Les 12 et 13 février 2023, les Italiens des régions Lombardie et Latium se sont rendus aux urnes afin d’élire leur président de région. La coalition de droite affiliée à la présidente du conseil, Giorgia Meloni, a remporté les deux régions, avec 53,9% des voix dans le Latium et 54,7% en Lombardie. Qu’en pensent les jeunes ? Trois étudiantes italiennes témoignent.
« Une grande déception »
Dans le Latium, alors que les élections régionales de 2018 avaient attiré 66,5% des électeurs, seulement 37,20% se sont déplacés la semaine dernière. En Lombardie, on compte 41,68% de votants, contre 73,11% en 2018. Les deux régions enregistrent le taux de participation le plus bas de leur histoire.
Selon Gaia, étudiante à l’université Roma III, la campagne de ces élections s’est faite discrètement, même dans les universités. Elle explique en effet : « il n’y a quasiment pas eu de communication, donc ce n’était pas très facile de s’informer […], il semblait vraiment que c’était au citoyen de poursuivre les candidats pour connaître leur programme, et non le contraire ». Si elle n’a pas voté, dit-elle, c’est parce qu’elle s’est sentie « un peu découragée » de la victoire de la droite aux élections nationales. « Je sais que la façon d’y
répondre est de voter, mais ça m’a vraiment donné un coup au moral ».
Ce sentiment d’impuissance face au parti au pouvoir est également exprimé par Letizia, originaire de Bergame, en Lombardie, et déplorant la réélection du président de région Attilio Fontana malgré les nombreuses critiques à son égard concernant sa gestion de la crise sanitaire entre 2020 et 2021 : « Certains de mes amis se sont mobilisés pour rappeler aux gens ce qui s’était passé il y a deux ans. Ce faisant, nous étions conscients de […] l’absence d’une alternative qui pouvait attirer massivement les votes de la population. Après les élections, nous avons pansé nos blessures. C’est une grande déception ».
Sur les vingt régions qui composent l’Italie, la coalition de droite Centrodestra en dirige seize avec sa récente victoire, donnant une maîtrise territoriale incontestée à la présidente du Conseil, dont le groupe est majoritaire à la Chambre des Députés et au Sénat.
« L’université a disparu du discours politique »
En Lombardie, le candidat battu de la coalition centre-gauche, Pierfrancesco Majorino est celui qui a recueilli le plus de votes des moins de 35 ans. Face à ces résultats, Giulia, étudiante à Milan, explique que les mesures du gouvernement de droite ont « peu à voir » avec les intérêts des jeunes. Cependant, elle ajoute que l’opposition a fait un travail « tout à fait médiocre » parce qu’elle n’a pas réussi à mobiliser les habitants de la région contre son président réélu malgré les scandales dont il a été l’objet. Letizia, quant à elle, affirme qu’elle ne voit pas l’Italie comme un pays « qui croit en nous, les jeunes ». L’absence de considération des figures politiques vis-à-vis des étudiants et de la jeunesse est un thème récurrent dans les critiques du gouvernement Meloni et de son parti. En novembre 2022, les étudiants italiens avaient en effet organisé le « No Meloni Day », appelant à réformer le système d’instruction, selon eux délétère et ignoré par la présidente du Conseil.
Au lendemain des élections régionales, Gaia constate que « l’université a disparu du discours politique » et que les seuls groupes représentant les jeunes sont bien trop souvent les micro-partis pesant très peu dans les décisions politiques. Pour cette raison, elle dit ne pas avoir été « surprise que la droite ait gagné ». Désormais, elle exprime son inquiétude concernant l’avenir des programmes mis en place par le Parti Démocratique pour promouvoir l’accès des jeunes à la culture. D’autant plus qu’en décembre 2022 Giorgia Meloni a décidé de modifier un chèque culturel gouvernemental autrefois destiné à tous les lycéens de 18 ans.
Désormais, il faudra répondre à certains critères sociaux ou obtenir la note de 100/100 à l’esame di maturità, l’équivalent du baccalauréat, pour bénéficier de cette aide. À Rome comme à Milan ou ailleurs, les étudiants italiens cherchent encore à être représentés, sans grand succès.
Tanguy Gil
Source bannière : Sanremo News
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