Les Hongrois étaient dans la rue samedi 21 avril pour protester contre la réélection du Premier ministre conservateur Viktor Orban. Élu en 2010, il a décroché un troisième mandat consécutif le 8 avril avec 50 % des voix. Les manifestants dénoncent le manque de démocratie dans le pays, pourtant membre de l’Union européenne depuis 2004.
« Mon pays n’est plus une démocratie »
Les manifestations du 21 avril ont réuni 30 000 personnes. Les manifestants, jeunes pour la plupart, demandaient le recompte des bulletins de vote : « Nous sommes la majorité », « Viktator, fous le camp ! ». La semaine précédente, ils étaient 100 000. Une manifestation de taille dans ce pays de 9,8 millions d’habitants.
Avec 50 % des voix dès le premier tour pour son parti Fidesz, le Premier ministre Viktor Orban s’est assuré les deux tiers des sièges du Parlement. Les manifestants accusent aussi le Premier ministre de museler les médias. Le service public de l’information serait soumis à un sérieux contrôle éditorial et les médias indépendants seraient nombreux à être rachetés par des hommes d’affaires proches du pouvoir. « Mon pays n’est plus une démocratie. Il n’y a plus de liberté de la presse. C’est une dictature maintenant, les gens commencent à avoir peur de dire ce qu’ils pensent, comme pendant le communisme », a confié la styliste hongroise Eszter Kaiser au journal Le Monde.
« Stop Soros »
Depuis des mois, le Premier ministre hongrois a fait de George Soros, milliardaire philanthrope américain d’origine hongroise, l’ennemi public du pays. Il l’accuse de vouloir favoriser l’immigration en Hongrie avec l’aide de l’Union européenne. Le Premier ministre anti-immigration et anti-européen se sert de George Soros comme d’un prétexte à un contrôle abusif des médias et même des ONG.
La semaine dernière, un hebdomadaire proche du gouvernement a dévoilé une liste de 200 personnalités. Journalistes, professeurs, employés d’ONG, y sont accusés d’être liés aux « réseaux Soros ». Viktor Orban le tient comme responsable des maux de la Hongrie. Le premier, l’immigration massive. Le Premier ministre va encore plus loin. Il dit détenir une liste de 2000 personnalités mandatées par George Soros pour « renverser le gouvernement ». Avant le scrutin, le Premier ministre a annoncé vouloir faire adopter au plus vite des lois intitulées « Stop Soros » qui pourraient nuire davantage au travail des médias.
Des manifestations de soutien étaient organisées le week-end dernier à Paris, Londres et Berlin. Le haut-commissariat des droits de l’homme des Nations Unies a condamné dans un tweet la liste des 200 personnes liées aux « réseaux Soros » qui « s’attaque à l’espace de la société civile ». La liste et les menaces de loi de Viktor Orban inquiètent la liberté de la presse en Europe déjà mise à mal par les meurtres récents de deux journalistes opposés aux gouvernements de leurs pays, la Maltaise Daphne Caruana Galizia et le Slovaque Jan Kuciak.
Crédit photo : Time Magazine
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