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Coz : entre puissance et sensibilité

Quatrième article de cette série, quatrième artiste émergente à découvrir. Cette semaine, On’ a donné rendez-vous à Coz, auteure-compositrice-interprète à la voix de velours dont le premier projet vient de sortir sur les plateformes. On a parlé d’hypersensibilité, d’écriture, d’amour et de beaucoup de choses encore.

© Eva Marieke

On’ : Tout d’abord, peux-tu te présenter brièvement. Qui es-tu Coz ? Et que fais-tu dans la vie ?

Coz : Je suis Coz, artiste indépendante, auteure-compositrice-interprète. Je fais ça tous les jours et j’ai un travail rémunéré à côté.

On’ : Sauf erreur, tu as été initiée jeune à la musique en suivant des cours de comédie musicale avant d’intégrer, à 14 ans, un cours de chant hétérogène et multiculturel. Ça ressemble à quoi un cours de chant hétérogène et multiculturel ? Qu’est-ce que ça t’a appris ?

Coz : La comédie musicale, c’est mon premier amour, j’ai toujours été attirée par le monde du spectacle. Mais j’étais dans une école à Paris qui était une pompe à fric et je n’ai pas trop aimé cette expérience parce que je n’y apprenais rien. J’ai ensuite déménagé en banlieue et ma mère m’a parlé d’un cours de chant dans un studio à Bagneux. Comme j’étais nouvelle dans cette ville, j’y suis un peu allée à reculons, mais j’y suis allée quand même. Finalement, il y avait tous les âges, tous les niveaux, toutes les cultures. C’est un peu le propre de cette ville qui est hyper multiculturelle. J’y suis restée de mes 14 à mes 18 ans. Et ça m’a énormément fait grandir, au niveau de la voix d’abord parce que ma prof de chant, Marie, avec qui j’ai recommencé à travailler année, est incroyable. Elle cerne extrêmement bien tes besoins, elle sait comment te guider, s’adapte à tous les profils et te fait progresser. Ensuite, on devait toujours accompagner tout le monde, on travaillait beaucoup les chœurs, les harmonies. On a fait des chœurs sur « Validée » de Booba. Il y avait des gens qui chantaient faux, d’autres qui chantaient très bien, et on arrivait tous à s’enrichir mutuellement. Je pense que c’est l’endroit où j’ai le plus progressé.


On’ : Tu t’es ensuite très vite produite sur des petites scènes parisiennes. Peux-tu nous parler de ces premières expériences et de ton rapport à la scène ?

Coz : Ma marraine fait de la musique. À 14 ans, quand j’ai commencé mes cours à Bagneux, elle m’a invitée à chanter avec elle sur une petite scène pour la fête de la musique. C’était ma vraie première scène. Évidemment, un stress intense, mais c’est un peu la première fois que j’assumais et que j’ai dit à mes copines, à ma mère de venir me voir chanter. Après, à 16 ans, ma prof de chant, m’a proposé de participer à un concours de chant à Bagneux. J’ai fait les auditions, j’ai été prise en demi-finale, puis en finale, et ça m’a permis de faire trois scènes. Grâce à ça, j’ai rencontré des gens à Bagneux qui m’ont proposé des petits concerts dans la ville ou, de temps en temps, à Paris. C’est vraiment ce mini réseau qui m’a permis de faire mes premières scènes.


On’ : Est-ce que c’est cela qui t’as donné envie de faire de la musique ton métier ? Si non, quand as-tu eu le déclic ?

Coz : En vrai, j’ai toujours voulu faire ça. Quand j’étais petite, je disais toujours que je voulais être une star, j’ai toujours aimé chanter, danser. Je pense qu’il n’y a pas un élément précis qui m’a poussée à en faire mon métier. Les scènes, ça a été une façon de m’affirmer. Ce n’est pas ça qui m’a donné envie d’en faire mon métier, mais c’est mes premières scènes qui m’ont fait comprendre que c’était possible.

On’ : Aujourd’hui, tu es une auteure-compositrice-interprète. Quand as-tu commencé à composer et écrire tes propres chansons en plus d’interpréter celles des autres ?

Coz : On ne va pas commencer à parler des chansons que j’ai écrites à 8 ans (rires). Non, en vrai, à 18 ans. J’ai toujours aimé trouver des mélodies, j’avais plein de notes vocales mais je n’en faisais pas des chansons. Pour l’écriture, c’est pareil. J’écrivais beaucoup, mais ce n’était pas pour faire des chansons, plutôt pour vider ma tête. Le vrai travail de composition est donc né quand j’ai commencé une école de musique, à 18 ans. Je voulais devenir complète et, en m’inscrivant dans cette école, je n’allais pas chercher des cours de chant. Évidemment, j’avais encore énormément de choses à apprendre niveau chant, mais je l’ai surtout faite pour devenir auteure-compositrice-interprète. Et pour ce qui est de l’interprétation et du chant, je le fais depuis toute petite. Mais j’ai vraiment compris ce que voulait dire chanter, interpréter les mots des autres quand j’ai commencé mon cours de chant à 14 ans.


On’ : Peux-tu nous parler de ton processus créatif. Où puises-tu ton inspiration pour écrire et composer ?

Coz : Franchement, je ne suis pas la meuf la plus originale du monde. Je cherche mon inspiration dans mes émotions. Avec l’hypersensibilité, je suis très introspective, par rapport à ce que je ressens ou ce que peuvent ressentir les autres. Ce travail d’introspection m’a donc beaucoup servi dans mon développement en tant qu’artiste. Il me sert encore et occupe une énorme place dans mon processus créatif qui est très lié aux émotions, à ce que je vis et ce que les autres vivent, aux discussions, aux échanges que j’ai. Donc je dirais, ce qui m’entoure, ce que je ressens, ce que j’ai l’impression de ressentir des autres et que j’interprète. Ça reste très autocentré, tout en étant tourné vers les autres, avec une volonté d’être universel même si c’est introspectif.


On’ : Le 12 mai dernier, tu as sorti ton premier EP intitulé Étanche. Peux-tu nous en parler ? Pourquoi ce titre ?

Coz : Mon EP, c’est mon premier projet. Il s’appelle Étanche. C’est le nom d’une chanson que Zélie a commencé à composer et écrire pour moi et que j’ai continué, une vraie collaboration. La première phrase dit : « Encore ce vide étanche en moi. » Ça faisait des mois que je voulais parler de mon hypersensibilité, mais que je n’y arrivais pas. Je trouvais que c’était soit trop bateau, soit pas assez fort, etc. Et cette phrase résume exactement tout ce que j’ai pu ressentir ces trois années de découverte, d’école de musique et de remise en question. C’est quelque chose d’étanche parce que je suis totalement touchée par tout ce qui m’entoure, mais je ne le ressors pas de la façon dont on s’attendrait à ce que je le fasse. J’absorbe beaucoup d’émotions et elles ressortent partiellement, d’une certaine manière et j’en fais ce que je peux en faire et, dans ce cas, c’est ces cinq chansons. Il y a aussi un deuxième sens que j’ai bien aimé après coup, c’est le sens d’étancher sa faim. Je pense que la musique, c’est ça. J’aurai toujours ce besoin d’en faire, de remplir quelque chose en moi. Je trouve que c’est une très belle image. Ce qui me parle le plus dans la vie, ce sont les émotions, les matières – au sens des textures, des odeurs et tout ce qui est lié aux cinq sens – et les images. Et je trouve que ce titre réunit tout ça.

« Dude », c’est mon premier single. Je voulais faire un truc solaire, un peu soul, groovy. Je suis allée voir Victoria Flavian pour qu’elle me fasse une guitare vite fait et que je pose des mots. À ce moment-là, j’étais en train de tomber amoureuse, je voulais parler de séduction. Je pense que c’est ma chanson la plus légère et la plus spontanée. Ce n’est pas celle que je défends le plus, mais c’est celle avec laquelle j’ai réalisé que j’avais un projet concret, avec une identité. Ensuite, il y a eu « Fallin » qui m’est aussi venue hyper spontanément. Je voulais faire quelque chose avec plein de chœurs, de la puissance, je ne voulais pas faire une balade. Et moi, ma queen, ma star, c’est Adele. J’écoutais ces albums à ce moment-là et, naturellement, je suis allée vers ça. C’est les premiers accords que j’ai trouvés toutes seule et j’ai fait la chanson en dix minutes. Elle parle du fait de vouloir tomber amoureuse mais de la peur de ce que ça représente. Après, on a « Jalouse ». Pour celle-ci, j’ai voulu pousser le côté un peu groovy. C’est très dur pour moi de faire ce genre de chanson puisque j’ai plus de facilité à faire des chansons dans l’émotion et mélodiques, mais je voulais quand même le faire. Et je l’aime beaucoup parce que le texte est le plus universel, le plus parlant. « Danse », c’est ma chouchou. Elle m’a pris trois mois parce que je ne voulais pas faire un truc qui ressemblait trop à « Fallin », très mélodique, avec de la puissance. Je voulais valoriser le texte et la mélodie, tout en chantant. Aujourd’hui, je ne sais même plus comment elle s’est développée. Mais c’est une chanson que j’ai faite pour moi, je me suis parlé à moi et ça m’a débloquée. C’est celle qui a été la plus dure à sortir, mais c’est celle qui est la plus juste dans l’émotion. Et enfin on a « Étanche » qui est un cadeau de Zélie qui a une facilité à écrire, à retranscrire des discussions en chansons. Et elle l’a composé en pensant à comment moi je l’aurais fait. Ça m’a donné une liberté de ouf, où je n’avais pas l’impression de faire du Zélie.


On’ : Celles et ceux qui ont écouté ton premier projet auront remarqué des thématiques similaires qui lient les différents morceaux qui le composent. Pourquoi c’est important pour toi de parler du sentiment amoureux et de tout ce que cela implique ?

Coz : Ce qui est drôle, c’est que je ne parle pas que d’amour. Mais je comprends parce que c’est ce qui est évident, c’est ce qui ressort en premier de mes chansons et c’est trop chouette que les gens le comprennent. Mais ce que j’ai voulu montrer, c’est que derrière la jalousie, il y a de l’insécurité, derrière mes angoisses, il y a mon insécurité. Tout ça, c’est mon insécurité à travers ces thèmes. En fait, mon insécurité, ma sensibilité, mon émotivité régissent qui je suis. Et dans ces chansons, je parle à mes angoisses, je me parle à moi-même et aux insécurités universelles qui peuvent être liées à ce sentiment.


On’ : Les plus attentif.ves auront également remarqué que tu t’adresses systématiquement à un « tu ». Est-ce que c’est quelque chose que tu fais inconsciemment ou l’as-tu conscientisé ?

Coz : Je dirais que c’est conscient. Quand je le fais, au bout de deux-trois phrases, je réalise à qui je parle. Pour « Fallin », par exemple, je parle de manière large à la personne que j’aime à ce moment-là. « Jalouse », c’est vraiment en général. Je dis « tu », mais je ne vise personne. Et « Danse », c’est moi, mon angoisse, mon pan mélodramatique.


On’ : Est-ce que Coz est un reflet de la personne que tu es au quotidien ou t’es-tu créé un personnage ?

Coz : Aucun personnage. Coz, c’est mon surnom depuis que je suis née, mon surnom intime, ce n’est pas emprunté ou inventé. À la base, je voulais garder mon vrai prénom, mais je n’ai pas eu le choix de changer et j’ai cherché pendant cinq-six mois un nom d’artiste. Mais ça n’a pas collé parce que je cherchais trop loin et j’ai eu l’impression de devoir m’inventer un personnage, ce qui ne correspondait pas trop avec mon envie d’être authentique, ma façon de faire de la musique. Maintenant, je suis Coz. Alors oui, je m’autorise à être plus sexy, plus drôle, mais en fait c’est clairement moi. C’est moi en mode chanteuse, c’est une façon d’affirmer qui je suis déjà.

On’ : Ton premier clip a accompagné la sortie de ton single « Dude ». C’est un clip qui a une véritable identité visuelle, avec un côté vintage, des tons très chauds, une ambiance. Est-ce que l’esthétique de ta musique est une dimension importante pour toi ?

Coz : J’ai appris pendant ce projet. Ce serait te mentir de dire qu’à la base c’est archi important pour moi et que je sais où je vais. Mais je me suis fait confiance, j’ai cru en ce que j’aimais et ce que je voulais représenter. Le choix du rouge, par exemple, c’est une couleur qui me parle, qui me représente, qui a plein de nuances comme mes émotions, comme ma musique, comme qui je suis, mais qui reste chaud, dans l’amour. Et c’est ce que je voulais dégager. Peu importe les différents sons, les différents mood, il y aura toujours cette atmosphère chaleureuse autour du rouge. Je pense que j’ai trouvé le début de ma création visuelle mais que je veux encore plus l’affirmer et la bosser.

On’ : Comme je le disais, tu viens de sortir ton premier EP. Quelle est la suite ?

Coz : Je viens de sortir le clip de « Fallin » et il y a trois captations en live-session en lien avec l’EP qui arrivent. Et sinon la suite, c’est recomposer. J’ai envie de beaucoup plus réfléchir aux questions que tu me posais, à ce que j’ai aimé ou non sur le projet, ce que je veux mettre en avant ou retravailler. Donc oui, la suite, c’est la réflexion et refaire de la musique à fond. Mon objectif, c’est de ressortir un EP en y mettant la même énergie et la même dynamique que pour Étanche mais version 2.0.

On’ : Dernière question rituelle. Quelle est ton plus grand rêve musical ?

Coz : J’en ai plein. Mon rêve musical, c’est de vivre de ma musique, peu importe l’échelle. Continuer à apprendre aussi. Et, un petit rêve fou, qu’Adele écoute une de mes chansons. Je pourrais te dire « faire un duo avec Adele ». Mais je ne pense pas que ce soit réalisable alors qu’elle écoute un de mes sons et qu’elle kiffe, c’est un petit rêve de bébé.


Merci Coz !

Estelle Cocco

Estelle Cocco

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