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DI ALMA : du rap d’aujourd’hui avec un goût d’hier

Pour la rentrée, On’ a décidé de partir à la rencontre d’artistes émergents. Pour le premier article de cette nouvelle série, DI ALMA a accepté de nous recevoir chez eux pour une discussion en toute intimité. Portrait d’un duo de rappeurs sincères et passionnés.

© Bastien Droux (Instagram : @dres2x_photography)

Originaires de Suisse, Morgan et Lucas, alias DI ALMA, s’installent à Paris en 2019 pour intégrer les Cours Florent Musique. Après trois années de questionnements sur leur identité musicale, les deux auteurs-compositeurs-interprètes, influencés par des artistes tels que Dave ou J. Cole, proposent aujourd’hui un rap old school sincère et sensible qu’ils mêlent à des mélodies autotunées et à des rythmiques trap aux arrangements acoustiques. Née d’un verre entre potes, leur musique, inspirée de leur vécu et de l’amitié qui les lie, s’exporte aujourd’hui sur une scène qu’ils occupent comme des frères.

On’ : DI ALMA, vous êtes un duo de rappeurs, arrivés il y a quelques années à Paris. Après avoir suivi durant trois ans les Cours Florent Musique, vous venez de sortir votre premier single intitulé « Donnez-moi » et son clip. Votre premier projet est en cours de préparation. Pour commencer, expliquez-nous la genèse de votre duo. Comment est né DI ALMA ?

Lucas : Avant même que DI ALMA soit né, on a commencé à faire de la musique ensemble. On faisait tous les deux une école différente en Suisse, et, dans le cadre de mon école, je devais réaliser un projet de fin d’étude. Je n’avais pas envie de rendre un dossier écrit d’une cinquantaine de pages, et comme je prenais à l’époque des cours de guitare et que je faisais déjà un peu de musique, je me suis lancé dans un mini album. Un jour, j’en ai parlé à Morgan, et il m’a dit que son père était musicien, qu’il avait du matériel pour enregistrer et qu’il pouvait m’aider. Et ensuite, on a simplement continué à faire de la musique ensemble, sans même se poser la question.

Morgan : Et avant ça, ce qui nous a vraiment rapprochés, c’est lorsqu’on s’est rendu compte qu’on était tous les deux fan de rap et surtout fan d’Eminem, et qu’on écrivait déjà tous les deux un peu de notre côté. C’est cette passion commune qui nous a poussé à continuer après ce premier projet, disons, un peu bancal.

On’ : Vous êtes donc tous les deux nés en Suisse, vous y avez fait vos études et habité jusqu’en 2019 lorsque vous avez décidé de partir vivre à l’étranger. Pourquoi êtes-vous venus à Paris ?

Morgan : On a eu une année sabbatique en même temps où on bossait chacun de notre côté en se posant des questions sur ce qu’on allait faire de notre vie. Je savais que je voulais partir à l’étranger, et j’ai découvert l’existence des Cours Florent Musique à Paris. C’est le genre de formation qui n’existe pas du tout en Suisse, où les écoles de musique sont plutôt axées jazz ou classique, ce qui ne nous correspondait pas. J’en ai donc parlé à Lucas puisqu’on avait eu un déclic peu de temps avant où on s’était demandé pourquoi on n’irait pas plus loin dans notre projet de musique, ce qui était fou à l’époque.

On’ : Vous avez-donc, très tôt, eu l’envie de centrer votre vie autour de la musique ?

Lucas : Oui, dans mon souvenir, c’est venu très tôt. On était tous les deux fans de rappeurs comme Scylla et Furax qui, à l’époque, étaient vraiment underground. On s’était demandé si des rappeurs comme eux vivaient de la musique, et on s’était simplement demandé pourquoi on n’essaierait pas nous aussi. Et donc, Morgan avait envie de partir. Moi, beaucoup moins, mais j’étais dans une période où je ne savais pas ce que j’allais faire ensuite. J’avais commencé des études qui ne m’avaient pas plu. La seule option que j’avais envie d’essayer de concrétiser, c’était la musique. Quand Morgan m’a dit qu’il avait été accepté dans son école, j’ai décidé de le suivre.

On’ : Aujourd’hui, vous êtes arrivés au terme de votre formation. L’objectif pour vous est de vous lancer à 100 % dans la musique. On peut dire que vous avez de grandes ambitions ?

Lucas : Dès le moment où on s’est installés à Paris, on a été dans une optique 100 % musique. Aujourd’hui, j’ai plusieurs stades d’ambition. D’un point de vue pratique, j’aimerais d’abord gagner ma vie en faisant de la musique. Après, bien-sûr, j’ai envie qu’on nique le game quoi (rires). Et pour te donner une réponse un peu plus philosophique, je pense que notre objectif principal est de toucher les gens avec notre musique.


On’ : Parlons donc de votre musique. Qu’avez-vous envie de transmettre à travers vos textes et qu’est-ce qui vous pousse à faire de la musique ?

Morgan : On a réfléchi assez tard à ce qu’on voulait transmettre avec nos morceaux. Ça fait seulement un an qu’il y a une réflexion derrière notre musique. Avant, on se contentait de faire des morceaux pour le kiffe. aujourd’hui, ce qu’on aime, c’est faire des morceaux plus profonds avec de vraies thématiques qui nous touchent. Le plus important pour nous, c’est d’être sincères. On parle donc de choses qu’on a vécues. Un axe principal de notre musique est l’amitié, notre relation, celles qu’on entretient avec tous nos potes, les choses géniales et beaucoup plus dures qu’on a partagé.

Lucas : Oui, je dirais notre vécu et le vécu de nos proches. Ce qu’on vit, ce qu’on voit et ce qu’on entend. Et pour la deuxième partie de ta question, je dirais que c’est la passion qui nous pousse à faire de la musique. La passion et l’ambition dont on parlait plus tôt. Aujourd’hui, on se doit de faire de la musique.


On’ : Vous avez mentionné, en début d’interview, des rappeurs qui vous ont d’abord rapprochés puis influencés. Aujourd’hui, comment est-ce que vous situeriez votre musique par rapport à ce qui se fait actuellement ?

Lucas : C’est une question à laquelle j’ai toujours du mal à répondre. Je dis toujours qu’on est dans la même couleur que ce qui se fait aujourd’hui. On a fait des morceaux trap, comme notre morceau qui vient de sortir, mais je dis aussi qu’on nous a souvent qualifiés de rappeurs old school. Et c’est vrai qu’on a des influences old school. Je dirais donc qu’on fait du rap d’aujourd’hui avec un goût d’hier.

On’ : Plus concrètement, vous avez sorti il y a quelques jours votre premier single. Mais avant ça, vous avez été très actifs sur votre compte Instagram. Vous donniez rendez-vous tous les dimanches à vos abonnés pour un freestyle. Parlez-nous un peu de ces freestyles du dimanche.

Lucas : C’est donc une suite de freestyles qu’on a appelée hora, heure en espagnol. Ça faisait deux-trois ans que notre compte Instagram était très inactif. Notre objectif était donc de créer du contenu et surtout de réunir une communauté. Pour nous, le meilleur moyen était de passer par la musique avec le freestyle qui est un format qui nous a permis d’être assez réguliers car on n’avait pas besoin de composer. On posait sur des prods de morceaux qui nous ont marqués dans notre jeunesse et encore aujourd’hui, comme Mockingbird d’Eminem, La Boulette de Diams ou What’s Poppin de Jack Harlow, et on espère ne pas avoir massacré les prods. On a donc vraiment réfléchi à ça comme étant un outil promotionnel pour notre première sortie. En fait, chaque freestyle était associé à une heure de la journée, et en additionnant toutes les heures, on arrive à 23922, soit 23/9/22 qui était la date de sortie de notre premier single « Donnez-moi ».

Morgan : Les freestyles étaient aussi un très bon exercice. Ça nous donnait la contrainte de devoir écrire vite, étant donné qu’on en sortait un par semaine. Parfois, on a demandé à nos abonnés de nous imposer des mots à placer dans le texte. Et comme on filmait nos freestyles, on a aussi pu développer un univers visuel.


On’ : Votre premier single vient de sortir. Parlez-nous de ce morceau : Donnez-moi.

Lucas : Dans le morceau, on dit « Donnez-moi ma putain de monnaie », c’est le refrain. On parlait d’ambition plutôt, et pour moi c’est vraiment un morceau qui parle de notre ambition commune qui est de niquer le game, comme je le disais avant. Je trouve ça bien qu’on arrive avec ce titre en posant directement nos ambitions sur la table. On est très détentes, très cool, mais on n’est pas là pour faire les clowns.

Morgan : Morceau qu’on a d’ailleurs produit avec un ami commun qui s’appelle Adrian, Candela pour son nom d’artiste.

On’ : Votre premier single est accompagné d’un clip. Racontez-nous les coulisses de ce premier tournage.

Morgan : Il faut savoir qu’on a pris énormément de temps avant de le tourner. C’était une aventure, un grand apprentissage, puisque c’est la première fois qu’on écrivait un clip. C’est évidemment pas nous qui l’avons filmé, mais c’est nous qui avons imaginé chaque plan. On avait donc une grosse pression.

Lucas : On voulait énormément de figurants, ce qui n’est pas l’idéal pour un premier clip. Au final, on devait en avoir une trentaine. Tous étaient nos potes très proches. On a tourné ce clip il y a plus d’un an. Depuis, on l’a vu et revu, et à chaque fois ça nous fait hyper plaisir de voir des visages familiers parmi les figurants. C’est une très belle symbolique, étant donné que l’amitié est un thème très important dans nos morceaux. À la fin, on est hyper contents du résultat. On avait peur parce qu’on a fait tout faux, on a dû tout recommencer pour avoir, au final, un résultat plus ou moins bien.

Pour découvrir le clip de Donnez-moi, c’est ici

On’ : Si je ne me trompe pas, ce morceau s’inscrit dans un projet plus large que je pourrais qualifier d’ambitieux. Pouvez-vous nous parler de la suite ?

Morgan : On peut dire que ce morceau est les prémisses d’un projet plus ambitieux sur lequel on travaille depuis bien longtemps maintenant. C’est un gros projet qu’on a divisé en plusieurs parties pour donner une thématique à chacune d’entre elles. On a essayé de faire quelque chose de conceptuel.

Lucas : Oui, c’est comme pour les freestyles. On aime que nos projets soient réfléchis. On en a marre des albums qui ne veulent rien dire et où les morceaux ne vont pas ensemble, d’où la réflexion en termes de concept.

On’ : Mise à part la finalisation de ce projet, avez-vous une actualité plus chaude à nous partager ? Des dates de prévues ?

Morgan : On s’est fixé comme objectif pour ces prochains mois, jusqu’à la sortie d’un projet plus sérieux, de faire le maximum de scènes à Paris. Idéalement, on aimerait réussir à faire une date par semaine. C’est très ambitieux, on verra si on arrive à tenir le rythme, mais le but est vraiment de faire de la scène pour travailler nos prestations et pour nous donner le plus de visibilité possible pour accompagner la sortie de notre projet.

Lucas : Pour la première partie de l’année, on s’est consacrés aux freestyles, on a essayé de se faire connaître par les réseaux. Deuxième partie de l’année, on va se faire connaître par la scène.


On’ : Et pour terminer, quels sont vos plus grands rêves musicaux ?

Lucas : Être un jour disque d’or, prendre ce putain de disque d’or pour l’accrocher dans la buvette de mon club de foot. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est un rêve. J’ai déjà demandé aux mecs de mon équipe s’il y avait moyen de faire de la place pour ça (rires). Et au-delà de ça, faire du bien aux gens qui écoutent et à nous-même.

Morgan : Très égoïstement, juste pouvoir faire de la musique toute la journée sans ressentir la culpabilité de ne rien faire d’autre que de prendre du plaisir. Et ne plus devoir faire de la promo, gérer nos réseaux sociaux, etc. Juste kiffer en se consacrant à la musique, en faisant de la scène devant un public qui t’attend et qui aime ta musique. Je trouve ça hyper gratifiant et hyper beau. On est arrivé il y a trois ans à Paris, et les gens qu’on a envie de rendre fiers, c’est nos potes, nos familles, nos proches de Suisse. Ça fait trois ans qu’ils nous voient en coup de vent sans voir ce qu’on fait vraiment. J’aimerais donc bien pouvoir leur montrer qu’on n’est pas partis pour rien.

Estelle Cocco

Estelle Cocco

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