Depuis 2001, TéléSorbonne organise le Festival National du Court Métrage Etudiant (FNCME). Cette année, la 21ème édition avait lieu du 30 mai au 5 juin. On’ a pu assister à la cérémonie de clôture pour découvrir les grands gagnants de cette édition. Au programme, des courts-métrages poignants qui mettent à l’écran des préoccupations actuelles, et parfois aussi, une touche d’humour pour varier les plaisirs !

Le FNCME est l’occasion de récompenser de jeunes réalisateurs à travers trois catégories : fiction, animation et documentaire. Cette année, une nouveauté a fait son apparition au festival : le prix Alice Guy, qui récompense les réalisatrices. Mais qui est cette femme, et pourquoi est-elle importante ? Alice Guy est une réalisatrice de fiction qui aurait possiblement précédé George Méliès. Ses idées ont bouleversé les genres cinématographiques. Elle est pourtant une oubliée de l’histoire car son nom ne vous dit certainement rien. Accompagnés d’une mélodie jouée à la flûte, trois de ses courts-métrages ont été diffusés lors du festival, pour célébrer cette réalisatrice et son action sur le monde cinématographique.
Tous les courts-métrages sélectionnés sont d’une grande qualité, et montrent un travail très approfondi. Toutefois, certains ont davantage retenu l’attention de notre rédactrice sur place. On vous laisse vous faire
votre propre avis sur la question.
Poupée de Tamara Vittoz.

Pour entrer dans le vif du sujet, parlons du court-métrage Poupée de Tamara Vittoz. La caméra suit les traces de Lola, une jeune enfant sous la garde de sa mère Carmen après le divorce de ses parents. La première scène montre la petite fille face à une assistante scolaire qui lui demande si elle est heureuse de vivre chez sa mère… Nous comprenons alors que son quotidien est marqué par des moments privilégiés avec elle, mais que l’ombre paternelle semble encore peser sur la maison. Un jour, Lola et sa mère font une activité manuelle et cette dernière propose à sa fille de créer une poupée de son père. La mère récupère alors différents objets, dont une mèche des cheveux de son ex-mari. Cette « poupée vaudou » est ensuite transpercée par Lola, à la demande de sa mère. Carmen justifie cette action en disant que c’est une vengeance en vue du mal et de la souffrance qu’elle endure suite au divorce. La petite fille semble alors partagée entre le soutien apporté à sa mère, et son amour pour son père. Plus tard, elle récupère discrètement la poupée et enlève l’aiguille plantée dans le cœur en la remplaçant délicatement par un pansement. Sur le point de partir à l’école, elle dissimule rapidement la poupée sous son lit. Le soir même, sa mère retrouve la poupée et s’empresse de sermonner sa fille, en critiquant son manque d’empathie, et lui demande si elle préfèrerait vivre avec son père : Lola se raidit sur sa chaise et semble perdue dans cette situation.
Le court-métrage met en avant les difficultés d’un divorce et la prise d’indépendance forcée des enfants dont le quotidien devrait être de savoir avec quelle poupée jouer… Ce court-métrage récompensé par le prix du jury professionnel fiction est touchant, et mélange luttes familiales et fiction, à travers les yeux enfantins de Lola.
Ferme les yeux de Manon Berardengo, Chloé Boursier, Audrey Defonte, Léo Depoix, Pierre Guislain, Denis Koessler et Clémentine Laurent

Pour continuer sur cette lancée, passons à l’histoire d’une autre enfant avec le court-métrage Ferme les yeux qui a reçu le prix du Jury Nouveau Regard dans la catégorie animation. Nous suivons la vie d’une petite fille dans un univers de mosaïques, qui s’enferme dans sa chambre pour faire face à ses démons… Des lapins surgissent dès qu’elle ferme les yeux, et dans un monde coloré, ces créatures font contraste par leur couleur grise. Nous comprenons que les lapins semblent contraindre la petite fille et l’oppresser jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus respirer. Enfin, cette animation laisse décrypter une situation d’abus sexuels répétés d’une personne de l’entourage proche de la famille. L’enfant décide alors de parler de la situation à ses parents, mais ceux-ci la rejettent rapidement, l’obligeant à se taire et à fermer les yeux sur les violences subies. Ce court-métrage est réellement touchant, et utilise l’animation pour traiter un sujet difficile.
Ton Œil de Thalie Alvestegui

Voici enfin le troisième court-métrage qui a retenu notre attention : Ton Œil de Thalie Alvestegui, qui a reçu le prix du public dans la catégorie documentaire. Ce court-métrage suit un photographe passionné par l’image qui saisit des instants et des histoires pour les partager au public, au point d’en devenir quasi obsessionnel. Il commence alors à tirer le portrait de son entourage, et souhaite capturer la réalité de ces figures. Il capture notamment des personnes marquées par une transition, car ici, l’image est une question centrale de la communauté transgenre : il s’agit de se la réapproprier pour se sentir soi. En effet, c’est un long parcours, qu’il soit avec ou sans prise d’hormones. Le photographe suit des histoires et voit l’évolution derrière son objectif. Mais il n’est pas uniquement question des portraits, en réalité il est question d’aller au-delà d’un visage, et de percevoir le long chemin jusqu’à l’acceptation de soi. Ses expositions sont remplies de tendresse et partagent des moments d’intimité. L’artiste organise justement son travail pour pouvoir être compris par le public. Nous constatons que son art cherche à transmettre des émotions, en dépassant le simple « cadre ».
Ce court-métrage nous permet donc de suivre le parcours du photographe jusqu’à son exposition. C’est en cela que je le trouve particulièrement intéressant, au-delà des questions de genre dont il fait mention. On y parle de l’image que l’on reflète, et comment chacun la perçoit au-delà de la réalité perceptible par autrui. En résumé, c’était un très beau moment qui méritait le détour !
Chaque court-métrage témoigne d’un réel travail technique et il faut espérer que les différent.e.s réalisateur.rice.s continueront sur ce chemin et nous proposeront d’autres œuvres aussi magnifiques ! Merci à Télésorbonne pour l’organisation de cet événement. On’ espère que vous serez là l’année prochaine pour découvrir encore plus de courts-métrages !
Et si vous êtes déçus de ne pas avoir pu y assister à cette édition du FNCME, sachez que vous pouvez retrouver l’entièreté des courts-métrages diffusés sur le site du festival !
Clarisse Oudit-Dalençon
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