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Précarité étudiante : CO’P’1 Solidarités Etudiantes et l’Institut franco-européen de chiropraxie s’associent pour traiter la santé physique par et pour les étudiants

Après avoir mis en place une aide alimentaire pour faire face à la montée de la précarité étudiante due au contexte de la crise du COVID-19, l’association CO’P’1 Solidarités Etudiantes, créée en septembre 2020, a monté un partenariat avec l’Institut franco-européen de chiropraxie pour traiter la dégradation de la santé physique chez les étudiants, dont les troubles musculo-squelettiques qui sont en hausse depuis le confinement.

L’association CO’P’1 Solidarités Etudiantes, présentée par son fondateur Ulysse Guttmann-Faure

Pourquoi avoir créé « CO’P’1 – Solidarités Etudiantes » ? Dans quel contexte est né l’association ?

On a créé CO’P’1 à la rentrée 2020 en réaction directe à la crise sanitaire et au premier confinement  parce qu’on s’est rendu compte que beaucoup d’étudiants étaient touchés par la crise et surtout les conséquences économiques de celle-ci. On a fait le constat qu’il y avait assez peu de dispositifs qui permettent de répondre à cette problématique nouvelle. La précarité étudiante existait déjà évidemment mais là elle s’est multipliée et a commencé à toucher un pan extrêmement important de la population étudiante. On s’est dit qu’il fallait essayer de faire quelque chose par les étudiants et pour les étudiants, qui permet d’être plus horizontal et moins désagréable pour les étudiants de venir aux distributions.

Quels sont vos différents projets ?

Les projets de CO’P’1 sont extrêmement divers. Il y a un gros projet sur l’augmentation de nos capacités : les premières semaines, on distribuait pour 150 étudiants alors qu’aujourd’hui on en est à plus de 650 par semaine, ce qui est énorme. On a aussi des projets d’accompagnent d’autres associations en France, là où des étudiants sont dans le besoin et où il manque des dispositifs pour les aider. Après, il y a des projets d’expansion et de partenariats avec des associations, des entreprises et des institutions pour pouvoir aider aussi longtemps qu’il le faudra.

Qui sont vos partenaires ?

Nos partenaires sont nombreux et extrêmement divers. Tout d’abord, on a des instituions comme la Mairie de Paris, la Maison des initiatives étudiantes (MIE) mais aussi des Universités comme Paris 1-Panthéon Sorbonne et sa Fondation, le Crous de Paris avec la CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus). Ensuite, on a des particuliers. Je ne citerai pas tous les noms des particuliers qui nous ont aidés soit en parrainant un étudiant soit sous forme de don ou d’aide logistique. On a aussi des partenaires commerçants : une boulangerie en face de la MIE, le Bio c’ Bon des Acacias dans le 17e qui nous donne ses invendus (des produits toujours consommables mais qu’ils ne peuvent plus vendre pour des questions de normes et parce que ça ne sera pas bon le lendemain mais le soir-même, ça va toujours). Enfin, on a des partenariats avec des entreprises (la Fondation L’Oréal ou encore Innocent qui nous donne ses bouteilles de jus en date courte) et des associations. Dès qu’on s’est créé, on a voulu s’appuyer sur d’autres associations pour avoir une réelle collaboration entre associations et élargir le cercle de solidarité (la Fondation Abbé Pierre, les Restos du cœur, le Secours Populaire, la Croix-Rouge du 4e arrondissement). C’est tout un tas d’acteurs différents pour pouvoir aider plus d’étudiants.

Combien d’étudiants en bénéficient ?

650 étudiants en bénéficient par semaine, issus de toutes les universités et écoles, et de toute l’Ile-de-France voire plus loin. On a même des étudiants qui sont en stage à Paris et qui sont issus d’une université de Lille, Montpellier ou Lyon.

Est-ce qu’il y a un profil type d’étudiants bénéficiaires de CO’P’1 ?

Il n’y a pas de profil type d’étudiant bénéficiaire mais il y a des tendances : beaucoup de femmes et surtout des étudiants étrangers parce qu’ils ne sont pas éligibles aux bourses d’Etat. De nombreux étudiants sont là pour la première fois, c’est-à-dire qu’ils n’avaient jamais sollicité une aide avant octobre 2020.

Ulysse Guttmann-Faure, le président de CO’P’1 Solidarités Etudiantes

Précarité étudiante, pauvreté et dégradation de la santé physique

            En France, les conditions de vie des étudiants divergent. Si la majorité d’entre eux vivent dans des conditions acceptables, d’autres se trouvent dans une situation de précarité. Elle est définie dans le rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » en 1987 par Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement des droits de l’homme ATD Quart Monde, comme étant l’ « absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer les responsabilités élémentaires et de jour de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définies ». Autrement dit, c’est une forte incertitude d’une situation acceptable dans un avenir proche. Des facteurs aggravant tels que des parents au chômage, l’absence ou la quasi-absence de bourse ou encore un retard de versement d’aide financière qui affectent plusieurs domaines de l’existence et prolongent cette situation de précarité, pouvant faire basculer les étudiants dans une situation de pauvreté. La pauvreté est une notion qui varie selon les pays et les époques. L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) définit un individu « pauvre » en France lorsque son niveau de vie est inférieur à 60% du revenu médian. Au-delà des indicateurs monétaires, la notion de pauvreté est davantage pertinente lorsqu’elle est croisée avec d’autres indicateurs (logement, emploi, santé), qui touchent également les étudiants.

            Le contexte de la crise du COVID-19 a augmenté la part des étudiants précaires voire en situation de pauvreté (perte d’un job étudiant, affaiblissement des solidarités familiales touchées aussi par la crise, etc). « Durant le confinement, près de 6 étudiants sur 10 ont arrêté, réduit ou changé leur activité rémunérée. Pour ceux dont celle a été interrompue, la perte de revenu est estimée en moyenne à 274 euros par mois » d’après le média « L’Etudiant ». Certains étudiants se sont privés du minimum vital et n’ont pas pris en charge le déséquilibre de leur corps par un accès à des soins, par manque de moyens financiers. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce déséquilibre : une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique, des tâches répétitives et des mauvaises postures adoptées lors des cours en ligne à domicile. Cela aggrave le risque de développer des troubles de l’appareil locomoteur tels que des « TMS » qui sont des troubles musculo-squelettiques. Les TMS sont des maladies inflammatoires des membres (dos, certaines articulations) via des symptômes physiques de douleur, raideur ou perte de force. S’ils sont diffus et difficilement identifiables, les TMS représentent la première maladie professionnelle en France. Ces douleurs corporelles entraînent un phénomène de somatisation qui est une souffrance intrapsychique ou psycho-sociale (troubles anxieux ou de l’humeur), d’où le lien entre la santé physique et mentale. C’est ce constant alarmant qui est à l’origine du partenariat entre l’association CO’P’1 Solidarités Etudiantes et l’Institut Franco-Européen de Chiropraxie (IFEC). La chiropraxie est une pratique manuelle qui s’intéresse à des zones ciblées et particulièrement à la colonne vertébrale et aux articulations.

Le partenariat entre COP’1’ Solidarités Etudiants et l’IFEC

            Si les réseaux sociaux sont souvent critiqués, ils font aussi des miracles. A l’origine du partenariat entre CO’P’1 Solidarités Etudiantes et l’Institut Franco-Européen de Chiropraxie, un post d’une bénévole chez CO’P’1 pour chercher des partenariats découvert par son amie Coline Yahi, vice-présidente du World Congress of Children of Chiropractic Students (WCCS) et étudiante à l’IFEC. Immédiatement, Coline soumet une proposition de partenariat à la direction de son Ecole, qui accepte la prise en charge globale des coûts. Ce sont des étudiants de 4e et 5e année de l’IFEC qui traitent des étudiants à travers différentes techniques (conseils, thérapie manuelle). L’IFEC a inclus ce partenariat dans leur stage obligatoire de 15 mois au cours duquel ils doivent effectuer 300 consultations cliniques qui les forment à poser un diagnostic. La première séance permet de mettre en place un traitement selon la pathologie suite à un diagnostic, sous la responsabilité d’un diplômé. Au-delà de cette aide par des étudiants de l’IFEC, il est possible de référer l’étudiant en besoin vers un autre spécialiste lorsque cela est nécessaire. Ainsi, ce partenariat est une prise en charge de la santé physique par et pour les étudiants. Au-delà de ce partenariat, Gaylord Houart qui est enseignant et responsable de la formation des 5e année à l‘IFEC a déclaré lors de la Conférence de presse du partenariat qui s’est tenue le jeudi 25 mars qu‘« alors qu’ils (les TMS) touchent majoritaires les personnes âgées de 40 à 50 ans, la crise sanitaire a amené davantage une population jeune dans les centres de chiropraxie ».

            Ce partenariat, validé par la direction de l’IFEC en décembre 2020 pour une durée d’un an, est destiné aux étudiants inscrits aux collectes alimentaires de CO’P’1 Solidarités Etudiantes. Les inscriptions s’effectuent à la Maison des initiatives étudiantes (MIE), où sont distribués les colis alimentaires de CO’P’1. Suite à la réception d’un QR code pour vérifier l’inscription chez CO’P’1 à la MIE, l’IFEC reçoit les coordonnées des étudiants pour ensuite prendre rendez-vous avec eux. A peine lancé, le partenariat est déjà un grand succès : 36 étudiants pris en charge pour plusieurs consultations en février et 160 inscrits en mars. Les étudiants sont comblés par cette initiative étudiante même si un triste constat en est l’origine.

« Au bout de 4 séances ça allait mieux comme je faisais des exercices à la maison, j’ai compris pourquoi j’avais mal et comment je pouvais atténuer ces douleurs. Je les remercie ». Cyrielle, étudiante bénéficiaire de ce partenariat

Aymée Nakasato

Aymee Nakasato

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