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What’s Up Confinement #9 – Soline

« Confiner » rime avec « penser » ; la preuve avec ce What’s Up Confinement #9 consacré à Soline, étudiante en Lettres et arts (P7) et théâtre (UPEC), profitant d’une suspension temporelle pour expérimenter le recroisement des disciplines artistiques.

Une touche-à-tout de la création artistique…

« Je m’appelle Soline, j’ai 18 ans et suis étudiante en Lettres et Arts et en Théâtre à Paris. À côté de mes études, je crée énormément. Je fais surtout de la peinture ou de l’encre de chine mais j’expérimente aussi, de plus en plus, la gravure, la sculpture, la performance, le théâtre, l’écriture… 

Je touche un peu à tout ce qui me permet de créer depuis que je suis petite. J’ai commencé par la musique : pendant dix ans j’ai fait du piano, puis s’est ajouté le saxophone, puis le chant. Au fil des années, la musique a petit à petit été reléguée au second plan derrière la peinture, pratique pour laquelle je trouve en moi beaucoup plus de pouvoir créateur. Le théâtre est aussi un art qui me touche énormément et qui joue un rôle très important dans mon approche artistique. Je ne peux pas créer une œuvre plastique sans la penser en corrélation avec une certaine théâtralité, et inversement. »

Son premier confinement : une évolution dans la dramaturgie 

« Le premier confinement a été extrêmement important dans ma progression théâtrale. J’ai créé un spectacle de théâtre à partir de textes poétiques variés formant un monologue, une introspection sur le thème de l’ennui, de l’inaction, de la métaphysique et de l’écriture. Cela peut paraître un peu glauque dit comme ça mais la poésie, la danse et le jeu rendent ce doute métaphysique beau et dans ces moments, l’art m’a soutenu, notre enthousiasme et la beauté du projet m’ont soutenu. Nous (mon acteur qui est aussi mon meilleur ami, Valentine Bonneau, et moi-même) avons fait de cette pièce, un socle sur lequel s’appuyer par ces temps compliqués, mais aussi un socle sur lequel expérimenter et bâtir. »

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Soline aux côtés de son meilleur ami, Valentine.

Un art accessible et tourné vers les jeunes

« Du côté plus plastique, ma relation avec l’art évolue très vite en ce moment. J’ai commencé à vendre des œuvres, ce qui est important pour moi car le fait qu’elles soient choisies, appréciées, exposées, leur donne sens. Je me questionne énormément sur l’autonomie de l’œuvre et ce presque processus “d’adoption” de mon travail qu’est l’acquisition d’une œuvre fait partie de cette pensée d’autonomie. J’essaie pour autant qu’elles puissent être accessibles aux jeunes, n’ayant d’habitude pas accès à l’art. Je souhaite que mon travail parle aux personnes de mon âge, qu’iels puissent acquérir des œuvres et que cela ne soit pas réservé à une certaine classe sociale et plus âgée. Ainsi j’essaie de proposer des prix très variés, une réduction de -20% sur toutes mes œuvres pour les moins de 25 ans, des ventes sur Instagram uniquement dédiées aux jeunes, etc. »

A la croisée du regard du spectateur et de la création artistique…

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Une de ses peintures, liant ressenti personnel et questionnement sur le genre, « Autoportrait, rêve, pigeon, aigle, ou bien ni une chose ni l’autre ».

« J’ai deux manières de créer : l’une est sur le coup, déclenchée par une surcharge d’émotions, un besoin d’expression ou une recherche de ce qu’il se passe en moi qui se traduit sur le papier. Mais le résultat est toujours le même : j’y mets toutes mes tripes. Cette première manière de créer rend des œuvres très éphémères puisque, au bout de quelques jours, ce sentiment que j’ai donné plastiquement est sorti de moi, l’œuvre ne me parle plus. C’est alors à travers les autres qu’elle continue de vivre, à travers le regard et l’écho qu’elle renvoie chez le spectateur. »

… ou un processus plus réfléchi

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« Mon autre processus de création est beaucoup plus long. Il passe moins par la recherche de sensations que par des questionnements très ouverts sur des sujets vastes, ou plusieurs réflexions, références, expériences, s’entrelacent autour d’un sujet commun. C’est le cas de mes derniers travaux à travers lesquels je questionne la relation entre le créateur et la création, que ce soit sur le rapport artiste-œuvre évidemment mais aussi parent-enfant, dieux-humains, société-individu, ou même le rapport de notre double-existence humaine (esprit-corps). 

D’autres thèmes sur lesquels je travaille beaucoup sont l’intérêt et la force du vide dans le moment de l’attente ou encore les problématiques de genres dans la société et dans l’art, par exemple. Ces réflexions et recherches sont présentes implicitement dans mes œuvres, presque imperceptiblement même. Je peins des personnes racisées, transgenres, handicapées, sans les réduire à cette part de leur identité seule, sans concentrer nos regards sur leur genre, leur couleur de peau, leur place sociale ou dans l’art. Je veux peindre notre diversité sans politiser notre existence. 

Pourtant ainsi, beaucoup de personnes ignorent qui est représenté sur une peinture, ignorent que cette femme est transgenre ou que cette personne est handicapée. Cela est en même temps un petit secret que j’aime garder mais je me questionne de plus en plus sur la part politique de ces représentations et l’importance de les expliciter. Si je ne montre pas explicitement les thèmes de mes recherches dans mes œuvres, c’est aussi car je préfère laisser au spectateur la liberté de voir et de comprendre de manière personnelle ce que cette œuvre leur dit. Il y a quelques jours, plusieurs de mes proches m’ont expliqué ce qu’iels voyaient dans une de mes gravures et elle résonnait très différemment en chacun.es. C’était magnifique de voir que mes questionnements étaient perçus différemment et évoluaient à travers chaque regard. On en revient toujours et encore à l’autonomie de l’œuvre !

Mes deux processus de création se rejoignent souvent, cela n’est pas aussi clair que je l’énonce évidemment. Je suis souvent surprise moi-même de ce que je comprends d’une œuvre pendant ou après l’avoir terminé. Elle commence sans but ni concept en tête mais je découvre petit à petit son sens inconscient et elle prend sa place de manière évidente dans un de mes questionnements. »

Des inspirations diverses : de l’académisme au plus personnel

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Une de ses œuvres à l’encre de chine, « Sculpture humaine ».

« Mes inspirations sont évidemment multidisciplinaires, comme ma création. Il y a des inspirations artistiques directes, de grands artistes comme Modigliani, Giacometti, Frida Kahlo, Schiele, mais aussi des artistes contemporains comme Zanele Muholi, Chris Gambrell, Agnes Grochulska ou encore Jamilla Okubo. D’autre part, la philosophie me questionne beaucoup mais avant cela, je pense que c’est la littérature qui nourrit le plus ma création. La poésie de Pessoa ou Pérec, les légendes et contes millénaires, la Bible aussi, bref de nombreux textes résonnent en moi et à travers mes travaux. 

Outre mes inspirations artistiques, il y a aussi évidemment les inspirations de ma vie personnelle. De mon quotidien, de mon entourage, de mes cours, de mes balades, de mes tristesses, de multiples expériences comme mes voyages qui me bouleversent et dont les images et rencontres trottent toujours dans un coin de ma tête puis refont surface petit à petit inconsciemment dans mes dessins. Il y a quelques jours, je faisais un croquis d’une personne sans aucune idée en tête de qui représenter, en me laissant improviser. Le dessin s’est petit à petit transformé en une vieille dame indienne que je n’ai reconnue qu’à la fin de mon croquis. C’était une dame que j’avais dessinée devant un temple hindou il y a un an à Delhi. Elle était assise avec deux autres femmes âgées sur un banc et elles bavardaient en regardant les gens passer. Ce moment était beau. Elles ont accepté que je les dessine et après quelques minutes de croquis pas fameux, leur sourire devant le résultat m’a profondément ému. Elles ont gardé le dessin et j’ai gardé ce souvenir et une photo de nous quatre. Ce rejaillissement de ce moment à travers mon croquis inconscient m’a rappelé à quel point toutes ces rencontres et expériences influencent ma création. »

Cette semaine, en accompagnement de l’art de Soline, Kipo vous propose une petite recette de grand-mère : l’osso bucco. Plat italien mijoté à base de jarret de veau, il est idéal pour les familles de gourmands !

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💸: €€

🍴(4 personnes) : 4 viandes d’osso bucco (une par personne) / 5-6 grosses pommes de terres / 2 grandes carottes / du concentré de tomate / 1 gros oignon / olives noires / champignons / 15 cl de vin blanc / farine / huile / une noix de beurre / un peu de muscade / un peu de piment en poudre / bouquet garni

💪: Facile

• Faites bouillir dans une cocotte-minute vos carottes et pommes de terre.

• Pendant ce temps farinez vos ossos bucos et mettez-les dans une marmite large huilée. Retournez-les : il faut que chaque côté cuise pendant 3 min.

• Rajoutez votre oignon coupé grossièrement en lamelles.

• Après quelques minutes mettez le beurre, vos champignons et vos olives.

• Mettez le concentré de tomate et le vin blanc.

• Rajoutez la muscade et le piment.

• Vos carottes et patates prêtes, mettez-les dans votre marmite où se trouve l’osso bucco.

• Mettez dans la marmite votre bouquet garni.

• Faites cuire à feu doux pendant 40 minutes et pensez à remuer de temps en temps.

💡: Pour ma part j’aime bien servir le plat avec du pain. L’intérieur de l’os à moelle est délicieux sur un bout d’une baguette tradition !

Bon appétit !

Merci à Soline et Kipo pour leur participation à ce neuvième numéro ! N’hésitez pas à les suivre sur leurs comptes respectifs, et à découvrir d’autres œuvres de notre artiste de la semaine sur son site (liens ci-dessous). On’ se retrouve la semaine prochaine pour découvrir les atouts de couturière de notre secrétaire générale, Adèle. En attendant, portez-vous bien, et gros baisers portatifs !

Pour suivre Soline et Kipo…

Soline :

Site perso : https://www.soline-destais.com/?fbclid=IwAR1D_G8oee-KSeK6eiZh8qtSpGwMspU6S6q-VBz4z-7sNif7SLkmAlYTp0E 

Kipo : 

Instagram : @__kipoo__ (https://instagram.com/__kipoo__?igshid=rpc4rt2sue4c)

Crédits photos : photos prises par Soline et Kipo

Paul Philipon

Paul Philipon

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