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Qu’est-ce qu’être pauvre dans le monde en 2019?

Oxfam a publié ce 21 janvier son traditionnel rapport sur les inégalités dans le monde. Un chiffre retient l’attention : les 26 plus grosses fortunes du monde détiennent autant que la moitié la plus modeste de l’humanité. Elles étaient pourtant encore 43 l’année précédente. Mais quelle est l’évolution pour la base de la pyramide ? Assiste-t-on […]

Oxfam a publié ce 21 janvier son traditionnel rapport sur les inégalités dans le monde. Un chiffre retient l’attention : les 26 plus grosses fortunes du monde détiennent autant que la moitié la plus modeste de l’humanité. Elles étaient pourtant encore 43 l’année précédente. Mais quelle est l’évolution pour la base de la pyramide ? Assiste-t-on à une stagnation, une progression ou un recul de la pauvreté dans le monde ?

Alors que le forum de Davos débute, l’ONG Oxfam rapporte chaque année l’évolution des écarts de richesse à l’échelle planétaire (téléchargeable en version pdf ici). En cette année 2019, le verdict est sans appel : les plus riches accumulent des fortunes de plus en plus considérables, à l’image d’un Jeff Bezos. Ayant amassé à 55 ans plus de 112 milliards d’euros selon Oxfam, il est en tête des quelque 2 200 milliardaires que comptent le monde. Plus encore, la richesse de ce groupe augmenterait de 2,5 milliards de dollars par jour… Des chiffres qui donnent le tournis.

Mais nous avons tenu à regarder de plus près la partie immergée, discrète, silencieuse de l’iceberg des inégalités. Si les écarts se creusent indiscutablement entre les milliardaires et le reste de la population mondiale, cela veut-il dire que les pauvres s’appauvrissent encore ? Quel est l’âge, le sexe, le pays des humains aux richesses les plus modestes ? Ont-ils vu leur niveau de vie reculer ces dernières années ?

Le visage de la pauvreté aujourd’hui : une jeune femme africaine

Si nous avions à dresser le portrait-robot d’une personne pauvre dans le monde, elle habiterait tout d’abord probablement en Afrique, les dix pays ayant le plus bas PIB par habitant s’y trouvant. En 2017, ce chiffre atteignait ainsi à peine 250 $ pour un Soudanais du Sud, pays alors le plus pauvre. Soit moins d’un dollar par jour en moyenne. Cette personne serait également sans doute une femme ; celles-ci détiennent, selon le rapport d’Oxfam, un tiers de ressources en moins que leurs homologues masculins. Assez logiquement, cette personne serait plutôt jeune, comme l’ensemble des habitants de son pays : en 2015, selon les chiffres de la Banque mondiale, plus de la moitié de la population avait moins de 20 ans dans la quasi-totalité des pays de l’Afrique subsaharienne.

Quelle évolution pour les plus pauvres ?

Si la situation est bien évidemment préoccupante pour ces populations, quelques chiffres semblent montrer une amélioration de leurs conditions de vie. En effet, en 2005, toujours selon la Banque mondiale, 6,3 % de l’humanité vivait avec moins d’1,90 $ par jour, soit environ 410 millions de personnes. Ce taux a été divisé par deux en 2015 (3,1 %). Alors que la population mondiale a augmenté de 800 millions de personnes, il reste 228 millions de gens en situation d’extrême pauvreté selon cet indice (et en parité de pouvoir d’achat).

Mais d’autres indicateurs peuvent être également regardés. L’espérance de vie a fortement progressé entre 2005 et 2015 dans le monde : plus aucun pays ne se situe sous la barre des 50 ans, et l’espérance de vie moyenne dans le monde se situe au-dessus de 70 ans, gagnant en moyenne quatre ans durant cette période, et plus de six ans pour les pays d’Afrique selon les Nations Unies. 

L’une des principales causes regardées est le recul du SIDA : le même organisme a ainsi pu annoncer que 2018 a été la première année durant laquelle moins d’un million de personnes étaient mortes à cause de ce virus, tout en insistant pour maintenir le cap dans sa lutte (le rapport peut être consulté ici).

Sortir de la pauvreté, c’est aussi avoir accès aux biens vitaux : l’accès à l’eau a été étendu à environ 1,5 milliards de personnes entre 2000 et 2015 (11 % des humains dans le monde en sont cependant toujours privés). Durant la même période, la part de la population n’ayant pas accès à l’électricité est passée de 23 % à 13 %.

Enfin, on peut sans doute voir dans l’éducation et l’accès aux informations une voie de sortie de la misère : l’Unicef estime que 61 millions d’enfants ne peuvent toujours pas aller à l’école primaire ; ils étaient 100 millions en 2000. Les Nations Unies considèrent en outre que 2017 marque l’année où plus de la moitié de l’humanité a pu utiliser Internet.

Peut-on s’en satisfaire ?

Quelque réjouissants que soient ces chiffres, ils n’entrent bien sûr pas en contradiction avec ceux d’Oxfam : on peut en effet affirmer à la fois que les plus pauvres ont des conditions de vie qui semblent s’améliorer, et que les inégalités se creusent, car l’extrémité haute de la pyramide renferme en son sein de plus en plus de richesses. Et ce sont ces deux éléments qui font dire à l’un des côtés que la situation s’améliore, à l’autre qu’elle s’empire.

La réalité semble plus complexe, et on serait plutôt tenté de dire que les plus modestes ne profitent pas autant de l’amélioration de leurs conditions de vie qu’il pourrait être possible, loin s’en faut. La progression du club des « supers-riches » est donc un paramètre inquiétant, à surveiller de près pour l’éradication de la pauvreté, car il peut représenter un frein délétère. Mais il ne pourrait résumer à lui seul la tendance des conditions de vie dans le monde.

Nos sources proviennent en très grande majorité des chiffres fournis par la Banque mondiale ou les différents organismes des Nations Unies, en plus des rapports cités au fil de l’article.

Crédit photo : Oxfam

Henry Hautavoine

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