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Aux Oubliées: la solidarité par les livres

Depuis bientôt un an, la solidarité et l’entraide sont apparues comme essentielles pour surmonter la crise sanitaire mondiale que nous sommes en train de vivre. Mais si les initiatives volontaristes basées sur ces valeurs ont foisonné au premier confinement, elles se font plus discrètes aujourd’hui. Et pour cause, les débats enflammés sur la possibilité d’un monde nouveau semblent s’être inclinés devant ce constat froid et sans appel: le monde d’après ne sera finalement pas meilleur que celui d’avant. Mais On’, qui se refuse à tant de pessimisme et pour qui l’action concrète est plus importante que l’élaboration d’hypothèses incertaines, a décidé de revenir pour vous sur une initiative solidaire menée depuis décembre 2019 par l’association Aux Oubliées et qui place le livre au cœur de son action.

« Quel livre offririez-vous à une femme en prison? »

Porté en France par Laure Gomez-Montoya, Debora Kahn-Sriber et Karine Vincent, trois femmes engagées pour l’émancipation d’autres femmes, Aux Oubliées est « une initiative culturelle, féministe, poétique et solidaire ». Et comme son nom l’indique, le but premier de l’association est de récolter des livres personnalisés afin de les redistribuer à des femmes incarcérées, grandes oubliées du système carcéral français. En effet, si le projet est initialement né en 2018 sous l’impulsion de l’Espagnole Maria Rufilanchas, publicitaire féministe et créatrice de la marque sociale Teta & teta, c’est bien en France qu’il trouve une pertinence toute particulière, là où les femmes incarcérées ne semblent pas être prises en compte.

Femmes détenues: les oubliées

En France comme ailleurs, le système pénitentiaire a été pensé par les hommes et pour les hommes. De fait, il n’est pas adapté aux femmes qui, bien que minoritaires, représentent tout de même 3,8% de la population nationale détenue, d’après les chiffres de l’Observatoire international des Prisons. À titre d’exemple, il n’existe aujourd’hui en France que deux prisons spécifiquement réservées aux femmes: le centre pénitentiaire de Rennes et la maison d’arrêt de Versailles. Ailleurs, les femmes incarcérées se retrouvent confinées dans des « quartiers de femmes » au sein de prisons mixtes. Et si elles sont strictement séparées des hommes quant aux lieux d’hébergement, la possibilité théorique d’assister à des activités mixtes leur est offerte. Mais dans les faits, ces quartiers dédiés aux femmes sont isolés et coupés du reste de la prison et de son organisation. Dans ces établissements pénitentiaires inadaptés aux femmes, ces dernières n’ont donc pas accès à la grande majorité des activités, d’autant plus qu’elles doivent être accompagnées dans tous leurs déplacements, ne jouissant donc pas de la même liberté de mouvement que leurs co-détenus masculins.

En distribuant des livres personnalisés aux femmes détenues, l’idée de l’association est donc double. Le projet ambitionne autant de permettre l’évasion aux femmes incarcérées le temps d’une lecture, que de pointer du doigt ce déséquilibre systémique pour lancer le débat qui permettra, peut-être, de changer la donne et d’améliorer la condition féminine au sein des prisons françaises. À travers son action, Aux Oubliées questionne donc et permet une réflexion profonde qui engage toute la société en misant sur la solidarité mais aussi sur le partage.

Du baume à l’âme

Eh, oui! Parce que pour participer à cette belle initiative, il ne suffit pas de déposer à l’adresse indiquée la pile de vieux livres qu’on ne lit plus, ou les exemplaires retrouvés à double dans sa bibliothèque. Les porteuses de ce projet sont fermes à ce sujet: Aux Oubliées n’est pas une ONG de livres, ces derniers doivent donc être agrémentés d’un petit mot personnel de la part de leurs donateurs. Vous l’aurez compris, l’échange et le partage se trouvent donc au cœur de l’initiative qui pense le don de livres comme un réel « baume pour l’âme ». Outre cette condition, tous les livres sont acceptés en toute période de l’année: poésie, romains, BD, essais, neuf ou d’occasion, en langue française ou étrangère… Au pouvoir des livres aucune limite donc! Et si On’ vous a convaincu de l’importance de cette action, voici toutes les informations nécessaires pour en faire partie:

Image de bannière: Captures d’écran de photos postées sur le compte Instagram d’Aux Oubliées: @auxoubliees

Estelle Cocco

Estelle Cocco

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