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Macédoine – Grèce : l'autre contestation d'héritage du moment

Le vendredi 30 mars les représentants de la Macédoine et de la Grèce négocient sous l’égide de l’ONU à Vienne en prévision du changement de nom de la Macédoine. Retour sur ce conflit diplomatique vieux de près de trois décennies. La République socialiste de Macédoine a été fondée par Tito au lendemain de la Seconde […]

Le vendredi 30 mars les représentants de la Macédoine et de la Grèce négocient sous l’égide de l’ONU à Vienne en prévision du changement de nom de la Macédoine. Retour sur ce conflit diplomatique vieux de près de trois décennies.

La République socialiste de Macédoine a été fondée par Tito au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, comme membre des 6 nations de Yougoslavie. Le territoire Macédonien actuel est le même que celui de 1945. Autrement dit, directement hérité de la période médiévale. Seul le territoire antique d’Alexandre le Grand est en Grèce. Dans un premier temps, la création de la nouvelle nation a peu ému. Les autorités n’ont vu dans la démarche de Tito qu’une simple volonté de se protéger d’anciennes revendications territoriales bulgares. En effet, le territoire macédonien était sous le contrôle de la Yougoslavie et n’existait nullement dans les instances internationales. Il ne représentait aucune menace pour la Grèce. C’est donc seulement en 1991, avec la dislocation de la Yougoslavie, que « la question macédonienne » fait son apparition avec la naissance de la République de Macédoine indépendante.

La Grèce se sent menacée par le nom de son voisin

A la tête d’un jeune état pluriethnique, les leaders macédoniens ont cherché un souvenir commun et fédérateur. Alexandre le Grand et son père Philippe II sont désignés comme ancêtres du pays, le drapeau choisi représente le symbole d’Alexandre, un soleil de Vergina, et un article de leur constitution impose d’aider tout Macédonien, même hors du territoire. Les choix de la jeune république ont été extrêmement mal accueillis. Dès 1992, à Thessalonique capitale de la région grecque de Macédoine, 1 million de personnes ont manifesté. Les Hellènes considèrent que leur héritage culturel est pillé, que les références à l’antiquité sont une menace directe d’annexion d’une partie de leur territoire.

Face à la Grèce, le nouveau pays fut rapidement contraint de plier. Il entre en 1993 à l’ONU avec comme désignation officielle, toujours en vigueur, « Ancienne République yougoslave de Macédoine ». De 1994 à 1995, la Grèce ferme toutes ses frontières communes avec la Macédoine.  Ce qui contraint le pays à modifier subtilement son drapeau et retirer de sa constitution la référence aux Macédoniens de l’étranger. Il ne restait alors que la problématique du nom sur laquelle la Grèce est inflexible. Elle a bloqué par veto la candidature macédonienne à l’UE en 2005 et à l’OTAN en 2008. De son côté, le Premier ministre nationaliste macédonien de 2006 à 2016 a multiplié les provocations.  Il inaugure alors des monuments à la gloire de Philippe II et d’Alexandre le Grand.

Entre progrès et barrages nationalistes

L’élection en mai 2017 d’un nouveau premier ministre, le social-démocrate Zoron Zaev, a rouvert la voie aux négociations. Un premier contact sous l’égide de l’ONU et sous la pression des États-Unis a eu lieu à New York le 17 janvier 2018. Une nouvelle rencontre quelques jours plus tard, à Davos a permis à la Macédoine de démontrer sa bonne foi. En effet, elle débaptise l’aéroport de Skopje et l’autoroute menant en Grèce nommée Alexandre le Grand. Toutefois, le climat entourant les négations est extrêmement tendu pour les deux Premiers ministres. Le 21 janvier de grandes manifestations nationalistes ont eu lieu à Thessalonique. Puis le 4 février à Athènes. Enfin, du côté macédonien c’était à Skopje et dans des communautés à l’étranger le 4 mars.

Le Premier ministre Zoran Zaev a refusé de supprimer le terme Macédoine de la dénomination de son pays. En revanche, il accepte l’ajout d’une précision géographique (« Haute-Macédoine » a les faveurs du Premier ministre). Insuffisant pour les Grecs qui continuent à craindre les prétentions territoriales et symboliques de leur voisin. Un récent sondage montre que 73 % de la population s’oppose à la garde du terme Macédoine dans le nom du pays. Malgré des désaccords qui affectent jusqu’à son gouvernement, Alexis Tsipras, Premier ministre grec, semble ouvert au compromis proposé par les Macédoniens. Les négociations entamées à Vienne le 30 mars semblent se diriger vers une résolution du conflit d’ici la fin du mois sous réserve des pulsions nationalistes des deux populations voisines.

Crédit photo : Les Echos

Benjamin Terrasson

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