La 45e édition du festival Jazz in Marciac s’est déroulée du 20 juillet au 6 août. Deux grands noms de la scène musicale ont ouvert le bal au cœur de la capitale gersoise du jazz : MC Solaar et Sofiane Pamart. Mais oui, vous avez vu juste, ce ne sont pas de grands noms du jazz. Le pari de ce festival est d’ouvrir le public à d’autres styles afin de faire découvrir aux aficionados du jazz, un ponte du rap slammé et un pianiste qu’on aurait du mal à cantonner à une seule catégorie. Retour sur cette ouverture.

Du 20 juillet au 5 août 2023, pendant trois semaines, la charmante bourgade de Marciac, dans le Gers, développe ce qu’elle a de plus précieux (non, je n’évoque pas ici le fameux canard) : les rencontres internationales de jazz. En plus des artistes qui se représentent sur scène, le festival propose une édition bis, en plein air. Vous pouvez ainsi découvrir de jeunes talents dans les rues pavées de la belle ville occitane pour des concerts gratuits.
MC Solaar
Ponte du rap slammé, virtuose parolier, MC Solaar, né Claude M’Barali à Dakar au Sénégal a ouvert le bal de la 45e édition de Jazz in Marciac. La casquette vissée sur la tête, son visage est couvert par l’ombre, mystérieux. Je l’ai personnellement découvert par le classique « Caroline ». Il s’est prêté au jeu et a jazzifié quelques-uns de ses titres en incorporant notamment des chœurs, des saxophones, soit le « New Big Band Projet ». Au total c’était une quinzaine de musiciens qui l’accompagnait sur scène.
Il nous a gratifié de ses tubes que l’assemblée fredonnait, tels que « Solaar pleure » et « Les temps changent ». Cet artiste de 54 ans ne se démode en rien et ses collaborations sont nombreuses. On avait furieusement envie d’envoyer valser nos chaises qui contraignaient le mouvement et l’ondulation de nos corps. La qualité de ses textes en prose sont toujours autant appréciables. Lauréat de pas moins de cinq Victoires de la musique, double disque d’or, six disques de platines, cet artiste n’a plus rien à prouver, mais ne se repose néanmoins, pas sur ses lauriers.
Sofiane Pamart
Un parcours atypique pour ce jeune trentenaire, qui a commencé sa carrière par le conservatoire de Lille, et donc une formation par le classique, puis s’est tourné vers le jazz. Aujourd’hui artiste-compositeur, il fonde son originalité par la mixité des inspirations dans lesquelles il puise.
Lors de l’ouverture de Jazz in Marciac, il a enfilé son kimono et un look de rappeur, aspect vestimentaire en toute cohérence avec sa création musicale : hétéroclite. La scénographie était particulièrement travaillée, mettant en scène son disque d’or, son avatar semblerait-il, couronné, et un univers comparable aux jeux vidéo. Sans difficulté nous imaginons la musique de Sofiane Pamart accompagnant des créations animées telles que films et publicités.
Le point d’orgue reste son medley final de tubes de rap tels que Leilo, sur lequel il a apposé son piano, observant alors la salle remplie majoritairement de quinquagénaires aficionados de jazz, avec un regard entre la provocation et la démonstration de ses talents, sans même regarder ses doigts s’agiter sur son clavier. Accompagné sur quelques titres d’un saxophone et plus longuement d’un batteur, nous n’avons pas entendu le son de sa voix, malgré une émotion visible. Cela renforce le profil inqualifiable, presque d’ovni, de cet artiste hors pair.
Après cette ouverture de taille, on a hâte d’entendre les autres artistes au programme de la 45e édition de Jazz in Marciac, comme Goran Bregovic, Norah Jones et sa voix voluptée, Selah Sue, Suzanne Vega, Ben Harper. On retrouvera également Emile Parisien accompagné de Sissoko Segal et de Peirani, et le bossanovien Gilberto Gil.
Malgré cette riche programmation, on tique un peu sur le prix des billets : environ 60€ le concert. Avec deux concerts par soir, la soirée revient à 120€. Le tissu associatif regorge toutefois de jeunes et permet d’ouvrir à d’autres publics ce style de musique qui reste encore, selon moi, trop exclusif, notamment par son prix d’accès.
Jeanne Aulanier
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