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Ce que leurs notes en disent #1 – (Sunday) Bloody Sunday – 1ère partie

Le conflit nord-irlandais, toujours d’actualité

Les artistes d’aujourd’hui sont-ils des êtres déconnectés de l’actualité ? Chez On’, on pense le contraire. On’ pense même que la musique peut nous permettre de nous questionner sur le monde. Dans « Ce que leurs notes en disent », on vous propose d’explorer un thème d’actualité par le regard des artistes. Cette fois-ci, on se penche sur le conflit nord-irlandais, cette guerre jamais vraiment terminée. Tout ça avec U2 et son célèbre « Sunday Bloody Sunday », évidemment.

Petit conseil de l’auteure : avant de lire cet article, rafraîchissez-vous la mémoire en (ré)écoutant la chanson, avec les paroles devant les yeux : ça pourrait vous être utile de l’avoir bien en tête…

« I can’t believe the news today »…

18 avril 2019. Lyra McKee, 29 ans, est tuée par balles à Londonderry alors qu’elle couvrait les violences qui avaient lieu dans la ville. Comme un parfum de déjà vu et pourtant « je n’arrive pas à croire la nouvelle du jour »… Des événements qui rappellent des souvenirs douloureux : l’époque des « Troubles ». Une période de conflits incessants et de tensions permanentes en Irlande du Nord. Une guerre civile qu’on définit arbitrairement comme allant de 1968 à 1998. Mais la fin officielle des « Troubles » en 1998, grâce à l’accord du Vendredi Saint, n’aura pas permis de mettre fin aux antagonismes qui opposent les communautés.

Petit rappel historique : pendant les « Troubles », l’Irlande du Nord, territoire britannique, voit s’affronter les Unionistes (ou Loyalistes), majoritairement protestants et fidèles au Royaume-Uni ; contre les Nationalistes (ou Républicains), majoritairement catholiques et partisans d’une Irlande unifiée, libérée de l’emprise britannique. On dénombre environ 3,600 morts lors de ces décennies de guerre civile. Dont plus de la moitié était des civils.

« the battle’s just begun »…

C’est en 1972 qu’a lieu le fameux Bloody Sunday, à Londonderry. Une ville qui incarne à elle seule le conflit nord-irlandais. En effet, le nom de la ville a fait l’objet de nombreuses controverses. Pour les partisans d’une Irlande unie, opposés à l’influence britannique, le terme « London » dans le nom est beaucoup trop connoté. Si bien que la ville est souvent surnommée Derry plutôt que Londonderry.

De manière générale, 1972 est, sans équivoque, l’année la plus sanglante du conflit. Le dimanche 30 janvier 1972, 14 personnes sont tuées par les troupes britanniques lors d’une marche pacifique des Républicains catholiques à (London)Derry. Les tirs ont lieu en plein jour, en pleine rue et laisseront également 27 blessés. C’est le Bloody Sunday, le Dimanche Sanglant. Quelques mois plus tard, ce sera le Bloody Friday : 9 personnes trouveront la mort dans des attaques de l’IRA (Irish Republican Army), milice paramilitaire nationaliste (pour des précisions, cliquez ici). Un cycle de représailles meurtrier et sans fin : « tell me who has won? ». Pourtant, « la bataille ne fait que commencer ». Il faudra attendre 30 ans pour qu’un procès reconnaisse la responsabilité des soldats britanniques lors du Bloody Sunday, ainsi que l’innocence des victimes civiles, qui ne portaient pas d’armes.

Un « mural » de Derry, représentant la tuerie du 30 janvier 1972

Le Bloody Sunday fut l’un des événements marquants et emblématiques des « Troubles ». D’où sa reprise par U2, qui évoque non seulement cet événement précis mais également l’ensemble du conflit. C’est la tuerie qui a provoqué le plus de morts civiles durant tout le conflit nord-irlandais. Ce massacre choqua l’opinion publique mais fut aussi le point de départ d’une hostilité grandissante entre l’armée britannique et les Républicains.

Les murs séparant les quartiers de Belfast, érigés pour éviter la violence entre communautés et garantir la sécurité des citoyens, portent en eux le symbole de cette guerre tragique.

« we can be as one »…

U2, groupe irlandais, va s’emparer de l’événement et sort « Sunday Bloody Sunday » le 11 mars 1983. Un single appartenant à l’album War. Un album qui porte terriblement bien son nom. Enregistrée aux studios Windmill Lane de Dublin, cette chanson deviendra un titre emblématique du groupe. Une chanson qui a particulièrement contribué à rendre U2 célèbre aux États-Unis.

Petit conseil de l’auteure : regardez la performance de U2 en concert : encore une fois, ça vous sera être utile…

La chanson commence par les premières notes de la batterie, dont le battement sonne comme un tambour militaire, un appel à la bataille. Bono adopte la démarche d’un fantassin… Mais c’est le drapeau blanc qu’il brandit : « I wont’ heed the battle call » (« je ne tiendrai pas compte de l’appel au combat »). Puis la foule répond à son appel : « NO MORE !! ». Un hymne contre la violence, en Irlande et partout ailleurs. Le message est clair : « nous pouvons ne faire qu’un ». Aujourd’hui encore, la voix de Bono résonne avec un écho plus fort que jamais. Entre rage et espoir, entre colère et tolérance, cette chanson traverse le temps avec toujours autant d’authenticité, malheureusement. Et surtout ne vous laissez pas berner pas la paix apparente : « we eat and drink while tomorrow they die ».

La suite samedi 29 juin !

Clarisse Portevin

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