Du 4 au 9 décembre se tenait au Max Linder Panorama le PIFFF Festival, le seul, l’unique, Paris International Fantastic Film Festival. Autrement dit, LE rendez-vous pour les amateurs de films fantastiques.
Sorb’on s’y est rendu parce que lorsqu’on aime le cinéma, on aime aussi les films de genre. Mais avant tout, c’est quoi un film de genre ?
Films de genre : Films de Cinéma
Le film dit « de genre » se caractérise par des codes précis, reconnus par le spectateur, afin de proposer un contenu divertissant et léger. Ainsi, le cinéma de genre est souvent déconsidéré par rapport au cinéma dit « d’auteur », soi-disant plus artistique. Concrètement, on classera dans la catégorie film de genre les Westerns, les films policiers, les Péplum, les Thrillers, les films d’horreur, les films fantastiques, etc. Le PIFFF diffuse essentiellement des œuvres apparentées aux trois derniers genres cités.
Depuis plusieurs années, le cinéma de genre se fait une place de plus en plus importante parmi les élites du cinéma en France. Prenons le Festival de Cannes comme outil de référence. En 2015, Thierry Frémaux (Président du Festival) accueillait hors-compétition Georges Miller, réalisateur de Mad Max : Fury Road. Un film qui fut reconnu pour ses qualités de scénario et de mise en scène (par Les Cahiers du Cinéma, Les Inrocks et bien d’autres), au-delà même de son aspect purement spectaculaire. En 2018, c’était Black Panther (Ryan Coogler) qui était projeté en extérieur sur la plage de la Croisette. Le président du Festival lui-même était venu présenter l’oeuvre, un geste politique fort.
Mais voilà, si certaines portes s’ouvrent, d’autres restent closes. Le cinéma de genre est donc cantonné à la plage tandis que la porte du Palais des Festivals reste fermée. Et pourtant, entre courses de bagnoles et têtes décapitées, entre duels de revolvers et morts-vivants affamés, entre flics corrompus et belles prostituées, il y a des messages qui se trouvent nulle part ailleurs.
Assassination Nation
Le PIFFF n’a pas manqué de nous le rappeler. Le cinéma de divertissement, en grossissant certains traits de notre société, peut aller beaucoup plus loin dans la dénonciation. Et voilà que le Festival s’ouvre avec le nouveau film de l’Américain Sam Levinson. Un film spectaculaire et devant lequel on prend littéralement son pied. Musique entraînante, scènes de sexe gratuites et violences à gogo, autant de choses qui feraient fuir bon nombre de « puristes du 7ème art ». Mais pourquoi cela empêcherait toute réflexion ?
Assassination Nation c’est l’histoire de la petite ville américaine de Salem qui, à la suite des leaks de contenus numériques des habitants, devient complètement folle. Une folie qui va jusqu’à vouloir s’en prendre à quatre lycéennes provocantes. J’entends d’ici les soupirs de certains, et je n’aurai pas d’arguments pour contrer les leurs. Simplement une interrogation, quel film d’auteur se positionnant en faveur du droit des femmes a osé mettre en scène cette question si simple et si profonde : « Pourquoi tu ne me fais pas de cuni ? ». Et la réponse, d’une violence particulièrement révélatrice : « Parce que tu ne me l’as jamais demandé. Si tu ne m’avais pas sucer, je te l’aurai simplement demandé. »
Film féministe certes mais pas uniquement. Car le genre est avant tout du divertissement, à ne pas entendre comme un gros mot. Parce que dans notre divertissement nous pouvons encore nous interroger. Dire que ce film est féministe est insuffisant et réducteur. Finalement le travail du cinéaste est avant tout construit autour de scènes de sexe, de violence, de gunfights jubilatoires. C’est là, dans la jouissance d’une femme découpant son agresseur au rasoir, que gît le message social. Un message politique en puissance, une doctrine en devenir, vous l’aurez compris : il ne tient qu’au spectateur d’activer tout le potentiel intellectuel d’un tel film. Ou bien, vous pouvez juste kiffer, c’est tout aussi important. D’ailleurs, ça tombe bien : Assassination Nation est actuellement en salle.
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