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Inégalités mondiales : l’édifiant rapport 2018

Jeudi 14 décembre a été publié le Rapport sur les Inégalités Mondiales 2018. Il dresse un bilan édifiant sur l’évolution des inégalités dans le monde.

Jeudi 14 décembre a été publié le Rapport sur les Inégalités Mondiales 2018 coordonné par, entre autres, les économistes Thomas Piketty et Emmanuel Saez. Ce rapport a été permis grâce à la collaboration de près de 100 chercheurs à travers le monde entier. Cette étude dresse un bilan édifiant sur l’évolution des inégalités dans le monde de 1980 à aujourd’hui.

L’objectif principal de cette étude était de collecter un maximum de données à travers le monde afin d’évaluer au mieux les inégalités et d’alimenter par des faits le débat public. Ce travail est d’autant plus fastidieux que beaucoup de pays ne publient pas de statistiques détaillées et cohérentes sur les inégalités.

Une nouvelle méthode de calcul des inégalités

Jusqu’à maintenant les inégalités étaient évaluées par des enquêtes auprès des ménages. Cela pose notamment le problème de la subjectivité des personnes interrogées, qui ont tendance à sous-estimer leur patrimoine.

Pour cette étude, une technique de mesure inédite et novatrice a été utilisée. Elle permet d’estimer les inégalités en croisant de multiples données. Elle regroupe à la fois les données de revenus et de patrimoines estimées dans la comptabilité nationale, les données collectées via des enquêtes déclaratives, les données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines et également les classements des grandes fortunes.

Une hausse édifiante des inégalités mondiales

Ce rapport souligne une hausse des inégalités à travers le monde durant ces dernières décennies. Il constate néanmoins une évolution différente selon les pays. On remarque que cette hausse des inégalités est surtout flagrante au Moyen-Orient et plus faible en Europe. En effet, « en 2016, la part du revenu national allant aux seuls 10 % des plus gros revenus […] était de 37 % en Europe, 41 % en Chine, 46 % en Russie, 47 % aux États-Unis/Canada, et autour de 55 % en Afrique sub-saharienne, au Brésil et en Inde. Au Moyen-Orient, région du monde la plus inégalitaire […], le décile supérieur captait 61 % du revenu national. »

Cette étude souligne également un paradoxe. Elle montre que des pays de même niveau de développement ont suivi des trajectoires en matière d’inégalités complètement différentes. En effet, la Russie et la Chine, tous deux d’anciens pays communistes et de développement économique semblable, n’ont pas évolué de la même manière. La Russie a effectivement vu s’envoler son niveau d’inégalité depuis son ouverture contrairement à la Chine, qui a elle un niveau d’inégalité qui reste constant. Mais alors pourquoi ? Les deux pays ont en fait mis en place des politiques d’ouverture complètement différentes. Ainsi, l’ouverture de la Russie a été beaucoup plus brutale que celle de la Chine. On constate la même différence entre l’Amérique du Nord l’Europe de l’Ouest, malgré un niveau de développement semblable.

L’Etat : un acteur qui joue un rôle essentiel dans la réduction des inégalités

Sous-estimé depuis les années 80, avec les vagues de libéralisation et de déréglementation orchestrées par Ronald Reagan aux Etats-Unis et Margaret Thatcher en Europe, l’étude met en avant le rôle important que doit jouer l’Etat dans la réduction des inégalités. En effet, bien qu’il ne puisse se substituer au marché, il peut néanmoins corriger quelques-unes de ses défaillances, notamment en termes d’inégalités de revenu et de patrimoine.

Ce rapport préconise ainsi aux Etats de mettre en place des impôts progressifs, et d’investir dans l’avenir. Au niveau mondial, il souligne l’importance de créer un registre financier mondial. Le but : éviter les évasions fiscales qui contribuent incontestablement à la hausse des inégalités mondiales. La mesure est d’autant plus nécessaire que « les capitaux placés dans des paradis fiscaux ont considérablement augmenté depuis les années 1970 et représentant aujourd’hui plus de 10 % du PIB mondial ».

La classe moyenne est encore la grande perdante…

Cette étude montre que la classe moyenne est la plus impactée par la hausse des inégalités ces dernières décennies. En effet, elle relève que « Les 1 % d’individus recevant les plus hauts revenus dans le monde ont profité deux fois plus de cette croissance que les 50 % d’individus les plus pauvres. Ces 50 % du bas ont cependant bénéficié de forts taux de croissance, alors que la classe moyenne mondiale (dans laquelle on retrouve les 90 % d’individus les plus pauvres en Europe et aux États-Unis) voyait la croissance de son revenu comprimée. » Si les tendances actuelles se prolongeaient, la classe moyenne verrait son patrimoine d’autant plus diminué.

Ce rapport préconise aux États d’agir rapidement afin d’éviter l’aggravation des inégalités. Il conseille également aux pays de suivre l’exemple de l’Europe de l’Ouest. Mais il leur déconseille fortement de suivre le modèle nord-américain, mauvais en termes de réduction des inégalités. Bien que la pauvreté et les inégalités ne puissent pas être éradiquées, elles ne sont pas pour autant irréversibles. Reste aux États le choix de la politique à mener pour les réduire.

Manon HEYERE

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