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La technologie, entre souveraineté individuelle et instrumentalisations

L’essor de la technologie s’est accompagné d’un progrès humain et social, aussi bien à l’échelle individuelle que sociétale. Cet essor a conduit à une révolution numérique qui a profondément modifié les modes de vie et de pensée. Pourtant, entre souveraineté individuelle et instrumentalisations politiques et commerciales, les frontières sont parfois poreuses…

La technologie, véritable progrès humain, social et sociétal

Historiquement, l’expression « technologie » née au XVIIe siècle renvoie à l’application de la science à des pratiques concrètes. Aujourd’hui, elle rime avec innovation, souveraineté individuelle et progrès humain. Tout d’abord, la technologie simplifie la vie quotidienne en améliorant la mobilité (transports) et en permettant une prise de contact instantanée et universelle grâce aux technologies de l’information. Ensuite, elle renforce la sécurité individuelle dans l’espace public avec la géolocalisation et dans la sphère privée avec les alarmes et les digicodes. Enfin, elle est vectrice de progrès : progrès humain car elle peut faciliter la médecine (lecteur de glycémie pour les diabétiques…), progrès social avec tout ce qu’elle apporte pour faciliter la vie quotidienne (émancipation de la condition féminine avec la machine à laver et diffusion gratuite et universelle de connaissances), ainsi que progrès sociétal car les nouvelles technologies permettent de nouvelles pratiques et sociabilités en ligne (réseaux sociaux, forums) qui se fondent au sein du capital social bourdieusien. Ce dernier peut être défini comme l’ensemble des ressources personnelles (amis, réseau d’influence…), avéré ou potentiel, qu’un individu peut mobiliser dans son intérêt. Plus le capital social d’un individu est grand, plus il tend à être privilégié dans les dynamiques sociales. Ces sociabilités en ligne, appelées aussi liens faibles ou secondaires, permettent d’élargir et diversifier ce capital social comme le démontre la théorie des liens faibles du sociologue Granovetter. 

La difficile conciliation entre Big Data et liberté

L’omniprésence de la technologie dans nos vies s’accompagne inévitablement de nombreux inconvénients. Ainsi, nos données personnelles s’accumulent à foison dans le cloud : notre position GPS, notre historique web ou encore le tracking de nos achats bancaires… Autant de « Big Data » qui s’immiscent dans notre intimité, le plus souvent à nos dépends. Elles interfèrent avec notre santé (communication des données sensibles de la carte vitale) et nos finances personnelles. Des assureurs monétisent les vies humaines en créant des « profils-type » à partir de données personnelles (âge, antécédents médicaux, revenus) pour osciller entre primes et refus d’assurance. 

Source d’inspiration de nombreuses fictions, la technologie donne progressivement lieu à des dystopies en raison de ses dérives à l’encontre de nos libertés fondamentales. Le Big Brother orwellien et la série Black Mirror interrogent les conséquences inattendues des nouvelles technologies (traces numériques, réalité augmentée). Les inquiétudes relatives à la technologie émergent du fait que ces dystopies deviennent parfois réalité avec les mesures de surveillance généralisée qui remettent en cause le principe d’anonymat. Si l’émergence du système de crédit social chinois qui trie les « bons » et « mauvais » citoyens en fonction de leur civilité par le biais de la reconnaissance faciale choque beaucoup l’Occident, la surveillance de masse est également l’apanage des démocraties.  

S’attarder aux causes plutôt qu’aux effets

Qui se cache derrière cette atteinte au libre arbitre ? D’un côté, il y a les géants du web américains et chinois : les GAFAM et les BATX  (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiomi). De l’autre, on compte les États comme le programme d’espionnage américain de la NSA, révélé par Edward Snowden, qui a permis la collecte de données personnelles de millions de personnes, institutions et chefs d’États, ou encore plus récemment en France l’autorisation d’une centralisation étatique de données, anonymes a priori, d’opérateurs téléphoniques pendant l’état d’urgence sanitaire du COVID-.19.

Étudier uniquement les effets de la technologie tels que la privation de liberté est insuffisant si une analyse fine des causes n’est pas opérée. Selon le philosophe Eric Sadin, cela s’explique par la volonté d’instaurer un techno-libéralisme où la technologie a pour objectif une organisation rationnelle de la société à travers notamment une évolution des comportements et des mentalités. Il ajoute que les systèmes technologiques comme l’intelligence artificielle ne doivent pas s’accaparer le monopole de la vérité et des incitations, sans recueillir le consentement des individus qui sont des « êtres d’appréhension multisensorielle du réel » (interview en direct sur Thinkerview, chaîne indépendante)

Ces critiques ne doivent pas pour autant prôner un retour en arrière dans un monde sans technologie. L’alternative à la dérive de surveillance totalitaire et de la réduction des libertés individuelles existe : c’est le maintien la démocratie. Selon Noah Yuval Harari, spécialiste de l’histoire du monde, la technologie doit appuyer la démocratie à travers l’information, la collaboration et la transparence, dans l’objectif de rétablir la confiance des citoyens envers le pouvoir politique, l’expertise scientifique et les médias qui sont aujourd’hui en crise de légitimité.

Aymee Nakasato

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