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Qatar, une folie des grandeurs payée au prix fort

Le Qatar est en pleine préparation de la Coupe du monde 2022, mais cette organisation s’avère compliquée et tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : traitement des travailleurs étrangers mis en cause, possible délocalisation de certains matchs, le tout assaisonné de troubles diplomatiques. Nous revenons sur les tensions qui […]

Le Qatar est en pleine préparation de la Coupe du monde 2022, mais cette organisation s’avère compliquée et tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : traitement des travailleurs étrangers mis en cause, possible délocalisation de certains matchs, le tout assaisonné de troubles diplomatiques. Nous revenons sur les tensions qui entourent cet événement.

C’est donc au Qatar qu’aura lieu la prochaine Coupe du monde de football, du 21 novembre au 20 décembre 2022. Cette unique phrase aura suffi pour souligner plusieurs anomalies entourant l’organisation de l’événement le plus médiatisé au monde.

On peut d’abord noter que c’est la première fois dans l’histoire de la Coupe du monde que le tournoi aura pour théâtre un pays du Moyen-Orient. C’est un État qui n’a en apparence aucune culture footballistique comme on peut en trouver en Argentine ou au Brésil. Mais là n’est pas le problème, car si on a déjà vu des Qataris intervenir dans le milieu du football avec notamment divers investissements, on n’a encore jamais vu une Coupe du monde se disputer en hiver à cause du climat. Là n’est pas non plus le problème majeur causé par l’organisation de ce Mondial. La réception d’un événement aussi important demande des ressources financières tout aussi importantes. Le Qatar les détient, mais des infrastructures ne sortent pas de terre en enterrant des billets. Le pays est conscient que l’organisation de la compétition est un véritable défi, mais les moyens mis en œuvre pour y parvenir défient parfois toute morale. Là est le réel problème.

La Kafala, ou l’esclavage institutionnalisé

Avant toute chose, il faut savoir que sur les 2,6 millions d’habitants du Qatar, 80 % d’entre eux sont des étrangers. La plupart viennent d’Inde ou du Népal afin de travailler sur les chantiers des stades qui serviront lors de la Coupe du monde. Le Kafala au Qatar est le nom donné au système d’emploi concernant ces étrangers. Le parrainage est au cœur de son fonctionnement où tout travailleur étranger doit se trouver, avant de venir, un patron ou une entreprise lui garantissant un travail une fois sur place.

 Cependant, c’est aussi un système vicieux qui transforme le patron en maître tout puissant et le travailleur en esclave moderne. Tout d’abord, tant que le salarié est sous contrat, il ne peut quitter son travail sans l’accord de son patron, sous peine de rentrer dans l’illégalité et d’encourir des peines allant jusqu’à l’emprisonnement. Aussi, un employeur peut empêcher un travailleur de quitter le pays en détenant légalement le passeport de ce dernier, lui ôtant ainsi toute porte de sortie et tout espoir de fuite.

Il est également important de noter que les travailleurs vivent dans des conditions peu enviables. Ils sont souvent « entassés » par dizaines dans des chambres avec une salubrité plus que douteuse, sans oublier que le travail dans les chantiers sous le soleil qatarien par plus de 50°C n’a rien d’une promenade de santé. Tout ceci renforcé par le fait que les étrangers n’ont pas le droit de créer de syndicats ou de corporations, ce qui les empêche ainsi d’espérer une quelconque négociation pour une avancée de leurs droits et conditions. Les constructions des infrastructures pour le mondial devraient faire un total de 4000 morts d’ici 2022 selon les estimations, mais la finalisation des travaux semble être la priorité. Cependant, le monde semble rester aveugle face à ces dérives, et bien lointain du sort des travailleurs.

Des travaux à rallonge ?

En temps normal, la Coupe du monde regroupe 32 nations . Mais cette édition 2022 ne fait vraisemblablement rien comme les autres. Il se pourrait en effet que le nombre d’équipes soit élargi à 48, alors que cela avait été annoncé pour 2026. Si la FIFA décide d’accélérer les choses, cela n’arrange en rien le Qatar car de nouveaux stades devront être construits. Ainsi, des matchs pourraient être joués en dehors du pays. Comme l’émirat n’entretient pas de bonnes relations diplomatiques avec ses voisins comme l’Arabie Saoudite, c’est au Koweït que les rencontres supplémentaires se disputeraient.

Beaucoup de problèmes restent donc non résolus sur cette organisation, comme la conjugaison d’efficacité et de morale lors de la construction de stades. Même si nous avons du spectacle en 2022, quel coût cela aura t-il eu ?

Source photo : France Football

Bruno Esteban Garay

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