Le flux instinctif libre, vous connaissez ? C’est la pratique qui permet de se passer de protections hygiéniques pendant nos règles. Dans l’idée ça parait génial, mais on en entend si peu parler, qu’on a tendance à ne pas y croire. Et pourtant…
Je n’ai pas l’intention de faire l’apologie du flux instinctif libre, mais il me semble important de briser le cliché de la fille un peu sorcière qui contrôle ses règles. Cette fille qui ne met aucune protection de jour comme de nuit pendant que toi, tu galères à ajouter du PQ dans ta culotte en milieu de journée parce que tu n’as pas racheté de tampons. Ça fait plusieurs semaines que je suis la copine un peu bizarre qui demande aux autres : “Et sinon toi, tu connais le flux instinctif libre ? T’as déjà essayé ? Ou des amies qui le font ?”. Si vous faites le compte autour de vous, vous remarquerez sûrement, comme moi, que cette pratique est un mythe pour beaucoup d’entre nous, et c’est bien dommage.
Dans les faits, le flux instinctif libre consiste à retenir le sang des règles dans le vagin par une contraction du périnée, puis de le lâcher aux toilettes. Dans cet article je vais d’abord vous parler de mon cheminement vers le sujet, puis des informations que l’on trouve sur internet, mais aussi de la discussion que j’ai eu la chance d’avoir avec ma sage-femme.
Pour mieux comprendre la suite, je vous propose d’observer cette coupe du périnée, trouvée dans un article dédié à celui-ci. Vous pouvez le lire ici :

Mes tentatives de flux instinctif libre
Je l’ai expérimenté un peu par accident en septembre dernier, lorsque j’utilisais une pilule en continu qui faisait survenir mes règles une fois tous les 4 ou 5 mois. Elles se manifestaient la plupart du temps quand j’étais en vacances et que je lâchais prise (génial…).
Nous sommes en septembre, vacances en Italie en amoureux (so cliché), ça fait déjà 6 jours que mes règles ont commencé et j’en ai marre. Marre de mettre des protections, il fait chaud, les pharmacies en Italie ne sont pas à tous les coins de rues, et j’ai déjà lâché 7 euros (oui, 7 euros la boite de tampons) pendant de précédentes vacances dans le pays. Il doit me rester 4 ou 5 tampons, et pour le peu de sang que je perds, je décide de ne rien mettre. J’ai eu un peu l’impression de dire à mon corps : “Tu veux saigner pendant plus d’une semaine ? Alors débrouille-toi tout seul !”. Ça a duré un mois, pendant lequel je me suis rendue compte que le peu de pertes que j’avais, avaient tendance à couler directement aux toilettes ! Suis-je devenue la sorcière qui contrôle ses règles dont tout le monde parle ?
Vous l’imaginez, après un mois de règles, ma sage-femme m’a conseillée d’arrêter la pilule pour “retrouver mon cycle”, ce que je fais depuis (note importante : les préservatifs sont une contraception remboursée, si vous demandez à votre gynéco ou sage-femme, vous pouvez avoir une ordonnance et les obtenir gratuitement !). Depuis, dans ma pratique du flux instinctif, je contracte le périnée non stop, en mettant parfois une serviette de protection par sécurité. Je ne le fais bien sûr pas la nuit, car contrairement à ce que disent certaines sur internet, on ne peut pas serrer son périnée la nuit, c’est la position horizontale qui ralentit naturellement le flux.
Le traitement médiatique du flux instinctif
Je vous invite comme moi à chercher “flux instinctif libre” sur internet, dans l’objectif d’étudier les différents liens et informations que l’on trouve. Comme dit précédemment, le périnée est au centre de cette idée de flux instinctif. Pourtant, le mot n’apparaît qu’à la fin de l’article du 2e lien proposé par mon moteur de recherche, et est introuvable dans le 4e lien. Si vous souhaitez tenter l’expérience, vous pouvez faire ctrl+F quand vous êtes sur la page en question et chercher dans le texte le mot « périnée ». Pas étonnant que le flux instinctif libre semble être une pratique tirée de la fiction si on ne vous explique pas comment faire ! Sur les différents sites on retrouve beaucoup de : “Ecoute ton corps !”, “Concentre-toi sur tes sensations !”, c’est joli sur le papier mais ça ne nous apprend pas comment faire.
Sur youtube on trouve une jeune femme kinésithérapeute qui donne depuis plusieurs années des ateliers sur le flux instinctif libre. Vous pouvez trouver sa vidéo ici :
Elle explique que l’objectif n’est pas de contracter son périnée en permanence mais de sentir quand notre utérus se contracte, indiquant une coulée de sang (car il ne coule pas en continue, mais par vagues) pour dès lors, contracter le périnée le temps d’aller aux toilettes afin d’y lâcher le sang. J’avoue que l’idée de devoir sentir à quel moment le sang va couler, me paraît bien plus compliqué à apprendre que de contracter le périnée en permanence. Elle ne donne pas plus d’astuces pour réussir à maîtriser cette technique (en revanche, elle organise des ateliers sur le sujet), mais elle a un objectif “d’observatoire du flux instinctif” pour créer une étude grâce aux témoignages de ses patientes. Il n’y a en effet peu de connaissances sur le sujet, et cela pourrait possiblement révolutionner nos règles.
N’oublions pas que ces résultats n’apparaissent que si l’on fait la recherche de nous-mêmes. Le flux instinctif libre reste encore une idée fantasque, par manque d’études et d’informations sur le sujet. Sans vouloir me la jouer “théorie du complot”, ça n’arrangerait pas les industries pharmaceutiques et de produits d’hygiène de nous apprendre à nous passer de tampons, de serviettes… On notera néanmoins que quelques marques de culottes menstruelles abordent cette pratique sur leurs blogs, comme Smoon, dont l’article très bien fait souligne l’importance du périnée. Vous pouvez le lire ici : https://smoon-lingerie.com/blogs/culture-education/flux-instinctif-libre
Le flux instinctif : Intéressant mais pas trop ?
S’il y a un aspect du flux instinctif libre qui est primordial, vous l’avez compris, c’est le périnée. Finalement cette technique n’a pas vocation, pour moi en tout cas, à être utilisée tout le temps. Néanmoins dans certains cas, se dire que notre périnée est assez en forme pour retenir le sang, sur notre dernier jour de règles par exemple, c’est assez chouette. Comme me disait ma sage-femme, avoir un périnée dynamique, c’est très important. Un périnée musclé peut faciliter l’accouchement et aider à s’en remettre. Le problème étant que beaucoup de femmes ne découvrent ce muscle qu’après l’accouchement… Que ce soit pour essayer le flux instinctif libre, pour éviter les incontinences plus tard, anticiper une rééducation post accouchement, ou pour d’autres raisons… vous pouvez suivre les conseils de ma sage-femme et contracter votre périnée quelques minutes par jour (pendant que vous vous lavez les mains ou les dents par exemple).
On ne dispose pas réellement d’études sur le flux instinctif libre, néanmoins certains médecins pensent que la stagnation du sang dans le vagin pourrait causer des infections (je ne vois pas en quoi ça serait pire qu’un tampon, mais je ne suis pas médecin). Dites-vous que de la même façon, il ne faut pas garder un tampon trop longtemps, il faut lâcher régulièrement le sang aux toilettes pour lui éviter de stagner. Aussi, il est important de préciser que tout le monde ne peut pas utiliser cette technique : elle est très déconseillée aux personnes souffrant d’endométriose car, il leur est préconisé d’avoir les muscles détendus pendant leur règles. Contracter le périnée est donc contraire à cette idée. Pour les personnes ayant des règles très abondantes (ce qui est aussi mon cas) et/ou douloureuses, je vous conseille, si vous avez envie d’essayer, de tester en fin de règles, et de préférence chez vous.
Finalement que vous ayez envie d’essayer le flux instinctif ou non, écoutez ma sage-femme et musclez votre périnée ! Vous nous remercierez dans quelques années quand vos copines auront des fuites urinaires, et pas vous. 😉
Adèle Jonas
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