Dans le dernier épisode de cette série d’articles, je vous parlais de mon road-trip au Nord de l’Italie et des habitudes culinaires des habitants, que je continue de découvrir de jour en jour. Avant l’instauration du second confinement imposé pendant les fêtes de fin d’année, j’ai pu profiter de partir à l’aventure pour découvrir quelques nouvelles villes magnifiques. Je profiterais de cet article pour vous décrire mes aventures et mes difficultés d’étudiante Erasmus, l’irrésistible soif de liberté et la gestion de la frustration…
S’emparer de chaque once de liberté :
Avant tout, le programme Erasmus fait référence au nom du théologien néerlandais Erasme. Pourquoi vous préciser cela ? Parce que ce programme d’échange et d’enseignement repose sur l’essence même de sa philosophie, basée sur l’humanisme et le cosmopolitisme… ou bien la poursuite de la liberté, de rencontres et de partage avec d’autres cultures. Plus qu’un citoyen du monde, le cosmopolite est un citoyen de l’univers… Assoiffé par le désir d’apprendre de l’autre, avec l’autre, comme s’il n’était en fait qu’une partie de soi depuis le début, attendant d’être rencontrée. Cette soif s’est emparée de moi vers 15 ans, quand j’ai décidé que j’allais faire un Erasmus en Italie quand je serais à la fac. Malgré la pandémie, cette expérience m’apporte ce que j’étais venu chercher : l’autre, l’immense richesse qu’il m’apporte, la langue qu’il m’enseigne, les paysages qui l’entourent et la nourriture qu’il me donne (ou que je paye) ! Même si j’aurais aimé pouvoir profiter de davantage de liberté, cette forme de recentrage imposé me force à me concentrer sur la véritable raison de mon voyage ici et peut-être même de décupler les émotions que j’expérience avec les personnes rencontrées, comme pour mieux les apprécier à leur juste valeur.
La liberté ne se traduit pas seulement par une distance physique. J’ai pu découvrir de nouvelles libertés : celle de découvrir des endroits relativement proches de ma ville (Lac de Côme, Bergame, Monza…), de profiter de manger une pizza dans un restaurant (quel luxe à cette période !), ou encore de célébrer les fêtes de fin d’année avec mes collocs italiens, en profitant des spécialités locales telles que le célèbre Panettone ! (cf image) Même si passer Noël loin de sa famille peut perdre de sa magie, j’ai retrouvé les sensations de liesse et de fête qui m’étaient chères, d’une manière totalement inédite. Quant au nouvel an… je dois avouer que j’étais sceptique. Pour éviter de porter malchance pour 2021, j’ai préféré ne pas m’emballer. En même temps, il n’y avait pas grand-chose à faire. Alors une soirée ciné à la maison, une bouteille de champagne et quelques feux d’artifice sur le toit de la maison ont suffi pour réchauffer nos cœurs et mettre des étoiles dans nos yeux.
Gérer sa frustration :
À peine après avoir profité de m’échapper pour découvrir de nouvelles villes, je devais me résigner au second confinement durant les fêtes… Coup dur. Néanmoins, les révisions des partiels à distance m’ont occupé. Pour gérer cette frustration de l’isolement, il était primordial selon moi de trouver du réconfort. J’ai trouvé le mien dans les films en streaming, à défaut de ne pas pouvoir se vider la tête au cinéma. Ensuite, il m’a fallu affronter le temps qui passe. Et c’était douloureux. Le temps s’écoule, les journées défilent et se ressemblent, mais la vie semble stagner. Que faire ? Évacuer sa colère en méditant ou en faisant du sport… dormir et oublier ? Ou bien transformer cette aventure confinée en leçon de vie en relativisant ? J’ai choisi les deux options : se morfondre et accepter pour avancer avec espoir et optimisme. Après tout c’est bien vrai, les plages sont plus belles en été, Rome sans ses touristes et ses badauds n’a plus tellement d’essence ni de sens… Et les forteresses médiévales, les montagnes et les lacs resteront immuables. Les paysages m’attendront paisiblement encore des mois, ou des années. Si vous pensez que cette année était la pire, c’est que la prochaine sera forcément meilleure. Alors j’espère vous retrouver rapidement pour vous raconter si le gouvernement italien aura été clément avec moi pour me laisser vivre mon rêve, même si l’essentiel de mon voyage, je l’ai déjà vécu au plus profond de moi-même.
Concernant ma prise de recul et le relativisme, je me suis rendue compte en écrivant ce journal que j’ai commencé à écrire sur ce qu’il y avait de plus superficiel à faire en voyage : prendre l’avion et partir à l’inconnu est une chose, découvrir une nouvelle marque de jambon ou de chocolat en est aussi une autre. Mais apprendre que la liberté que je cherchais n’est pas celle que j’ai découverte, en est une autre. Je vous invite à voir le film « L’Auberge espagnole » qui est un des trois films de la trilogie de Cédric Klapisch sorti en 2002 avec Romain Duris, Audrey Toutou et Cécile de France. Ce film retranscrit assez bien l’idée que j’essaye de véhiculer puisque le personnage principal quitte la ville de Barcelone – où il a séjourné pendant un an lors de son Erasmus – avec un nouvel amour. Non pas celui qu’il partageait à distance avec sa petite amie française, mais celui qu’il porte désormais pour ce qui est devenu sa nouvelle famille, ses nouveaux amis et pour l’Espagne en général qui a été son pays d’accueil. L’important dans le voyage n’est donc pas tant le départ en soi mais ce qu’on y trouve à l’arrivée (contrairement à l’adage « l’important ce n’est pas la destination c’est le voyage », qui a pourtant aussi un sens très intéressant dans un tout autre contexte). Ici, ce n’est pas le fait de voyager au sens de se mouvoir qui est ludique et enrichissant, mais bien les rencontres, les expériences et ce que l’on en fait : la valeur que l’on y attribue… Dans mon cas, j’ai découvert et réalisé de nombreuses choses qui ne me quitteront jamais. Je vous quitte sur cinq belles citations qui illustrent cette philosophie.
« On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées »
Hippolyte Taine
« Investir dans les voyages, c’est investir en soi-même »
Matthew Karsten
« Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace »
Alexandra David-Néel
« Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses »
Henry Miller
« C’est le propre des longs voyages que d’en ramener tout autre chose que ce qu’on y est allé chercher »
Nicolas Bouvier
J’espère que cet article vous aura fait voyager, bonnes fêtes (a posteriori) et… a tra poco, amici.
Cynthia Zantout
Ajouter un commentaire