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On’ s’évade à Cannes #7 : Les Crimes du futur [critique]

Certains criaient au scandale avant la projection du film, hurlant à l’eugénisme et au gore. Les autres – les mêmes – sont sortis du Grand Théâtre Lumière quelques minutes après le début de la projection. Pourtant, à la croisée de La Mouche et de Crash, le dernier film de Cronenberg se montre davantage réflexif, que choc.

Source : Première

L’invraisemblable vraisemblance

Drapé de noir et alité, le performeur Saul Tenser (Viggo Mortensen) semble en proie à une émotion singulière lorsque sa complice Caprice (Léa Seydoux) manipule ses organes à travers un boitier indescriptible. Le performeur passe l’essentiel de son temps à développer de nouveaux organes au sein d’une humanité du futur qui s’adapte à un nouvel environnement dit « de synthèse ». La puissance du réalisateur canadien vient sans doute de sa capacité à exacerber la forme sans négliger le fond, comme en témoigne les quelques séquences de chirurgie, scandées par le sang et le derme d’une peau tranchée au scalpel. Des mises en valeur certes, mais toujours en-dessous du fil narratif. En conséquence, c’est l’interrogation du désir d’une part et l’appropriation techno-biologique d’une autre dont l’auteur va s’intéresser dans Les Crimes du Futur. Les spectateurs mal avisés peuvent sortir de la salle, mais ils perdent néanmoins deux thèmes chers aux générations futures et qui, dans le cadre d’un film de science-fiction d’une invraisemblable vraisemblance… se doivent pourtant d’être débattus !

La traque du futur

Qui dit « crimes du futur » dit aussi traque du futur. En chef de la brigade futuriste : le personnage de Timlin (interprétée par l’insaisissable Kristen Stewart), est chargé d’enquêter sur ces nouvelles expériences. Cronenberg parvient à une direction d’acteur juste et provocatrice, jouant les hors champ et les silences dans ce qui apparaît au mieux comme un dialogue de sourd, et au pire comme une guerre froide entre deux dépositaires d’une vision du monde radicalement différente. Le metteur en scène fait rejouer le match entre les défenseurs d’une humanité augmentée par le pouvoir de la science, face à une humanité se limitant à sa finitude : en réparant sans augmenter. A la croisée de La Mouche car Saul Tenser subit une longue et chronique mutation corporelle, et de Crash avec une perversion dans les diverses mutilations, Crimes du futur affirme l’insolente vitalité et l’incroyable sens de l’innovation d’un homme qui fêtera ses quatre-vingt bougies l’année prochaine.


Pour voir la bande-annonce de Crimes du futur, c’est ici


Aymeric de Tarlé

Aymeric De Tarle

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