Lundi 29 janvier, à 18h, le grand amphithéâtre de la Sorbonne se remplit en la mémoire d’Elie Wiesel. Décédé à l’âge de 87 ans (30 septembre 1928 – 2 juillet 2016). Le tout Paris est là : Nicolas Sarkozy, Bernard-Henri Lévy, Jack Lang, Franz Olivier Gisbert, Francis Huster, etc. Une « réunion de famille » dit Gisbert à la tribune. Un entre soi finalement dépassé par la mémoire d’un homme à l’histoire lourde de sens.
La soirée commence avec une présentation d’Elie Wiesel par l’animatrice de la soirée : Marie Drucker. Fils de souffrance, qui a vu son père mourir sous ses yeux, battu à mort par un Allemand à Auschwitz. Son histoire est née du néant, d’une histoire qui voulait arracher des pages. A 15 ans, il est déporté. Son père, sa mère et sa jeune sœur mourront sous le fléau nazi.
De déporté, il se fera le rapporteur d’une histoire. Ainsi, en 1958 il publie La Nuit, un témoignage de l’horreur. Ecrivain et philosophe, Elie Wiesel enseigne aux Etats-Unis et il sera récompensé du Prix Nobel de la paix en 1986.
La Sorbonne comme Panthéon
« La Sorbonne est un lieu de parole magistrale, la parole d’Elie Wiesel doit rester parole magistrale » lance le Gilles Pécout, le recteur de la région académique Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités. Le recteur salut la mémoire d’un homme qui faisait partie d’une « génération de parole ».
Dès lors, vient le discours le plus attendu, celui de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, qui a bien connu l’écrivain philosophe. Son discours installé sur son pupitre, le Président prend la parole et rend un vibrant hommage à l’homme qu’il a connu. Il évoque notamment son « énergie de vivre » qui « comme tous les rescapés, était immense ». Il ajoute qu’Elie Wiesel n’a pas participé à « une prise de conscience, mais une crise de conscience. » En effet, le Président explique « qu’on ne parlait pas de ces choses-là » dans la France d’après-guerre. Ces choses-là, c’est la déportation. C’est l’horreur dont Wiesel s’est fait le rapporteur.
Le Président achève en mettant en garde contre les révisionnistes. « La déconstruction de l’histoire sera la peste intellectuelle de notre siècle. Cette déconstruction de l’histoire s’attaque à notre civilisation […] Les témoins de la shoah s’en vont, et avec eux les images, les odeurs, les cris. Le récit remplace le témoignage vivant. L’histoire se substitue à la mémoire. C’est la marche du temps. C’est l’histoire qu’il faut défendre, c’est le seul hommage qu’il attendait. »
« C’est avec la plume d’Elie que j’ai découvert l’horreur»
Ensuite, c’est son ami Maurice Lévy, l’organisateur de la soirée qui prend la parole. « C’est avec la plume d’Élie que j’ai découvert l’horreur de la déportation, de l’extermination froide. »
C’est d’ailleurs à sa plume que Pierre Arditi et Francis Huster sont venus aussi rendre hommage. Les deux comédiens ont lu des textes de l’auteur. La voix chaude d’Arditi (bien qu’enregistrée) et l’interprétation de Francis ont fait vibrer tout l’amphithéâtre.
Elie Wiesel, what else ?
Jack Lang, BHL et l’universitaire américain Michael de Saint-Chéron, se sont donnés la réplique pour faire de l’hommage à Elie Wiesel, l’occasion de quelques propositions. Jack Lang souhaite relancer l’institut Elie Wiesel de la culture et du monde. Tandis que M. de Saint-Chéron souhaite envoyer une lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale pour que les textes d’Elie Wiesel soit enseignés aux élèves de quatrième et troisième.
Des propositions qui comme la lettre, restent ouvertes.
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