Qu’en est-il aujourd’hui de l’engagement amoureux chez les jeunes ?
Entre les histoires où rien n’est jamais clair pour certains, les retour décevants des dates Tinder pour d’autres, ou encore les longues traversées du désert amoureux, qu’en est-il réellement de cette jeunesse ? Est-elle uniforme dans son rapport à l’engagement amoureux ? Ou au contraire est-elle multiple et difficile à définir ?
D’un point de vue général, chaque époque, par ses mœurs singulières, tend à une homogénéisation des conduites. Une idéologie des conduites qui avant même de se traduire dans l’intime, se développe insidieusement dans la société.
L’intime qui peut être synonyme d’une relation de soi avec soi-même ou d’un intime à deux. D’un engagement amoureux qui prend forme sous le regard amical ou ennemi d’une société qui l’influence inconsciemment.
De l’engagement d’antan à l’engagement moderne
L’engagement amoureux chez les jeunes des générations précédentes semble de façon générale bien moins polymorphe et mouvant que celui qui a cours dans la société actuelle.
Quand le premier semble mettre en avant un engagement matériel pour s’assurer de la valeur, la sureté et la pérennité de la relation par le biais de biens communs, d’un contrat de mariage signalant une union sûre et inaliénable ou encore d’une volonté d’engagement précoce avec comme concrétisation complète le fait de devenir parents, le second ne semble pas acter d’âge précis pour se faire, même si la société pousse les jeunes jouxtant la trentaine à une remise en question dans la perspective d’une construction. Avant cet âge, seul un engagement moral peut suffire à sceller une union entre deux personnes.

D’une jeunesse qui se cherche
Cet engagement moral comprend de nombreux paramètres et divergences selon les cas, mais les notions de liberté, d’autonomie, d’écoute et de communication semblent être des valeurs qui priment et qui, in fine, permettent un équilibre au sein du couple.
Cet équilibre n’est pas inné. C’est peut-être la raison pour laquelle, dans de nombreux cas, chez les plus jeunes on observe une première relation assez longue. Celle-ci serait-elle calquée sur le modèle parental, jusqu’alors l’un des seul à avoir été constaté de près ? C’est une éventualité. Néanmoins, il s’avère que ces premières histoires débouchent sur une grande désillusion et ce modèle, unique jusqu’ici, est alors remis en cause. Cette désillusion les laisse dans un désarroi d’autant plus grand, qu’ils n’ont pas souvent eu le temps de construire une connaissance réelle d’eux-mêmes et de ce qu’ils peuvent être sans l’autre. Une construction bancale qui pousse les plus âgés à errer un certains temps entre une lente construction personnelle et des aventures qui tournent vite court, jusqu’à trouver une stabilité et une clarté dans ce qu’ils recherchent, plus ou moins rapidement. Un cheminement qui explique encore une fois cet engagement tardif.
De l’influence des réseaux sociaux
Les diverses applications de rencontres et les réseaux sociaux jouent aussi un rôle majeur dans le processus d’engagement ou de pérennisation du couple. La pluralité de choix sur les applications de rencontres peut mener à une surconsommation et à une certaine superficialité dans la rencontre, même si ce n’est pas toujours le cas. À défaut de s’attarder sur une personne qui nous semble difficile à cerner ou au moindre obstacle ne plus vouloir s’y intéresser alors qu’avec de la patience une belle histoire pourrait advenir, il est souvent plus facile de retourner sur cette frénésie du marché de la rencontre virtuelle, avec l’espérance et souvent la fausse certitude, de toujours trouver mieux.
Quant aux couples engagés, les réseaux sociaux mènent souvent à une hypervigilance des interactions en ce qui concerne les interactions de son partenaire avec d’autres personnes. Malgré une confiance installée, ces réseaux sont développés de telle sorte que beaucoup peuvent en arriver à espionner ce que l’autre like, ce qu’il vit en dehors du couple, ou bien encore à être en alerte sur des détails – comme l’heure de lecture d’un message resté sans réponse – ce qui peut entrainer à terme une perte de confiance et une dégradation du couple, allant parfois jusqu’à la séparation.
Il semble que dans son rapport à l’engagement amoureux la jeunesse moderne soit multiple, et que l’emprise qu’avait la société sur la génération précédente, en l’assujettissant à un modèle type, a eu un effet tout autre sur la jeunesse 2.0. Cette société l’a influence en la rendant, à l’inverse de la précédente, plus consciente d’elle-même mais ainsi plus difficile à définir, même si le portrait de cette jeunesse que l’on a décidé de peindre ici reflète les schémas d’engament amoureux les plus courants.
Crédits photos : Elliott Erwitt
Manon Martin
Ajouter un commentaire