Dans le cadre de la première édition du Prix littéraire On’, nos rédacteurs-jurés ont lu avec assiduité les 13 livres en compétition, pris des notes sur leur ressenti et vous proposent une série d’articles pour vous faire saliver en attendant de vous révéler le nom des lauréats. Aujourd’hui, on analyse pour vous Nous étions nés pour être heureux, un ouvrage de Lionel Duroy en lice dans la catégorie “Romans”.

Une chaude après-midi d’octobre. Paul Dunnoyer, écrivain à succès organise une réunion de famille avec ses frères et sœurs qu’il n’a pas vu depuis 27 ans. Tous lui reprochent d’avoir fait du désastre de leur enfance la matière première de ses livres. Paul, au contraire, a toujours vu l’écriture comme une catharsis, un moyen de réparer les blessures de son passé.
Un passé dont on apprend peu au final. L’enfance désastreuse de la famille est abordée par bribes dans le récit mais ne représente pas un point essentiel.
Lionel Duroy, l’auteur de Nous étions nés pour être heureux concentre son écriture autour de l’idée des retrouvailles. Chaque membre de la famille y apporte son ressenti, son vécu : la famille est nombreuse, les avis divergent.
Identification
En tant que lecteur, on s’associe très facilement à l’histoire. On a le sentiment d’être assis à la table du déjeuner et d’écouter le reste de la – notre – famille parler. Les passages descriptifs sont bien écrits, ils nous transportent dans le jardin d’une grande maison, dans la chaleur des dernières journées d’été, celles dont on voudrait qu’elles s’éternisent à l’infini. Les récits familiaux sont entrecoupés au rythme des différents plats : on se souvient de la démence de la mère à l’entrée, de la maîtresse du père au plat, de la tentative de suicide du frère au fromage et ainsi de suite. Heureusement, le temps de la réconciliation semble venir avec le dessert. Enfin, si cela est encore possible.
Une thématique récurrente
Depuis son premier roman, Priez pour nous, Lionel Duroy a toujours placé le thème de la famille au centre de son écriture, comme le fait son protagoniste. De son vrai nom Lionel Duroy de Suduiraut, ses livres sont inspirés de sa propre vie : un père ruiné, une mère folle et neufs frères et sœurs sur lesquels il écrit. En 2011, il publie Colères dans lequel il décrit comment son fils l’a assigné en justice. Dans Le Chagrin, sorti en 2010, Duroy retraçait son histoire familiale, de leur expulsion de Neuilly à leur petit appartement délabré de Vaucresson.
En revanche, que les lecteurs se rassurent : nul besoin d’avoir lu toute l’épopée familiale des Duroy avant d’attaquer ce dernier opus. Il suffit d’avoir une famille pour s’identifier. On referme le livre avec le sentiment d’être rassasié, le déjeuner a été long, les récits nombreux, mais la qualité d’écriture de Duroy nous fait tout digérer.
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