
Cette semaine, On’ vous invite à découvrir le talentueux Elijah, qui manie avec brio la peinture, le dessin, la photo et le montage… et parfois en même temps ! Vous saurez tout de l’univers de cet artiste plasticien, aux multiples facettes.
Débuts et influences…
On’ : Bonjour Elijah, présente-toi…
« Je m’appelle Elijah TEMA, j’ai 19 ans, et je suis en première année d’études en Design Produit à l’EDAA (École à Distance d’Arts Appliqués). Je suis passionné d’architecture et d’art contemporain, et je me drogue aux musées et aux documentaires. J’ai deux comptes Instagram où je poste mes travaux : @intrasequence (photos) / @_oepe (dessins/peintures). »
On’ : Quand as-tu commencé le dessin ? La peinture ? La photo ? Et le montage ?
« J’ai commencé le dessin petit, comme tout le monde je pense ; et je n’ai pas arrêté par la suite. J’ai vraiment des souvenirs de moi dessinant beaucoup au collège, donc je dirais que j’ai commencé à dessiner à cette période-là.
La peinture et la photo sont venues à peu près en même temps, fin collège début lycée, avec la peinture acrylique et l’acquisition de mon premier appareil photo.
Le montage est venu au lycée, en retouchant mes photos et les scans de mes dessins. C’est à partir de là que j’ai commencé à mélanger mes dessins à la main avec des dessins numériques (dits vectoriels). »

On’ : Comment trouves-tu l’inspiration pour tes œuvres ?
« Je la trouve par le biais d’autres œuvres et mouvements artistiques comme l’expressionnisme. Ce dernier m’inspire beaucoup dans mon travail, avec des peintres comme Cy Twombly, Basquiat. Le nouveau réalisme m’inspire autant, avec le Dadaïsme, mené par Marcel Duchamp et Yves Klein. Mais c’est l’apport de leur réflexion qui m’inspire, plus que leurs travaux en eux-mêmes.
L’architecture me passionne également. J’aime m’imaginer, me représenter comment peuvent vivre les gens, et réinventer de nouvelles façons de vivre.
La musique m’inspire énormément, c’est vraiment une drogue ! Je passe beaucoup de temps à en écouter. J’ai donc énormément de travaux inspirés d’albums et de couvertures et de tout ce qui tourne autour des pochettes, des clips et concerts.
Pour m’inspirer, j’ai deux techniques principales ! L’une qui consiste en un gribouillage sans vraiment penser à une représentation ou un but précis, mais qui peut devenir par la suite un projet plus réfléchi. L’autre consiste en une préparation en amont de ce que je vais dessiner sur la feuille ; avec celle-ci, j’ai donc déjà pensé l’objet, la représentation et sa forme. »

On’ : Tu as des origines ivoiriennes, sénégalaises et françaises. Quelle place tiennent-elles pour toi ? Ont-elles une influence dans ton œuvre ?
« Ce qui a une grande place dans mon œuvre, ce n’est pas tant mon origine, mais le fait qu’on me la reproche. Qu’elle dise plus de choses à mon propos que moi-même, qu’on me mette dans une case, que ma couleur de peau me dépasse au regard d’une société parfois raciste. Que les attentes de cette société à mon égard ne font pas partie de moi, et que je ne suis pas ce que l’on attend de moi.
Mon origine n’est pas le sujet de mon œuvre. Dans mon combat contre le racisme et dans mes personnages, je cherche non pas un travail réaliste, mais à transmettre un message : comme une émotion, une personnalité, sans pour autant marquer ethniquement le personnage. C’est un visage humain.
Je retire à mes personnages leurs origines avec le poids que cela impose aux vues de clichés et représentations, pour transmettre le plus important ; une émotion universelle comme la joie, la tristesse. Et les libérer des représentations de leur étiquette éthnique. »
Création artistique et interdisciplinarité
On’ : Tu pratiques de tout ; comment arrives-tu à croiser toutes ces disciplines ensemble ? Par quels procédés passes-tu ?
« Ce que je fais la plupart du temps pour le dessin, c’est dessiner un croquis, puis le scanner. Avec des logiciels comme Photoshop, Illustrator, je re-colorie et re-dessine, comme je re-dessine sur le croquis. Ce qui me donne deux dessins différents. A la fin, je les fusionne ensemble. Dans tous les cas, tous mes dessins sont scannés. Je les retouche au niveau des couleurs, de la lumière, etc. J’utilise la même méthode pour la peinture.
Pour la photo, c’est moins réfléchi. J’en prends beaucoup. Plus rarement, je découpe des objets dedans et je les colle sur un fond uni.
J’aime bien m’inspirer des photos que j’ai prises pour créer, sans pour autant qu’elles fassent partie d’une œuvre ; il m’est arrivé de décalquer des formes sur mes photos.
Je marche par tentatives et improvisations. Je n’hésite pas à scanner et à réimprimer mes dessins pour tenter plusieurs suites, possibilités, solutions à leur finalité. A la toute fin, je termine sur l’ordinateur pour finaliser mon dessin, parmi toutes les ébauches que j’ai produites. »

On’ : Comment est née cette interdisciplinarité ?
« Cette interdisciplinarité n’est pas née d’une volonté artistique, mais d’une méthode de travail qui me correspond. Je n’ai jamais pris de cours de dessin, le travail uniquement sur papier aurait été difficile. Donc passer par le montage, le collage, le décalcage, simplifie mon travail, et me permet d’aller plus vite tout en arrivant à un résultat plus satisfaisant. »
On’ : Justement, peux-tu nous parler de quelques œuvres qui croisent toutes ces disciplines ?
« Bien sûr, j’ai choisi cinq œuvres ! Les voici…

Pour celle-ci, il s’agit d’un collage de dessins que j’ai réalisé en octobre dernier. J’avais plein de dessins, de croquis, et j’avais envie de les rassembler en leur donnant de l’énergie. J’aimais bien le côté esquissé, pas totalement finalisé. Je les ai donc collés ensemble, et redessinés. Le dessin en haut à droite, c’est un dessin auquel j’ai rajouté un peu de couleurs. Celui sur la gauche, c’est un dessin sur une feuille de calque qui vient d’un autre travail. Sur toute cette feuille de calque j’ai rajouté grossièrement du rouge, et le vaporisateur d’eau l’a dilué sur le papier. L’on peut d’ailleurs voir des traits délimitant les différents dessins et papiers utilisés.

Ici, il s’agit de deux œuvres émanant d’une photo d’Apollon au Louvre, que j’ai prise fin 2019 en contre-plongée. J’en ai fait plein de dessins.
Le dessin de couleur beige, qui est numérique, fut le premier qui ne fut pas un croquis ; je l’ai décliné en plusieurs couleurs averc l’ordinateur. Par la suite, je me suis amusé à modifier son visage, ses expressions, ce qui a donné lieu au dessin avec les couleurs ; il est fait avec du crayon à papier, des feutres et de la peinture, pour lui donner plus de matière, de détails. J’ai laissé le crayon à papier pour les cheveux par exemple.

Il s’agit d’une des premières peintures que j’ai réalisée durant le premier confinement de mars. C’est une toile qui fait 50 cm de largeur sur 65cm de longueur. Dans un petit carnet, j’avais esquissé un visage qui prenait toute la page, j’ai donc voulu le mettre en peinture. À sa réalisation, le visage paraît proche de celui qui le regarde, donnant l’impression que ses yeux vous fixent ; cela donne un côté immersif. Par rapport au dessin de base, j’ai d’abord fait des yeux plus doux avec du blanc, pour donner un regard plus lourd, perturbant, mais en même temps vide, car le centre des yeux est plus flou ; ce qui donne une dimension démesurée aux yeux !
Le fait que le visage soit proche, presque zoomé, et pas anatomiquement exact, fait qu’on ne peut imaginer le visage dans toute sa forme : on doit s’attarder sur ses yeux, son nezet sa bouche.

Pour cette peinture, j’ai dessiné grossièrement des oiseaux à la peinture (en marron et bordeaux). J’en ai fait 2 ou 3, en guise d’ébauche. Je les ai scannés, superposés, et j’ai joué sur la transparence de certains traits. J’ai fait différents cadrages, pour avoir différentes images. Ici, c’est un poster ; j’en ai fait des tirages que j’ai vendus par la suite. »
On’ : Quel est le travail dont tu es le plus fier ?
« Ce dont je suis le plus fier, c’est une peinture que j’ai réalisée suite à une première tentative au collège qui a échoué, et qui a fait que je n’ai pas poursuivi la peinture pendant quelque temps. Je l’ai reprise au confinement en avril. De base, la peinture était réalisée à l’acrylique ; je l’ai repeinte à la peinture à l’huile. Elle a un côté photo de classe, affiche de campagne politique et carte d’identité. Au fond, c’est un peu un mélange des trois, que j’aime particulièrement. »

On’ : Pour finir, les mesures sanitaires liées au Covid-19 ont-t-elles influé dans ton approche artistique ?
« Oui ! La pandémie m’a surtout donné du temps. Habituellement, je dessine un peu partout, et je m’attèle à mon travail quand je suis chez moi. Pendant le confinement, je faisais des dessins et croquis, et j’avais encore beaucoup de temps. Elle m’a donc laissé l’opportunité de pouvoir faire des projets plus conséquents. »
Merci beaucoup Elijah pour ta participation à ce What’s Up Confinement, et pour ce bel échange, qui fut des plus agréables et passionnants ! Laissons maintenant place à Kipo, qui aiguise nos sens avec ses aubergines au pesto rosso…

💸 : €
🌿 : Recette végétarienne
🥗 : Pour une version vegan, enlevez le parmesan
🍴 (4 personnes) : 2 aubergines, pesto Rosso, huile d’olive, poivre, sel, cumin, herbes de Provence, thym, piment d’Espelette en poudre, parmesan
💪: Facile
👩🏽🎓 : Recette étudiante
• Préchauffez votre four à 180°C.
• Coupez en deux vos aubergines en longueur, et réalisez un quadrillage dans la chair à l’aide d’un couteau. Poivrez, salez.
• Dans un bol, mettez une cuillère à soupe de pesto rosso, une cuillère à café d’huile d’olive, un peu de thym, cumin et piment. À l’aide d’un pinceau de cuisine, badigeonnez votre sauce sur la chair de vos aubergines.
• Enfournez le tout pendant 30 minutes.
• Une fois le temps passé, rajoutez du parmesan râpé sur le dessus de vos aubergines. Montez le four à 200°C, et faites gratiner le tout 5 minutes.
• Vous pouvez servir votre plat avec des tomates mozzarella et du basilic si vous le souhaitez, ou un peu de mâche.
Bon appétit !
Et c’est sur cette note provençale que s’achève notre What’s Up Confinement #22. On’ se retrouve bientôt pour se nourrir l’esprit avec Mathilda, qui rejoindra Ada, initiatrice d’« Ateliers philo » en direction des adolescents… En attendant, portez-vous bien, et à la semaine prochaine !
Pour continuer à suivre Elijah et Kipo :
Elijah sur Instagram :
@intrasequence (photos) / @_oepe (dessins/peintures).
Le site d’Elijah, où acheter les reproductions de ses dessins/peintures : https://www.elijahtema.com/.
Kipo sur Instagram : @__food_kipoo__ (https://www.instagram.com/__food_kipoo__/)
Marc Mouty-Lecallier
Pour contacter la rubrique, écrire un article et/ou proposer un portrait étudiant : rubrique.sortiraparis@on-media.fr.
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