »

On’ : Pourquoi le volleyball ? Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce sport ?

« J’ai découvert le volley-ball en club français, à mes douze ans. C’était grâce à une amie de ma mère, qui le pratiquait en professionnel. En voyant ma taille et ma morphologie,elle m’a conseillé de faire du volley. Je me suis donc inscrite avec ma mère dans un club à Mérignac (Bordeaux), où je suis tombée encore plus amoureuse de la discipline !

Ce qui m’attire dans ce sport, c’est l’équipe, la cohésion de groupe. Car on ne peut pas construire de jeu au volley tout seul : il faut les autres pour réceptionner (défense), passer et attaquer. Comme dans nos vies, on ne peut rien faire tout seul. »

On’ : A quelle fréquence t’entraînais-tu ?

« Au début, deux, puis trois, pour arriver à quatre fois par semaine ; car je jouais en club et à l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire). J’avais aussi des matchs durant le week-end avec le club. »

On’ :  Le sport a-t-il une place importante dans ta vie ?

« Oui ! Il a même une place dominante dans ma vie. J’ai toujours connu le milieu du sport, que ce soit le sport de rue au Brésil ou le sport en club en France. Ou encore par le biais de ma famille, qui travaille dans le tennis depuis deux générations à Bordeaux. Et mon mari est arbitre international de tennis.

Je vis le sport tous les jours, que ce soit par mes parents, mes cousins, ou mon mari. Et par moi-même, avec mon travail actuel. Même en voulant prendre des distances avec le sport, il m’a toujours attiré vers lui. »

On’ : Le pratiquais-tu en compétition ?

« Oui, le week-end et le mercredi, pour l’UNSS. Les compétitions en club étaient régionales. Avec l’UNSS, c’était communal. Puis mon équipe et moi avons été confrontées à d’autres collèges et lycées, à échelles départementale et régionale. Jusqu’aux championnats de France, où nous avons terminé vice-championnes Juniors ! »

Le sport : féminin / masculin ?

On’ : Être une femme change-t-il quelque chose dans la pratique du sport ?

« Dans ma pratique du sport de volley, on ne voit pas cette différence de sexe. Ce n’est pas un sport représenté comme masculin : je le trouve flexible, du fait qu’on peut faire des équipes mixtes. Et même des championnats mixtes, comme pour le tennis. C’est une discipline unisexe, chose que l’on devrait retrouver dans certains sports ! Mais on ne peut pas faire cela dans tous les sports, comme les sports de combat. »

On’ : As-tu déjà rencontré des clichés ou du sexisme, dans ta pratique du volleyball ou dans ton travail ?

« Dans mon club, absolument pas ! Dans ma pratique non, je n’ai jamais eu de problèmes : mais dans mon parcours professionnel oui, j’en ai déjà vu ! Plusieurs remarques sexistes, misogynes, lesbophobes, existent pour les footballeuses et rugbywomen, comme « C’est une pratique de garçons, pas pour les filles. Si tu fais ce sport tu ne vas pas aimer les garçons, tu vas devenir gouine, etc. ».

Au niveau des administrations sportives, c’est un milieu très masculin, et quasiment pas féminin. L’administration ne laisse pas les femmes se faire leur place : elles ne sont pas crédibles à leurs yeux.

Par exemple, moi qui suis dans le milieu du sport, si je veux atteindre ce genre de poste, je dois me battre : car les hommes qui occupent ces postes ont un certain âge et un certain vécu dans le sport, et ne veulent céder leur place à une femme, et encore moins à une jeune femme. »

On’ : Justement, quelle place tiennent les femmes aujourd’hui dans le sport ? Sont-elles suffisamment représentées ?

« Les femmes tiennent encore une place très petite dans le monde du sport français. Nous ne sommes pas suffisamment représentées, même s’il y a quelques grandes sportives. Par exemple, ma professeure de Sciences Humaines, Madame Béatrice Barbusse, qui est aujourd’hui vice présidente de la fédération française de handball, s’est battue pour arriver à ce poste, et se bat pour la féminisation dans le sport et dans l’administration sportive.

Aujourd’hui, les femmes ne sont pas encore assez représentées dans les fédérations, où elles sont très peu nombreuses. Les différences de salaires sont très importantes, et ce notamment au niveau du football en ligue 1. Un joueur gagne en moyenne 50 000 euros par mois, tandis qu’une joueuse gagne 3000 euros

Par ailleurs, les femmes sportives ne touchent pas de salaire si elles prennent un congé maternité.

Mais il y a des sports qui essayent de réduire les inégalités entre femmes et hommes : comme au tennis, avec l’organisation de compétitions mixtes. Il y a une volonté d’égalité : notamment avec les dotations de vainqueurs, qui sont les mêmes pour les deux sexes. »

Sport et Covid, incompatibles ?

On’: Le Covid a-t-il freiné et/ou eu une influence sur ta pratique sportive ? Cela a-t-il changé quelque chose à ton travail ?

« Le Covid a drastiquement réduit la pratique du sport et les activités physiques de la population. Le sport est le dernier souci du gouvernement… Ce qui va créer par la suite des problèmes de santé publique, liés à la baisse conséquente des activités physiques et sportives.

Le manque d’activité et l’augmentation de la sédentarité (en étant toujours chez soi, avec le télétravail, les livraisons à domicile, etc.) accentuent le risque de pathologies dangereuses et mortelles. Un corps humain doit chaque jour faire entre trente minutes et une heure d’activité physique, comme marcher, monter, descendre les escaliers, etc.

Ce phénomène touche surtout les enfants,notamment avec les écrans ; mais ce ne sont pas les premiers responsables, c’est aussi l’utilisation qu’on en fait ! Certains parents jugent dangereuses des pratiques sportives comme l’élastique, le vélo, ou encore la marche seul. Mais une chute à vélo ou se blesser à l’élastique, n’est pas plus dangereux que de rester toute la journée devant la télévision ou l’ordinateur !

Dans mon travail, mon activité est tombée à zéro : chaque projet préparé a dû être annulé, après les annonces successives du gouvernement. Cela finit par être usant et démoralisant ! »

On’: Souhaites-tu ajouter quelque chose ?

« Le combat dans le sport féminin n’est pas fini !  Il y a beaucoup de travail à faire pour la féminisation du sport, à cause d’un grand ancrage masculin dans les postes à responsabilités, et les salaires. Il ne faut pas que nous, les femmes, abandonnions ce combat !

Concernant le Covid, j’espère que l’État va réagir à l’inactivité physique de la population ! Il faut trouver une solution pour ne pas arrêter les activités physiques, que ce soit pour les jeunes, ou les personnes âgées. »

Merci à Lorrainy pour sa participation à cet article, qui a donné lieu à un entretien passionnant ! Espérons que les restrictions sanitaires s’allègent un peu, pour qu’elle puisse reprendre son métier plus normalement…

Je remercie également Paul Philipon (chef de rubrique de « Sortir à Paris »), de m’avoir aidé à élaborer cet article !

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Marc
Marc

Marc, rédacteur spécialisé dans la décoration intérieure, le bricolage et le jardinage. Sa passion et son expertise dans ces domaines lui permettent d’offrir des conseils pratiques et des idées inspirantes à ses lecteurs. Marc allie habilement connaissances techniques et créativité pour fournir un contenu de qualité, riche en astuces concrètes, visant à aider ses lecteurs à concrétiser leurs projets avec succès.

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