Écosse : nouveau gouvernement, couronnement et indépendance

Le 28 mars dernier, l’Écosse a changé de Premier ministre. Suite à la démission de Nicola Sturgeon, c’est Humza Yousaf qui a pris les rênes du parti indépendantiste et de la nation écossaise. Âgé de 38 ans et d’origine pakistanaise, Humza Yousaf revendique sa double identité et se veut le défenseur d’un nouveau projet d’indépendance, dans un Royaume-Uni dont une partie des citoyens remet en question la monarchie et l’unité du pays.

L’Écosse peut-elle espérer obtenir un référendum pour l’indépendance ?

Si le référendum de 2014 visant à séparer l’Écosse du Royaume Uni avait échoué à convaincre les Écossais (plus de 55% d’entre eux ayant souhaité rester britanniques), la situation pose de nouvelles questions, presque dix ans plus tard.

Alors que la cour suprême britannique avait rejeté la demande de Nicola Sturgeon, la prédécesseur de Humza Yousaf, pour un nouveau référendum sur l’autodétermination écossaise, le jeune Premier ministre compte bien être l’homme qui mènera son pays vers l’indépendance. Au téléphone avec le chef du gouvernement britannique, Rishi Sunak, peu après avoir été élu, Humza Yousaf a directement évoqué la question de l’autodétermination de la région. Malgré cela, Londres refuse d’entendre parler d’un référendum. Rishi Sunak s’est en effet exprimé sur le sujet devant la Chambre des Communes. Il explique que le scrutin de 2014 avait été présenté comme un événement ayant lieu une fois par génération. Ainsi, il considère que « le peuple d’Écosse a eu sa chance pour exprimer son avis ».

Bien que le parti indépendantiste du Parlement d’Édimbourg dispose d’une majorité relative à seulement un siège de la majorité absolue, l’enthousiasme du nouveau dirigeant écossais pour l’autodétermination n’est pas partagé par l’intégralité des habitants. En effet, un sondage Redfield & Wilton Strategies de 2023 indique que la démission de l’ancienne Première Ministre a provoqué une baisse de l’opinion favorable à l’indépendance écossaise. Si le « oui » était légèrement au-dessus de 50% en janvier, c’est le « non » qui domine désormais, avec 52% des interrogés répondant qu’ils ne sont pas favorables à une Écosse souveraine.

Cependant, la proportion des jeunes dans les défenseurs du « oui » est assez conséquente, étant donné que 48% des 16-24 ans et 55% des 25-34 ans sont partisans de l’indépendance, un facteur important pour le plus jeune Premier Ministre de l’histoire de l’Écosse. Le projet européen et progressiste du nouveau gouvernement correspond en effet aux aspirations politiques des jeunes, qui ont voté pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union Européenne lors du référendum concernant le Brexit. Humza Yousaf, conscient des divisions existant entre les générations, considère qu’il est « réaliste » d’estimer que l’Écosse sera indépendante dans cinq ans.

La monarchie britannique remise en question… mais pas par tous

Bien que l’Écosse soit sous l’autorité du roi d’Angleterre depuis le début du XVIIème siècle, et qu’elle soit une nation constitutive du Royaume-Uni depuis 1707, l’avenir de la monarchie dans une Écosse autonome est un point essentiel du débat concernant l’autodétermination.

Jusqu’à l’élection de Humza Yousaf, le parti indépendantiste était favorable à conserver le monarque britannique comme chef d’État symbolique, une fois l’Écosse détachée du Royaume-Uni. Toutefois, le nouveau Premier ministre est ouvertement républicain. Il considère ainsi que le sujet devra être débattu une fois sa nation autonome. Il s’agit d’un sujet ardent, opposant les plus jeunes aux plus âgés dans la société écossaise.

Un sondage YouGov/The Times de 2022 démontre en effet que si la population écossaise souhaite rester sous l’autorité informelle du roi britannique, les 16-24 ans et les 25-49 ans estiment que le peuple écossais devrait élire son propre chef d’État. Interrogés quant à leur confiance dans les capacités de Charles III à être roi, les 16-24 ans ont répondu en majorité qu’il ferait un « mauvais travail », contrairement aux tranches plus âgées de la population.

Malgré sa position républicaine, et sa défense constante de l’indépendance de l’Écosse, Humza Yousaf ne parvient pas encore à unir les indécis, les indépendantistes, les unionistes et les loyalistes. En effet, alors qu’il avait promis de se rendre à un rassemblement indépendantiste qui devait avoir lieu le même jour que celui du couronnement de Charles III, le jeune Premier ministre s’est finalement rendu à Londres pour présenter ses hommages au monarque.

Jeunes républicains, lien fort avec la monarchie anglaise, indécis à cheval entre deux visions, le vent de l’autodétermination souffle toujours à Édimbourg… mais dans plusieurs directions.

Tanguy Gil

Source bannière : United Kingdom Flag: If Scotland Referendum Goes Through, What Would Britain, Australia, New Zealand Flags Look Like? (theepochtimes.com)