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Balade avec l’étrange au cimetière du Père Lachaise

Incantations occultes, spectres, créatures de la nuit… Le mystérieux cimetière du Père Lachaise pourrait-il réellement être le réceptacle d’événements surnaturels et paranormaux ?

Le cimetière du Père Lachaise, un des colosses funéraires planétaires, n’est pas avare en récits pittoresques. Carrefour vivant d’histoire, de spiritualité, d’écologie et d’architecture, ce lieu protégé attire annuellement plus de trois millions d’âmes voyageuses et curieuses, aisément rassasiées. On susurre à son propos des légendes ténébreuses qui font verdir les amateurs de cauchemars. Des rituels impies aux démons de Transylvanie, nous filons à la poursuite de l’anormal au cœur du cimetière du Père Lachaise.

À l’orée du métro du Père Lachaise, on se retrouve sur le trottoir du vibrant boulevard de Ménilmontant, qui fait face à une des quatre portes baptismales du cimetière. Ce n’est point l’entrée solennelle, elle se dresse plus au sud, rue du Repos. Un cerbère nous accueille avec une carte au tarif de 2,50€. Nous préférons cependant partir à l’aventure, sans aide. « Bonne chance », glisse le gardien tandis que nous franchissons le seuil. « C’est quasi une cité à part entière ! » Les presque 44 hectares du cimetière du Père Lachaise lui valent en effet le titre de plus vaste dôme funéraire de France.

Il est courant d’entendre que flâner dans un cimetière est une bizarrerie, bien improbable serait-il d’organiser une visite romantique dans ce lieu. Pourtant, lorsqu’on évoque le cimetière du Père Lachaise, une reconsidération s’impose. En franchissant les portes de ce royaume mortuaire, il est difficile de rester insensible à la splendeur des lieux. Les tombes s’apparentent à de charmants hameaux en miniature. S’égarer dans le labyrinthe d’une division signifie s’immerger dans un univers pittoresque et singulier, où fleurs et épitaphes tissent un lien vital et indéfectible entre les âmes et les vivants. Quand l’occasion se présente, jeter un coup d’oeil au sein d’une sépulture offre un spectacle de vitraux aux couleurs dansantes sous le soleil.

Le nombre d’emplacements funéraires est proprement ahurissant : en effet, 69 000 concessions enjambent ces 44 hectares. La notoriété du cimetière du Père Lachaise ne fait qu’augmenter grâce aux nombreuses célébrités qui ont élu domicile sous sa terre froide, qu’elles soient de renommée nationale ou internationale. Parmi les résidents du cimetière du Père Lachaise, on compte Piaf, Delacroix, Apollinaire, entre autres. Lors de notre visite, nous avons fait la connaissance d’un inconditionnel du cimetière près du mausolée d’Adolphe Thiers. Il nous explique que tous les après-midi, il vient y flâner et nous prodigue des informations sur le monument : « C’est le plus imposant mausolée du continent, Thiers étant estimé comme le sauveur de la République. » Puis, il nous lance en riant : « Surtout, ne le répétez pas aux communistes! » Une belle occasion pour se remémorer l’histoire de la Commune de Paris, lorsque le Père Lachaise était le point de stockage de l’artillerie de la Garde nationale, avant que Thiers ne s’en empare.

Secrets nocturnes du Père Lachaise: Des rituels occultes en cachette?

Profitons de l’occasion pour se pencher sur les rumeurs qui courent au sujet des activités nocturnes au Père Lachaise. Selon ces murmures dans l’ombre, des cérémonies d’un autre genre, des messes noires troublantes, auraient lieu sous le voile de l’obscurité. Elles seraient minutieusement orchestrées à l’écart des yeux indiscrets et comporteraient des sacrifices inquiétants et des rituels aux connotations sataniques. Ces rumeurs ne sont pas vraiment choquantes quand on y pense. Avec le million d’âmes qui reposent en paix dans cet immense cimetière, l’existence d’un tel folklore semble tout naturel. L’expert avec qui nous échangeons confirme ces dires. Bien qu’il n’assiste « jamais aux événements en question », il déplore les dégradations occasionnelles du cimetière qui seraient liées à ces fameuses messes noires.

L’étonnante concession numéro 666 est à priori la cible principale de ces croyances diaboliques. Les Kellermann, une famille qui repose paisiblement, seraient constamment dérangés par ces rituels. Il est à noter, bien sûr, que le brave général Kellermann était un serviteur dévoué du Premier Empire… A sa mort en 1820, soit seize ans après la création du Père Lachaise, quelqu’un devait bien hériter de ce numéro funeste. Cette concession étant perpétuelle, le repos y sera probablement quelque peu agité…

Que se trame-t-il réellement lors d’une messe noire ? Cette cérémonie relève de l’hérésie (du moins pour les religions monothéistes) et vise à glorifier Satan. Ses fidèles se regroupent pour mettre en scène un rite dirigé par un prêtre. Il s’agit de l’équivalent inversé, dénaturé, de la messe traditionnelle, renversant l’iconographie classique, la croix chrétienne par exemple, en signe de rébellion face à l’autorité divine. Ces rites se concluaient autrefois par des sacrifices humains, mais heureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

De nos jours, ces célébrations macabres sont plus généralement suivies par des orgies. Selon notre interlocuteur, ces satanistes n’hésiteraient pas à profaner les sépultures pour pouvoir s’adonner à ces « bacchanales ».

Étrange, oh combien étrange…

Il apparaît que la famille Kellermann n’est pas unique en son genre à être enveloppée d’insolites superstitions au cœur du cimetière du Père Lachaise. Notre interlocuteur nous a pointé le « Chemin du Dragon », une section dans laquelle repose le prince de Valachie, George III Bibesco. Lui-même était issue d’une lignée roumaine reliée à une effroyable légende : celle propre à Dracula, le sombre personnage fictionnel donné naissance par Bram Stocker. L’auteur s’est basé sur le légendaire prince de Valachie, Vlad III l’Empaleur, qu’on surnommait également « fils du dragon » ou « fils du diable » – traduisons dracul par diable – connu pour s’abreuver du sang de ses adversaires vaincus. Dans l’œuvre de Stocker, une aura démoniaque enveloppe Dracula, l’accueillant ainsi dans le cercle select des créatures maléfiques…

Cette connivence entre la famille Bibesco et Dracula rend leur tombe hautement prisée par les aficionados du vampirisme.

Nul ne peut manquer les récits paranormaux qui hantent le Père Lachaise. En 2009, une supposée photographie du spectre de Jim Morrison a été au cœur de nombreuses spéculations : le cimetière serait habité par l’ombre de cette légende du rock. Mais l’enquête n’a pas permis de trancher : s’agit-il d’un photomontage rusé ou d’une authentique apparition ? Le fantôme de ce dernier ne serait pas seul, il serait rejoint par celui d’une Dame Blanche dont la statuette est visible aux environs de la 54ème division.

Au-delà des entités spectrales, des légendes racontent l’existence d’entrées cachées menant aux mystérieuses Catacombes de Paris, dissimulées quelque part dans l’enceinte du cimetière du Père Lachaise…

La plupart d’entre nous peuvent prendre ces récits avec un grain de sel. Cependant, certaines histoires sont indéniables : l’endroit est trop souvent soumis à des vols, dégradations et sacrilèges sur les monuments publics, perturbant le calme du lieu et engendrant des dommages matériels considérables, une insulte à la mémoire de ceux qui y reposent.

Le non-respect est indubitablement imprudent ! Lors de notre déambulation au cimetière du Père Lachaise, nous n’avons pu échapper à cette inquiétante sensation d’être observés…

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