Le Retour – On’ vibre à Cannes #4

Au mois de mai, On’ a pu se rendre au festival de Cannes. Après avoir analysé le dernier film de Wes Anderson, Asteroid City, nous revenons aujourd’hui sur Le Retour de Catherine Corsini, un drame français dont l’histoire se déroule dans le village corse d’origine de la cinéaste. Deux ans après La Fracture, Catherine Corsini nous présente ici son 12e long-métrage, sélectionné en compétition officielle. La sortie en salle est prévue pour le 12 juillet.

Drame, France (8/10)

Plus encore que Jeanne du Barry, Le Retour de Catherine Corsini porte ironiquement bien son nom : le film revient sur le devant de la scène après avoir été écarté de la sélection officielle en raison d’accusations de harcèlement de la part des actrices, mineures… Malgré polémiques, drames et engueulades, le nouveau long-métrage de Catherine Corsini était bien en lice pour concourir à la Palme d’Or, vingt-deux ans après Répétition (2001) et deux ans après La Fracture (2021). Je jugerais aisément ce film comme mon préféré de Corsini. On y retrouve à la fois l’exploration des problèmes sociaux subis dans la chair de ceux qui le vivent, à savoir ici Khédija (Aïssatou Diallo Sagna, déjà présente dans La Fracture) qui mène seule l’éducation de ses deux filles en Corse du Nord, mais on retrouve aussi l’exposition d’une vraie situation inextricable qui divise le spectateur. Ce dernier peut à la fois être pris d’empathie pour la mère de famille, malgré sa faute révélée à la fin du film, mais aussi comprendre une famille corse qui souhaiterait davantage voir ses enfants.

Nous assistons à un drame personnel qui illustre les fractures sociales, avec le personnage de Jessica (Suzy Bemba) qui devient une transfuge de classe, grâce à ses brillants résultats qui lui donnent des ailes et des mots crus sur sa famille. « Vous ne me méritez pas. » écrit-elle sèchement dans son journal intime, sur lequel sa sœur Farah (Esther Gohourou) tombe nez à nez, ce qui lui décoche une larme sur sa joue gauche. La rencontre sociale s’illustre aussi par l’amitié entre Jessica et Gaia (Lomane de Dietrich), une camarade de classe qui va l’inviter dans sa luxueuse demeure, avec vue sur la côte. Admise à Sciences Po pour sa première année d’études post-bac, Marc (Denis Podalydès), le père de Gaia, va se prendre d’affection pour Jessica, symbole de la réussite et de l’ascenseur social qu’il promeut. Sa fille Gaia joue néanmoins le rôle de personnage piston en conflit avec son père qui aime se gargariser de ses relations : « Ce ne sont pas des enseignants mais des intervenants ponctuels ». En somme, Catherine Corsini réussit son double pari de film social et de fresque sur un pan de la société corse, ou du moins d’une part de réalité sur ce qu’il se passe par-delà le continent.

Aymeric de Tarlé