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Visite guidée de Heliotropo 37 : ce qu’il faut retenir de l’œuvre de Graciela Iturbide 

La Fondation Cartier organise une exposition sur l’oeuvre de la photographe mexicaine Graciela Iturbide jusqu’au 29 mai 2022. Connue pour ses clichés argentiques des Indiens Seris et des festivités religieuses de son pays, l’artiste ouvre les portes de son studio, rue Heliotropo 37, à l’occasion d’une retrospective organisée par la Fondation Cartier à Paris. Au programme : plus de 200 photographies, allant de ses oeuvres les plus célèbres à une série exclusive, réalisée spécialement pour l’exposition. Revenons ensemble sur la retrospective Heliotropo 37.

Graciela Iturbide, une femme multi-récompensée à la carrière longue et fructueuse 

Née le 16 mai 1942 à Mexico City, elle intègre le Centro Universitario de Estudios Cinematográficos à l’Universidad Nacional Autónoma de México en 1969. Là-bas, elle y rencontre Manuel Álvarez Bravo, grand photographe mexicain dont les cours n’intéressent guère que Graciela à l’école de cinéma… Alors âgée de 28 ans, elle devient son assistante et le suit, appareil photo sous le bras, à travers l’Amérique latine. En 1975, elle expose pour la première fois aux côtés de deux autres photographes mexicaines, Colette Álvarez Urbajtel et Paulina Lavista ; c’est le début d’une longue carrière. D’ailleurs, son travail a largement été récompensé comme en témoigne la dizaine de prix qu’elle a reçu, parmi lesquels les prestigieux Prix W. Eugene Smith en 1987 et Hasselblad Award en 2008.

Son art : entre rêve et réalité 

L’oeuvre de Graciela Iturbide présente une vision intime de la réalité. Portraits, vols d’étourneaux, cactus, ou chemise au vent, tout devient matière pour son oeil attentif. Toujours empreintes de poésies, ses images confèrent une dimension supérieure au réel. On pourrait alors retenir cette citation pour saisir la logique qui sous-tend son travail : « La photographie est un rituel pour moi. Partir avec mon appareil, observer, saisir la partie la plus mythique de l’homme, puis pénétrer dans l’obscurité, développer, choisir le symbolique. ».

A cet égard, Mujer toro (Juchitán, Mexique, 1987) illustre parfaitement cette idée. Dans l’encadrement d’une porte, une femme en robe noire élève devant son visage une tête de taureau. Neo-Minotaure, cette femme acquière une dimension mythologique devant l’objectif de Graciela. 

Que faut-il retenir de Heliotropo 37

La rétrospective parisienne rassemble toute l’oeuvre de Graciela Iturbide, des années 1970 à nos jours. En déambulant dans la galerie, notre attention se porte sur certains de ses clichés les plus iconiques, comme cette femme à la couronne d’Iguanes photographiée à Juchitán, Oaxaca, en 1979 à l’occasion d’une étude consacrée aux femmes et à la culture zapotèques (Juchitán de las mujeres, 1979-1989), ou encore cette mariée enceinte, masque de mort enfoncé sur le visage, qui s’avère finalement être un homme, comme le mentionnent d’un ton amusé les commentaires scénographiques. 

Dans le catalogue de l’exposition, Graciela Iturbide raconte dans un entretien avec Fabienne Bradu, la portée de Nuestra Señora de las Iguanas. Pris au hasard au marché, ce portrait est devenu un emblème pour les Chicanos (habitants hispaniques des territoires américains ou enfants d’immigrés mexicains nés aux Etats-Unis). Placé sur leurs autels ou placardé dans toutes les maisons du village à l’occasion des dix ans d’existence de Juchitán. Pour Graciela Iturbide, la trajectoire de ce dernier est caractéristique de son travail. Elle attend « que les gens interprètent ce [qu’elle a] déjà interprété. A Los Angeles, un peintre chicano a réalisé une peinture murale à partir de [sa] photographie. »

Heliotropo 37 c’est aussi une série de photographies en couleur spécialement réalisée pour la Fondation Cartier. L’artiste s’est rendue en 2021 à Tecali, Mexique, au sein des carrières d’albâtre et d’onyx pour y photographier les blocs de pierre rosées ou blanches. Sa façon de saturer les couleurs ressort encore plus sur cette série que pour ses noirs et blancs. C’est une manière très personnelle de retranscrire ce qu’elle voit à travers son objectif mais toujours couronnée de succès. 

Enfin, c’est l’un de ses fils, l’architecte Mauricio Rocha, qui signe la scénographie. De grands murs crème et ajourés reçoivent les tableaux de l’artiste. Circulant entre les murs bruts et imposants, les passionnés de photographie se laissent guider d’image en image. Tandis que l’un admire la série White Fence Gang (1986-1989) dédiée aux cholos, des gangs mexicains installés à Los Angeles et à Tijuana, l’autre contemple les Indiens Seris du désert de Sonora sur le mur d’en face (série réalisée à la fin des années 1970). 

Infos pratiques 

L’exposition est accessible tous les jours de 11H à 20h, sauf le lundi. Chaque mardi, la fondation vous retrouve pour une nocturne jusqu’à 22h. Des visites guidées sont possibles les mercredis, jeudis et vendredis à 16h dans la limite des places disponibles. Comptez 11€ pour le plein tarif, 7,50€ pour les tarifs réduits avec possibilité de gratuité (pour connaître le détail, référez-vous au site de la Fondation Cartier). A noter que pour les étudiants, les nocturnes sont gratuites, de quoi ravir les porte-monnaies poids plume. 

Camille Moreau 

Sources : 

La rédaction

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