Jeune pentathlète de 16 ans, Florent SCHOEN allie sport et études à Aix-en-Provence. Ambitieux et talentueux, le jeune parisien s’entraîne dur pour réaliser son rêve : participer aux Jeux Olympiques. Rencontre avec un sportif plein d’avenir.
1 – Quel est ton parcours sportif ?
Depuis tout petit, j’aime la compétition. J’ai commencé le sport en loisir. D’abord, avec du badminton en club pendant trois ans. En parallèle du badminton, j’ai commencé la natation en sixième. C’est une réelle passion au même titre que l’équitation que je pratique depuis dix ans. J’ai alterné entre le badminton, la natation et l’équitation.
Un jour, j’ai eu l’opportunité de participer à un aquathlon (course et natation). Mais je me suis blessé à l’arcade sourcilière. J’étais dégouté. Alors mes parents m’ont inscrit à un triathlon. Et j’ai adoré. J’ai participé à mon premier triathlon à 12 ans. Peut-être que sans ma blessure, je n’aurais pas participé à ce triathlon, et n’aurait pas eu l’opportunité d’aimer cette discipline.
2 – Comment es-tu arrivé au pentathlon ?
Et puis, au collège, nous avons fait un cross. Le coach de pentathlon s’est intéressé à mon profil et m’a proposé de venir au club d’athlétisme. Dans ce club, on pratique également le pentathlon au Racing Multi Athlon (RMA) à Paris. J’ai découvert ce sport. J’ai adoré car je pratiquais déjà trois sports sur cinq qui composent la discipline : la natation, la course à pied et l’équitation. Les deux autres sports m’intéressent également. J’ai commencé le pentathlon début 2020.
3 – Pourquoi avoir choisi le pentathlon ?
J’ai participé à plusieurs championnats de France de triathlon, où j’ai obtenu deux médailles d’argent (une en équipe et une en relais en catégorie benjamin), mais j’avais trop de retard en natation. J’ai vraiment envie de participer aux Jeux Olympiques : avec le retard que j’avais, je savais que je ne pourrais pas. Alors, j’ai fait un choix de raison.
Le pentathlon est un sport complet. C’est cela que j’aime. C’est moins chronophage que le triathlon. Je m’ennuie moins. En fin de troisième, j’ai dû faire un choix entre le triathlon ou le Pôle France en pentathlon. C’est à ce moment-là que j’ai basculé en pentathlon. Dans mon cœur, le triathlon est toujours devant, c’est mon premier sport de compétition. J’étais réaliste, cela était trop difficile pour moi. J’ai fait un choix stratégique.
4 – Peux-tu présenter ta discipline ?
Le pentathlon est une discipline qui regroupe la natation, la course à pied, l’équitation, le tir au pistolet et l’escrime. L’épreuve de pentathlon se déroule en une seule journée. Comme disait Pierre de Coubertin, c’est un sport qui permet de construire un athlète parfait. Il faut être complet pour pratiquer.
5 – Quelle est ta discipline préférée parmi les cinq du pentathlon ?
La course à pied ! Cela reste mon sport de prédilection. D’ailleurs, mon coach m’a même proposé de partir dans un club d’athlétisme avec mes performances (2 min 37 au 1 000 mètres). J’ai hésité, je me serais ennuyé trop vite si je pratiquais uniquement de la course à pied. Alors j’allie la course à d’autres disciplines que j’apprécie.
6 – Pourquoi as-tu choisi le Pôle France de Aix ?
Je suis parti sur les conseils de mon coach du RMA. J’ai également de la famille à Marseille. Mes parents étaient partants. Pendant les vacances d’été de 2020, j’ai participé à une journée d’intégration au pôle d’Aix pour voir mon coach. On a tout de suite accroché. C’est un coach que l’on a qu’une fois dans sa vie.
7 – Comment se déroule une journée type au Pôle France ?
Notre emploi du temps peut varier, mais nous alternons toujours entre cours et entraînements. Le matin, de 8h à 13h, nous sommes en cours. L’après-midi, chaque sportif s’entraîne dans sa discipline de 15h à 18h30. Nous avons également des entraînements tôt le matin : natation, les lundis, mercredis et vendredis de 7h à 8h30. Le lycée dans lequel j’étudie met à disposition une classe CREPS afin d’aménager nos emplois du temps, notamment lorsque nous avons des compétitions. Au Pôle, toutes les installations sont proches les unes des autres, ce qui facilite nos déplacements.
8 – Comment gère-t-on un tel rythme à 16 ans ?
Nous avons une très bonne équipe pédagogique avec des cours du soir (étude) de 20h à 21h30. Se réveiller tôt, je ne le vois pas comme un sacrifice. J’ai de la chance de faire partie du Pôle France. Je me vois comme un privilégié. Je suis plus heureux que malheureux. Je suis satisfait de moi après une journée d’entraînement : à 21h, je suis fier de ma journée. Certes, en fin de saison cela est plus difficile, mais je ne le vois pas du tout comme une contrainte.
9 – Est-il difficile d’allier sport et études ?
Le cursus est adapté. Il est donc plus facile de faire coïncider les deux. Lorsque nous sommes en compétition ou blessés, par exemple, nous avons des rattrapages : ce sont des cours du soir donnés par nos professeurs. Nous ne sommes pas laissés à l’abandon.
En termes de rythme, nous avons moins d’heures de cours qu’un lycée en cursus classique. Environ 25h en seconde, 28 en première et 30 en terminale contre une quarantaine d’heures en lycée classique.
10 – Avoir un diplôme est important pour un sportif. As-tu une idée de poursuite ?
Je souhaiterais devenir coach car j’aime transmettre et cela me permettrait de rester dans le milieu du sport. Au début je souhaitais être kiné, mais cela est trop compliqué avec ma pratique. J’ai envie de faire un métier qui n’empiète pas forcément sur ma carrière sportive.
11 – Quel est ton palmarès ? Participeras-tu à de futures compétitions ?
Sur le circuit national, j’ai fait deux podiums. Je vais participer au championnat d’Europe (28/08 au 05/09 au Portugal) et du Monde (13 au 21/09 en Egypte). Il s’agit d’un championnat U17 (moins de 17 ans) qu’on appelle aussi triathlé : natation, course et tir. On participe au pentathlon qu’en catégorie U22 (moins de 22 ans).
En termes d’ambition, je n’en ai pas forcément sur ces championnats. La qualification est plutôt inattendue. J’y vais surtout pour prendre de l’expérience que réaliser une performance. Ce qui me permettra aussi de me fixer des objectifs pour la prochaine saison.
12 – Seras-tu aux JO de Paris 2024 ?
Ce serait un rêve. Mais je vise plutôt les JO de 2028 voire 2032. En 2024, les quelques pentathlètes qualifiés auront atteint l’âge parfait pour performer. Ils auront entre 24 et 26 ans. Moi, je n’aurais que 19 ans, c’est trop tôt, même si je rêve de participer aux JO.
13 – Quel regard tes proches portent-ils sur ton parcours ?
Au début, cela a été un peu compliqué pour moi. Je faisais des allers et retours réguliers avec Paris pour voir mes proches. Mais leur soutien m’a motivé. Ma famille et mes amis ont totalement compris ma décision. Ils sont fiers. Je me sens soutenu.
14 – Le pentathlon est un sport qui draine peu d’argent et qui n’a pas beaucoup de notoriété …
Actuellement, c’est compliqué de vivre du pentathlon. C’est sûr que cela n’est pas comme dans certains sports, comme le football. Au niveau de la notoriété, c’est également compliqué. Aujourd’hui, le pentathlon suit les traces du triathlon qui se développe de plus en plus. Je ne me fais pas de soucis sur cela pour le moment. Je n’y pense pas forcément à mon âge.
15 – Que dirais-tu à quelqu’un qui hésiterait à pratiquer le pentathlon ?
Comme pour tous les sports, il faut se lancer. En apparence, on croit que c’est une discipline compliquée car il faut pratiquer cinq sports et par conséquent que c’est plus cher. Ce n’est pas forcément le cas. Il faut juste se lancer. Il faut essayer. Surtout que la discipline commence à se développer. Et puis je suis passé du triathlon au pentathlon : si je l’ai fait, tout le monde peut le faire.
Aussi, il y a un véritable esprit de famille. C’est une véritable famille. Au Pôle d’Aix, nous sommes douze pentathlètes, nous nous entendons tous bien. On passe même nos vacances ensemble. La vie en internat, cela noue des liens très forts car on est non-stop avec des jeunes de notre âge : on tisse des liens pour la vie, et cela n’a pas de prix.
16 – Trois mots pour qualifier ta discipline ?
Technique : il faut avoir de la technique dans les trois sports qui en demande (équitation, tir et escrime), c’est primordial
Palpitant : à chaque épreuve, il y a des rebondissements, c’est ce qui en fait sa beauté et sa cruauté. On peut tout perdre d’un coup. Ce n’est pas forcément le plus fort qui l’emporte, mais le meilleur le jour j.
Réaliste : dans la société actuelle, il faut savoir tout faire. Finalement, le pentathlon, c’est un peu la même chose. Il faut savoir s’adapter.
Merci à Florent SCHOEN pour le temps qu’il nous a accordé. Souhaitons lui bonne chance pour les championnats d’Europe et du Monde.
MILLET Stéphanie
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