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REPORTAGE : GabMorrison : Du Loiret à la Scampia

Rencontre avec l’interviewer issu du Loiret, auteur de nombreuses vidéos dans lesquelles il rencontre des rappeurs variés en visitant leur quartiers.

Imaginez un instant : prenez le TER en partance de Paris pour rejoindre Nogent-sur-Vernisson. Vous traversez le pays, du soleil parisien à une bruine dans le Loiret. Un retard du train de – oui, vous l’avez deviné – 15 minutes creuse un sentiment d’impatience. Et là, sur le parvis de la gare, vous voyez GabMorrison et son complice Amsal stationnés dans une Passat grise. Pendant que vous conduisez, Gab parcourt le site du journal On’. C’est la première fois qu’un média met le pied à Nogent-sur-Vernisson pour lui consacrer un reportage.

On se planque devant un édifice crème à trois étages, surnommé en toute simplicité, “Le 9”. C’est l’hiver; fine pluie et rues vides complètent ce tableau atmosphérique. Une porte délabrée invite à découvrir un hall modeste et un escalier garni des acolytes de Gab, tous vêtus de jean, de survêt’ et de baskets, prêts à entrer en scène. Gab résume assez bien : “On est comme les jeunes de Paname, on est habillé pareil, on a les mêmes occupations” .

Depuis 2014, GabMorrison fait au fur et à mesure des vagues sur YouTube. Ses débuts se font par téléphone, puis évoluent dès lors: “Je prends juste ma caméra, je fais ça solo”, dit-il. Son style de vidéo est bien à lui, une plongée immersive dans le quotidien du rappeur. Caméra à l’épaule, pas de trame musicale pendant les discussions. “Les interviews où ça bouge pas, c’est pas trop mon délire “, souligne-t-il avec malice. Les chiffres parlent d’eux-mêmes – plus de 27 000 abonnés et 3.5 millions de vues.

Alors, c’est tout? Pas du tout! Gab a une grande ambition. “Dès que j’ai eu l’opportunité de partir dans d’autres pays, je l’ai fait”, révèle-t-il en évoquant ses tournages en Espagne, au Sénégal et en Italie. Son moment de fierté majeur? C’est à Scampia, banlieue de Naples. “Scampia là bas, c’était un truc, j’ai jamais vu ça auparavant. Je sors du métro et je vois l’armée qui attend “, raconte-t-il. Prochaines destinations en vue : Maroc, Grèce, Portugal, pour encore plus de vérité et d’immersion.

Mais au milieu de tout cela, à Nogent-sur-Vernisson, les locaux laissent à désirer. « Ils ont pris 7 ans à faire un city-stade. Ils l’ont mis dans un endroit grave reculé pour pas qu’on traîne dans les rues », se lamente Gab. Les amis semblent partagés entre frustration et résilience, cherchant parfois des moyens d’animation par eux-mêmes. Pour pallier à cela, ils se retrouvent chez leur pote dont la maison sert de studio. “Heureusement qu’il y a des gens qui font bouger un peu la ville”, conclut Gab.

Le liant du groupe :

Au coeur de cette troupe soudée, se trouve un mélange de cultures, de parcours et d’âges. Gab décrit leur réalité en ces termes : “Ici c’est pas comme à Paris. Ici tu traînes avec les gars qui sont devant chez toi. Tu peux trouver des petits de 7 ans comme des mecs de 35 ans avec nous”. C’est tout simplement une grande famille. Des jeunes qui ont grandi ensemble et continuent de tisser leur histoire, au son du rap et au rythme de leurs interviews inédites !

S’accorder sur un son qui fait vibrer tout le monde, ça c’est le bonheur partagé. C’est pareil pour Gab, «le dernier morceau qui a fait frissonner mes tympans, c’était Elams, en pleine session détente avec les copains». Même pour les péripéties YouTube, il compte sur son escouade. « On prépare une chaîne de clip, Ibra, Amsal et moi. Et c’est pas des paroles en l’air, cette semaine on met le pied à l’étrier. Et coïncidence ou pas, les tarifs sont justes comme une partition de Mozart». Tout au long de la journée, la bande sillonne les allées endormies de la ville. Chacun marque une pause, chaque bloc de pierre évoque une histoire vécue.

« Par là-bas, c’est la baraque du pointeur, ce mec à qui on a donné du fil à retordre ». Et puis le crépuscule arrive, le gang se rassemble à l’enseigne de la pizzeria. Jeremy, ce lascar artiste dans l’âme, présente ses dessins à la troupe. « Mon rêve? bosser chez Riot Games, oui oui, les génies derrière League Of Legends ».

Son rêve d’éditer un tome se précise pour cet été. Mais il sait aussi produire pour sa bande de potes et partage ses œuvres sur Snapchat, sous le doux pseudonyme de jerem45120.  Les estomacs se font entendre, le groupe se scinde pour aller se sustenter. Les vaillants s’attablent chez Allo Pizza. Dès le pas de la porte franchi, l’humour fuse avec le patron. Cette petite cantine est leur QG habituel. On commande, on s’installe. Autour de la table, on parle boulot. Le projet de la chaîne, les interviews à n’en plus finir. Gab tente de joindre Junior, ce pote qui manie le micro juste pour le présenter à nous. ” Si j’ai des opportunités, ça lui ouvrira peut-être des portes ». Les délicieuses pizzas disparaissent plus vite que leur ombre. Dans la chaude ambiance de la pizzeria, ça parle du bon vieux temps. Les fous rires, les surprises d’anniversaire. Des expressions locales ressurgissent ça et là, à peine perceptibles : « Quel homme ! ». Rien de plus précieux qu’une bande d’amis soudés, n’est-ce pas ?

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