À l’heure où les musées ferment leurs portes, l’amour de la technologie prend le relais avec des concepts toujours plus innovants. Et si l’audioguide préhistorique des musées devenait une application collaborative de diffusion culturelle, qu’en diriez-vous ? C’est le pari que s’est lancé une équipe d’entrepreneurs parisiens avec l’application Karacal. Ce projet humaniste qui croise l’audio et la culture, promet de partager des histoires inédites depuis votre poche !
Démocratiser l’audio… dans la rue
Nous connaissons les plateaux de jeu en réalité augmentée, les concerts virtuels, Pokémon Go et les NFT. Mais si s’approprier la technologie au lieu d’en être assisté nous permettait de mieux préparer le futur ? Avec la démocratisation de la vidéo sur Snapchat, c’est désormais l’audio des podcasts qui offre un nouvel horizon. L’idée de cette équipe est de développer des bulles audio géolocalisées (podcasts de moins de 10 minutes), qui font découvrir des histoires et des témoignages entre une personne et un lieu. La réalité augmentée sonore se distingue de celle visuelle déjà utilisée par « Google art & culture » notamment. Karacal permet alors de jouer un rôle de médiateur et de tremplin avec le secteur de la culture – qui a dû réinventer ses métiers et se tourner vers l’ère numérique – tout en répondant à un besoin local, car la culture est partout. Cette initiative permet aussi de mettre en avant la richesse du patrimoine urbain comme rural.
À propos de la créatrice
Charlotte Durand est une entrepreneuse passionnée. Cette historienne de formation qui a quitté les bancs de La Sorbonne, peut vous raconter avec autant de panache les récits égyptiens de la période amarnienne, que les stratégies commerciales de « Piggyback » ou du « Metaverse » (monde fictif qui mixe virtuel et physique). En 2019, elledécide de troquer son Master d’Histoire des religions pour commencer une formation dans une école de commerce Lyonnaise. Elle se plonge alors dans les incubateurs d’entreprises et se consacre à ses stages en start-up. Son frisson du projet et de la collaboration l’entraine à construire une application mobile basée sur la géolocalisation audio, en cofondant une société avec sa collègue Hanna qui a aussi quitté le secteur artistique pour son côté… élitiste. L’idée de l’application lui est venu pendant la création car « créer une boite, c’est se laisser guider par les idées qui émergent du projet »*. Karacal permet aussi de mettre en avant le travail d’artisans et de « désintellectualiser » la culture en tendant le micro à chaque utilisateur. Pour l’instant, les utilisateurs sont majoritairement des créateurs professionnels et des auditeurs curieux, mais l’utilisation s’adresse à tous.
Un projet humaniste

L’application a pour ambition de placer l’humain au centre du projet. Karacal offre d’ailleurs un autre usage de son application pour les personnes déficientes visuelles (en collaboration avec l’association « ce que mes yeux ont vu »), en faisant office de guide en audiodescription. Toutes les histoires partagées permettent de tisser du lien et de se connecter à l’altérité en développant l’imaginaire de l’audio. Sa créatrice rêve que les utilisateurs produisent de l’ASMR des vagues du bord de mer… et que chacun s’approprie le concept, car tout le monde peut créer à conditions d’avoir une bonne qualité audio, un sujet pertinent et l’amour du partage. L’objectif est de casser le complexe de non-légitimité pour s’emparer de la « culture », un large mot pour parler aussi bien de ses souvenirs, ses émotions, son histoire. Et même si chaque personne a un regard différent, les histoires culturelles prennent souvent leurs racines des mêmes idées. Un travail presque anthropologique qu’aborde avec nous Charlotte sur la culture, l’habitus, la manière de voir et concevoir le monde, qui résonne avec nos histoires contemporaines… L’occasion de retrouver de l’humanité, mettre en avant la biodiversité et toutes les richesses à travers des témoignages d’ouvriers qui ont bâti des monuments par exemple : en raccrochant l’histoire du passé, de l’instant présent et du futur de la technologie.
*Pour l’anecdote, le nom de l’application tire quant à lui son origine d’une phrase obscure que sa créatrice a lu par hasard : « le caracal est le guide des lions » . Une simple déclaration dont elle décida de s’inspirer, pour son côté absurde ! Et comme pour la marque de vêtement « Kymono », elle choisit de changer la première lettre du Caracal par un K pour marquer les esprits. De plus, les énormes oreilles poilues de cet animal lui permettent d’être à l’affut… de messages audio !

L’application est gratuite et disponible sur Android et Apple.
Cynthia Zantout
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