Depuis le dernier épisode, j’ai pu découvrir de belles choses en Italie et m’immiscer davantage dans le quotidien des locaux. Dans ce deuxième épisode, on parlera de la communication avec les Italiens, des habitudes culturelles, de la difficulté à trouver de nouveaux repères quand on est étranger et de leur culte… pour la nourriture. En espérant que ces récits vous fassent un peu voyager durant cette période de vie sédentaire !
Avant que le gouvernement de Giuseppe Conte ne signe le décret instaurant le couvre-feu à 22h et les fermetures de nombreux établissements, j’ai pu voyager dans la partie septentrionale de l’Italie, dans le Piémont et en Ligurie. J’ai pu visiter Turin de nuit, j’ai erré dans des petits villages, longé les littoraux d’Imperia à Sanremo et j’ai été éblouie par l’immensité des paysages viticoles de Langhe-Roero et Monferrato, qui sont inscrits dans le patrimoine mondial de l’UNESCO.

Et évidemment, comme j’habite à Milan, j’ai aussi pu découvrir ses monuments et les spécialités locales comme l’escalope à la Milanaise originale qui a une saveur incomparable ou encore la Focaccia, un pain extrêmement moelleux que l’on peut agrémenter d’olives, de tomates, d’oignons ou encore de fromage… un délice.

Source : Liguria Business Journal
Les déboires de la communication
La musicalité de la langue me fascine autant qu’elle m’intimide. J’ai beau avoir suivi 45 heures d’italien intensif pendant 15 jours avec une prof incroyable… je dois forcer mon cerveau à se concentrer quand j’entame une discussion avec un nouvel interlocuteur. La langue italienne est chantante et très modulée mais aussi assez rapide (du moins pour moi). Et comme dans toutes les langues, les italiens ont leur lot d’expressions populaires et leurs accents. J’ai donc pu apprendre quelques interjections comme : Cazzo !, minchia !, madonna…, dai !, figurati !, che schifo !, boh !… et j’en passe. Ce qui est intéressant avec l’Erasmus, c’est qu’on peut apprendre la langue dans ses différents contextes. Le vocabulaire que j’apprends avec mes professeurs de fac n’est pas le même qu’avec mes amis italiens ni mes collocs, ou chez le kebabier du coin. Et dans le pire des cas, on peut toujours se raccrocher à l’anglais ou le langage corporel pour se comprendre… Ce qui m’a valu de nombreuses situations comiques.
Si vous envisagez de faire un séjour à l’étranger, je ne peux que vous conseiller d’habiter en colocation. Grâce à cela, j’ai pu passer des moments privilégiés et inoubliables avec mes colocataires italiens. En grande partie, ce sont eux qui m’ont appris toutes ces expressions du quotidien. De plus, la cohabitation force le contact et donc l’interaction… vous n’aurez donc aucune excuse! Par rapport au logement également, il est très avantageux de partager un logement car vous pourriez bénéficier d’un espace beaucoup plus grand et donc plus agréable à vivre qu’un petit studio en solitaire. Les collocs m’ont aussi mis la main à la pâte… et c’est le cas de le dire car j’ai pu réaliser mes premiers raviolis. Je dois avouer que pour la piètre cuisinière que je suis, c’est une grande réalisation comme en témoigne cette photo.

Nouveaux repères et programmes culinaires
Je ne sais pas vous, mais je n’étais jamais allé à l’étranger toute seule. Je compatis tellement avec les étudiants immigrés! Partir en solo, c’est indéniablement se priver de son confort. Déjà parce qu’on ne connaît pas la destination aussi bien que son chez soi, et donc qu’on accepte de perdre absolument tous nos repères. Déjà pour faire les courses! Il faut traduire les produits, comprendre l’organisation du magasin (qui n’est pas toujours la même qu’en France) et trouver les produits équivalents de ceux qu’on a l’habitude d’acheter… ce qui n’est pas une mince affaire! Sans rire, j’ai bien perdu 20 minutes à chercher de la crème fraîche en déambulant dans les allées… sans succès. Ce qui aide à retrouver un peu de familiarité, c’est de pratiquer une activité que l’on connaît dans son pays. Dans mon cas, c’est la boxe et la musique. Pouvoir partager ses passions avec des gens du pays, c’est tellement enrichissant! C’est une sorte de choc culturel et parfois même générationnel. Il peut être assez difficile de trouver sa place et de se fondre dans la masse quand on est étranger. Être un étranger, c’est être étrange aux yeux des natifs. Au début, j’ai eu l’impression que tout le monde pouvait le lire sur mon front (du coup, avoir une frange me rassurait un peu). Plus sérieusement, l’Italie est un pays frontalier donc je me suis dit qu’on serait plus ou moins les mêmes… et pourtant même en prenant les transports en commun, j’ai senti que tous les codes français auxquels j’ai été habitué n’étaient pas les mêmes qu’ici. J’ai remarqué que personne ne validait son titre de transport dans les bus ou les tramways.
Les gens semblent moins chaleureux qu’en France mais ce phénomène est sûrement accentué par le COVID, je vous l’accorde. Dans tous les cas, il faut bien passer par cette étape de la confrontation avec « l’autre », et donc accepter que l’autre peut avoir des préjugés négatifs sur soi pour essayer de les amoindrir et créer une relation plus fraternelle entre les deux pays! Cela peut s’arranger autour d’une bonne pizza… D’ailleurs en parlant de nourriture, ils vouent un culte démesuré pour la cuisine. Il y a même la chaîne « Food Network » qui y est dédiée et de nombreuses chaînes diffusent une grande quantité de programmes culinaires dans la journée comme Cortesie per gli ospiti qui est une sorte de Un dîner presque parfait donc à domicile, Ci pensa Antonino qui ressemble à Cauchemar en cuisine avec Philippe Etchebest et Pizza Hero qui se concentre sur les pizzaioli italiens. Mais il existe aussi L’Italia a morsi, Food Advisor, I menu di Benedetta, Fatto in casa per voi, I diari della forchetta… ou encore Cake Star 3 et Bake Off Italia qui sont des équivalents à Le Meilleur pâtissier.
Je vous donne rendez-vous dans le troisième épisode: ci rivediamo presto!
image de bannière : (vignes des Langhe dans le Piémont), Source : piemonteland.it/
Cynthia Zantout
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