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Chronique d’un Petit Prince #2 : faut-il regarder la coupe du monde ?

Les nations se battent pour le Graal du ballon rond : la coupe du monde. Alors qu’il y a encore quelques temps des journalistes disaient que c’était l’occasion de voir des millionnaires courir derrière un ballon, il est temps de se poser une question bien trop oubliée par le débat public : le petit prince regarderait-il la […]

Les nations se battent pour le Graal du ballon rond : la coupe du monde. Alors qu’il y a encore quelques temps des journalistes disaient que c’était l’occasion de voir des millionnaires courir derrière un ballon, il est temps de se poser une question bien trop oubliée par le débat public : le petit prince regarderait-il la coupe du monde avec sa rose et son mouton ? 

 Tandis que les nations retiennent leur souffle à chaque étape de la coupe du monde, que penser de ce phénomène gigantesque qui fédère au moins autant qu’il divise. Au JT de France 2 on entend Anne Sophie Lapix dire que ce sont des millionnaires qui courent derrière un ballon, et Michel Onfray qui fustige ce sport devenu symbole d’un système absurde.

Et si on laissait l’argent de côté ? Certes, ça peut sembler essentiel tant c’est ostentatoire et certes, ça déborde. Cela peut-être critiqué. Mais il faut penser également qu’est-ce que le foot permet en lui-même, indépendamment du salaire versé qui est au fond, une autre histoire.

Un matin, sur CNews, dans « l’heure des pro », le débat est lancé : si la France gagne la coupe : est-ce que cela pourrait faire remonter la côte de popularité d’Emmanuel Macron? Oui ou non, nous verrons bien. L’intérêt de cette question c’est qu’elle montre qu’implicitement, l’on sait que cela aura un effet bien plus important qu’une simple victoire d’un match de foot. La coupe du monde a ce quelque chose en plus qui a des effets tout à fait inattendu sur la pays. Lesquels ? Réveiller un esprit collectif.

«Il faut des rites»

Revenons-en donc au petit prince, bien loin des considérations des pro de CNews. La coupe du monde est devenue un rite, tous les quatre ans, qui tend l’atmosphère de façon particulière. Pourquoi ? Pour rien sans doute, c’est historique. Et puis le foot, quand on y réfléchit bien, c’est le sport de tout un chacun : un ballon, un grand espace et des cages. Tout le monde peut jouer au foot. La coupe est donc devenu un rite, et cette notion de rite est importante. Le renard explique au petit prince qu’un rite, «c’est ce qui fait qu’un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. » La coupe du monde, c’est une autre heure qui a un parfum singulier qui rend le moment particulier, chérissable.

Etre français, c’est avoir gagné en 98′

Ernest Renan, grand penseur politique qui a notamment défini la conception française de la nation, dans sa conférence donnée en Sorbonne le 11 mars 1882 « Qu’est-ce qu’une nation«  dit « Une nation est une âme, un principe spirituel […] la possession en commun d’un riche legs de souvenirs». Il suffit de voir la victoire de la France en 98′. Pour être français, quelque part, il faut connaître 98′ : date devenue mythe qui fait partie du patrimoine de tous les français. Etre français, c’est avoir gagné en 98′ (entre autre…).

Renan écrit également que « La nation […] est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements» et qu’elle est rendue possible parce que les hommes ont « fait de grandes choses ensemble ». On se souvient de la victoire de 98′, de la défaite de 2006, ou de 2016. Faire un pays c’est partager des joies, des peines,: c’est construire quelque chose ensemble. Une victoire qu’elle soit de foot ou d’autre chose participe de la cohésion d’une nation. Le foot n’est qu’un écran finalement. C’aurait pu être n’importe quoi d’autre. Mais c’est en cela que le foot est intéressant : il est une partie du ciment qui permet à une nation d’exister. Qu’importe le flacon tant qu’il y l’ivresse ! Le foot est un flacon qui permet l’ivresse de l’esprit patriotique d’un temps. 

Une victoire plutôt que des frontières

Un pays, derrière les Bleus ou ailleurs, c’est « dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ». Voilà qui en laissera songeurs quelques-uns qui regardent le match et veulent fermer les frontières…

Alors oui, le petit prince regarderait le match tout là-haut, depuis son astéroïde B612. B… c’était le groupe de la France. Hasard ou complot ? Finale dimanche !

Lilian Vimal de Murs

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