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Asteroid City – On’ vibre à Cannes #3

Nous pourrions le considérer comme un alien à ce festival, tant Wes Anderson dénote par son style si atypique et identifiable. Troisième fois en compétition au festival de Cannes après Moonrise Kingdom qui a ouvert la 65ème édition en 2012, puis avec The French Dispatch en 2021, son dernier film n’a pourtant pas fait l’unanimité parmi les premiers spectateurs… Deux rédacteurs de la rubrique, aux analyses divergentes, reviennent sur sa dernière création aussi drôle qu’émouvante, et à l’esthétique parfaitement soignée.

Source : lepolyester.com

Asteroid City est une comédie de science-fiction d’une durée de 1h45min et dont la date de sortie est prévue pour le 21 juin de cette année. Réalisé et produit par le texan Wes Anderson avec le soutien habituel de Roman Coppola, l’Américain convie de nouveau sa famille d’acteurs. Parmi ces derniers, nous retrouvons Jason Schwartzman, Tilda Swinton, Willem Dafoe, Adrien Brody, Edward Norton et Jeff Goldblum, aux côtés de quelques nouveaux visages dont Scarlett Johansson, Tom Hanks, Bryan Cranston, Maya Hawke, Jeffrey Wright, Rupert Friend, Steve Carell ou encore Margot Robbie.


L’avis de Cynthia : 9/10

Avant d’analyser son dernier film, revenons un peu sur la carrière de M. Anderson. Bien qu’ayant investi le grand écran depuis 1996, son succès croissant ne semble toujours pas faire de lui un réalisateur « mainstream » auprès du grand public. C’est toutefois Moonrise Kingdom (2012) qui fût son premier grand coup de maître avec l’ancrage de son style si reconnaissable, et qui a généré plus de 45 millions de dollars de recettes. Puis, le triple pour The Grand Budapest Hotel (2014), qui demeure le film ayant fait le plus d’entrées au box-office en France à ce jour avec 1 472 246 d’entrées, contre « seulement » 454 225 pour The French Dispatch (2021). Et si vous ne le connaissez toujours pas mais que vous naviguez fréquemment sur les réseaux sociaux, vous n’avez pas pu passer à côté de la trend lui rendant hommage, qui consistait à reprendre les codes esthétiques de ses films (bâtiments ou objets symétriques, palette de couleurs chatoyantes, zooms, police d’écriture spécifique…) pour en faire des vidéos plus sophistiquées !

1955 : dans la ville d’Asteroid City qu’il a monté de toutes pièces, Wes Anderson s’amuse à exploiter les travelling de caméra pour suivre le cours de la narration, en jouant également avec des split screens pour un rendu toujours plus extravagant et dynamique. Chaque plan est ainsi chorégraphié au millimètre près. Mais sous cette apparente perfection se cachent des personnages perdus ou usés par la vie.

Dans ce onzième long métrage, le réalisateur sonde les profondeurs de l’être humain avec la mélancolie de personnages parfois incompris, dans une comédie dramatique « bitter-sweet » alliant gags légers et scènes touchantes. (Le cinéaste tourne tout de même en dérision un psychologue qui tente de faire passer un test de Rorschach, sans réel succès…). On y découvre ainsi une famille endeuillée, une actrice
déprimée, un vieillard solitaire et une équipe d’apprentis scientifiques a priori HPI, dont l’un des garçons effectue compulsivement des paris pour se sentir exister (cela nous rappellerait presque l’obsession pour la symétrie de son réalisateur, non ?). Cette recherche existentielle d’un sens à la vie se joue également de manière poétique et romantique entre un garçon et une fille : quoi de plus onirique que de regarder les étoiles pour remettre en question l’univers ? Toute ces réflexions philosophiques sont magnifiquement accompagnées par la musique réconfortante et mystérieuse d’Alexandre Desplat, qui vient ponctuer quelques instants magiques, au milieu de musiques au style western ou skiffle des années 50 avec Chas
McDevitt. Et ces personnages atypiques amusent également par leur vocabulaire soutenu ou plutôt désuet : il est donc possible de les entendre lancer des « gadzooks !» (saperlipopette) ou parler de « hubbub » (brouhaha). Notons par ailleurs la présence de la première scène gay entre deux hommes dans sa filmographie, un petit clin d’œil qui n’est pas passé inaperçu. Wes cherche aussi à pousser l’absurdité toujours plus loin, comme dans la mise en scène – lorsque Bryan Cranston brise le quatrième mur par exemple – mais aussi dans les scènes de science-fiction. Robert Yeoman dirige toujours la photographie pour créer des tableaux en 35mm aux couleurs vives et rétro, tout en s’inspirant du cinéma plus classique de Cocteau.

Malgré ces commentaires positifs, le scénario reste prévisible et on ne note pas d’immense prise de risque. La superposition des niveaux de narration crée aussi parfois de la confusion dans le visionnage. On’ a désormais hâte de découvrir son adaptation d’un roman de Roal Dahl intitulé The Wonderful Story of Henry Sugar avec Benedict Cumberbatch, qui devrait sortir cet automne sur Netflix !

L’avis d’Aymeric : 2/10

Sans aucun doute ma plus grosse déception du Festival de Cannes – pas mon pire film, mais de loin ma pire déception. Si l’étonnant French Dispatch m’avait laissé sur des signaux positifs vis-à-vis du réalisateur américain Wes Andersen, Asteroid City semble avoir fait consensus en matière de déception. Sur un ton plus déjanté que jamais et un humour excessif, dont je confesse ne pas être sensible, les péripéties semblent s’enchaîner sans réel lien : d’abord l’arrivée des cinq étudiants dans la ville, la présentation de leurs découvertes, les champignons qui poussent par-delà la colline, la mise en abîme du scientifique… Autant d’événements qui verront se succéder un casting XXL qui amèneront leur créativité, leur goûts et parfois même leur humour, dans cet objet insaisissable qu’est Asteroid City. Tout cela dans des tons bleus et dorés, dans tout le charme désuet et cet ode à la liberté de ces années fifties, teinté du rôle des médias dans le rôle de la journaliste blonde et cool incarné par Margot Robbie. Il faudrait le revoir, ou attendre les explications de Wes Anderson pour en savoir davantage sur ce film.


Résumé de la conférence de presse

Crédit photo : Cynthia Zantout

A l’occasion du festival de Cannes, On’ a pu assister à une conférence de presse donnée par Wes Anderson et son équipe. Alors non, si vous vous posiez la question, aucun journaliste n’a évoqué la trend durant la conférence… mais l’équipe du film s’est pourtant prêtée à l’exercice !

Durant cette conférence, tous les acteurs ont exprimé leur fascination pour l’univers du réalisateur, et leur confiance pour s’y être laissé laisser porter, car Wes Anderson est un réalisateur qui contrôle absolument tout et qui ne laisse rien au hasard. Maya Hawke a assuré pourtant qu’il n’y avait aucune pression à travailler avec lui, car tout glissait et à cela, Jeffrey Wright nous avouait qu’ils mangeaient aussi très bien sur le tournage ! Bryan Cranston, lui, utilisait la métaphore d’un grand orchestre où les acteurs sont comme des instruments qui jouent leur partition individuellement (parfois même aveuglément), mais pour que cela prenne finalement un sens dans l’ensemble, grâce à l’harmonisation de Wes.

Ce dernier tenait tout de même à souligner que ce sont bien les acteurs qui permettent de donner corps à son histoire, et que son rôle est seulement de coordonner en leur laissant une liberté dans l’interprétation des émotions par exemple. Selon lui, les acteurs sont même des gens différents qui tissent des liens mystérieux entre eux, ce qui le fascine et le rend admiratif. Rupert Friend a affirmé qu’il était content d’avoir chanté dans son film, bien qu’il ne s’en pensait pas être capable au début sans le soutien de Wes. Jason Schwartzman a aussi exprimé sa gratitude envers son mentor (précisons que Wes a 54 ans), avec qui il a débuté sa carrière d’acteur dans Rushmore quand il n’avait que 17 ans, et qui a ensuite joué dans six des neuf autres films qui sont sortis par la suite. Il a confié que c’était un réalisateur qui lui laisse l’occasion de s’exprimer et Wes a pu lui retourner le compliment en exprimant la fierté qu’il éprouvait pour ce qu’il est devenu depuis.

Ensuite, à la question « Existe-t-il des extraterrestres ? », Wes a évoqué l’argument de Stephen Hawking comme quoi il est improbable qu’il n’y ait pas une forme de vie extraterrestre, même s’il n’en est pas convaincu à titre personnel ! Et suite à une question sur la disparition des slow motions dans ces films, le réalisateur songe désormais à les réhabiliter dans ses prochains films. Enfin, une journaliste a demandé à Scarlett Johansson si le cinéma faisait plutôt partie de la vie réelle ou du rêve, ce à quoi elle a répondu que jouer dans un film était comme une extension de son inconscient. Suite à cette intervention, Wes a abordé le sujet des rêves et de ceux lucides, de la manière de s’en souvenir et d’y trouver des idées novatrices… On comprend désormais mieux d’où lui vient son univers si fantastique !

Cynthia Zantout et Aymeric de Tarlé

La rédaction

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