Souvenez vous la scène mythique dans Les Bronzés font du ski lorsque Jean-Claude Dusse, incarné par Michel Blanc, chante Etoiles des neiges bloqué sur un télésiège couvert de sa combinaison de ski jaune, ayant froid dans un décor de montagne enneigée. Et si cette même scène se déroulait dans une salle couverte ? Car si la montagne accueille encore aujourd’hui des milliers d’amateurs de sports d’hiver, d’autres infrastructures voient le jour : snowhall, ski dôme, ski indoor… Qu’importe son nom, le ski en salle se développe à toute vitesse.
La montagne en salle
L’imaginaire des vacances d’hiver rime avec immensité des paysages enneigés, des montagnes qui font rêver petits et grands, de la neige que les locaux et vacanciers attendent avec impatience pour descendre les pistes. Mais depuis quelques années, un nouveau cadre s’offre aux amateurs de sports de glisse : les pistes en intérieur.
Nouveau concept en plein essor en France, le ski en intérieur s’élance sur deux projets. Le premier porté par une piste en synthétique composée d’un tapis similaire à celui de course à pieds permettant aux skis de glisser. L’avantage ? Régler l’inclinaison de la piste ainsi que la vitesse, s’adaptant au niveau des pratiquants. Idéal pour les novices. Le second prend la forme d’une montagne reconstituée : flan, pistes, neige, froid, tire-fesses voire télécabine, tout est recréé pour donner l’illusion d’une journée en plein cœur des sommets.
Le développement du ski à l’international
Skier, c’est se rendre dans un cadre propice à sa pratique. Dorénavant, ce n’est plus les amateurs de ski qui se déplacent, mais le ski qui vient aux populations. Certains pays se laissent tenter : France, Etats-Unis, Pays-Bas, Egypte, Brésil, Emirats arabes unis, Singapour, Chine. Il est possible de skier tous les jours sur tous les continents. La Chine dénombre le plus grand nombre de salles de ski, dont le Sunac Snow Park qui possède la première télécabine indoor ou encore le Harbin Sunac Snow World, plus grosse station du monde comptant six pistes artificielles dans une structure de 80 000 m². Cette station de ski indoor hors mesure illustre les ambitions du pays, notamment depuis l’obtention de l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en 2022.
De même, Dubaï garde le cadre le plus improbable : de la neige en plein désert, en réponse à un besoin estimé par la population, celui de voir et toucher la neige. Au programme : descente des pistes, parcours, cours, mais aussi tout le cadre autour des vacances au ski avec accès à des restaurants qui proposent des spécialités montagnardes (fondue, tartiflette, raclette).
Un nouveau tremplin pour le développement du ski ?
La prolifération de salles permettant la pratique du ski en intérieur favorise un intérêt auprès de populations éloignées des sports d’hiver. Comment skier en plein désert à Dubaï ? La solution ? Construire une salle de ski. Dès lors, de nouveaux amateurs de ski voient le jour. Une aubaine pour le tourisme français ? Pas encore de retombées pour le prouver. Il semble toutefois que ce nouveau cadre de pratique permet la démocratisation de la pratique et à de nouvelles populations d’acquérir les codes du monde de la glisse hivernale. Et même de répondre à une problématique financière face à un sport catégorisé comme coûteux.
Si la pratique se développe à l’international, le ski en intérieur offre de belles conditions pour s’entraîner en période estivale. Les skieurs professionnels peuvent s’appuyer sur un outil modulable, favorable à l’entraînement et à une préparation physique hors période hivernale. « En venant ici [Snowhall d’Amnéville] durant l’été, on recherche des bonnes conditions. Quand on vient dans un dôme, on sait ce que l’on a. », confiait le multi médaillé Alexis Pinturault en 2018 à l’Est Républicain.
Sport de nature ou nouveau sport de salle ?
Grâce à ces salles, skier par tous les temps devient possible. Qu’il pleuve, vente ou neige, peu importe, les pistes seront ouvertes. Plus besoin de regarder le niveau d’enneigement, ni le risque d’avalanche, la piste est praticable tous les jours sans exception. Pourrions nous désormais qualifier le ski de sport de salle ?
Aussi, tous ces équipements nécessitent un arrosage automatique conséquent, la création de neige artificielle ainsi que le maintien d’une température comprise entre -6 et -2°C, et cela n’est pas sans conséquence sur l’environnement.
Enfin, puisque le ski « outdoor » permet de découvrir la beauté des paysages de montagne, la pratique en salle s’est développée afin de se rapprocher de cette réalité. Pour autant, la création de stations créant l’illusion d’une montagne qui se laisse dévoiler, en réponse au manquement de neige, efface la magie de découvrir de ses yeux une immensité enneigée.
MILLET Stéphanie
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