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Le grand concours d'éloquence de l'Unicef : des orateurs au rendez-vous

C’est dans le très bel auditorium de l’Institut Catholique de Paris (ICP) que se tenait ce lundi 20 novembre,  la Journée Internationale des droits de l’enfant, le grand concours d’éloquence de l’Unicef. Seulement vingt-huit ans après la Convention Internationale des droits de l’enfant de 1989, les situations d’urgence se multiplient. Dans un monde où le […]

C’est dans le très bel auditorium de l’Institut Catholique de Paris (ICP) que se tenait ce lundi 20 novembre,  la Journée Internationale des droits de l’enfant, le grand concours d’éloquence de l’Unicef.

Seulement vingt-huit ans après la Convention Internationale des droits de l’enfant de 1989, les situations d’urgence se multiplient. Dans un monde où le besoin en aide humanitaire grandit de plus en plus malgré l’alerte des différentes ONG, il reste beaucoup à faire. Présents à ce grand concours d’éloquence organisé par l’ICP, neuf étudiants de plusieurs grandes écoles sont venus défendre avec grandi-éloquence la cause de l’Unicef. Devant un jury d’excellence composé notamment du grand Bertrand Perrier, ils ont tenté de nous convaincre, avec brio. Retour sur cet événement.

L’Unicef : une agence au service de chaque enfant

L’Unicef lutte maintenant depuis plus de soixante-dix en faveur des droits de l’enfant, et ce dans près 190 pays comme l’a très bien rappelé Dominique Chevalier, vice-présidente d’Unicef France. À l’échelle de la planète, les chiffres interpellent : ce sont près de 186 millions d’enfants de 5 à 15 ans qui pratiquent des activités néfastes à leur santé. 186 millions d’enfants privés de leurs droits fondamentaux, d’un accès garanti à l’éducation, à la santé, à la vie. Face à ces inégalités criantes, l’Unicef intervient alors pour protéger l’enfant, et tâche de lui offrir ce dont il a été privé du fait de son lieu de naissance, de sa religion ou de son ethnie.
«
Une journée pour les enfants, par les enfants», c’est ainsi que s’intitulait la Journée Internationale dédiée à l’enfance, de ce lundi 20 novembre. L’idée étant  d’inviter les enfants du monde entier à user du pouvoir des mots pour défendre leurs droits. Place donc à ces orateurs-défenseurs de talent, tout droit venus de Sciences Po, de la Sorbonne, d’Assas, d’Ileri et de bien d’autres encore… Tous déterminés à convaincre à la fois l’auditoire et le jury de se mobiliser pour cette cause.

Des discours oscillant entre notes de culpabilisation et espoirs…

La voix posée, lisse et convaincante, elle récite, calmement, les premiers vers du poème «Melancholia». Puis elle ajoute : «nous constatons avec tristesse que les mots de Victor Hugo (XIXe) semblent bien trop réels aujourd’hui». Clémence nous rappelle avec justesse les chiffres et la dure réalité du travail infantile (esclavage, prostitution, enfants soldats…). Elle nous force à nous imaginer notre cousine ou notre sœur allongée et maquillée sur un lit. Attendant de satisfaire les désirs d’un touriste. Avant de conclure de la manière la plus simple possible : «Agissons, ne restons pas insensibles».

Soléa quant à elle invoque le caractère pur de l’enfance, son innocence et nous demande de nous interroger sur ces baskets, smartphones et autres biens de consommation. Produits par ces pauvres enfants au profit de «quelques actionnaires» plus ou moins transparents sur leurs modes de production. Nous nous devons d’empêcher ce cercle vicieux de prospérer et d’user des médias et de la communication.

Elle nous fait culpabiliser tout au long de sa plaidoirie. Laura nous interpelle et en appelle à notre conscience : «de quel droit privez-vous un enfant de son bonheur, de son éducation? Comment pouvez-vous vous permettre de le considérer comme un adulte?» Elle termine sur des mots qui nous touchent : «Ne détruisez pas sa madeleine de Proust».

Armande nous fait à juste titre réaliser pour sa part que la pauvreté fabrique de toutes pièces un terrain de chasse pour les multinationales. Dont la recherche permanente du profit rend aveugle et se nourrit de la pauvreté. Elle nous fait noter que personne n’a encore parlé jusqu’à son passage en septième position de la conférence de Bueno Aires. Une conférence tenue il y a quelques jours contre le travail des enfants. Armande nous implore d’accorder, tous, une importance plus grande à cette cause. Elle finit par citer Dostoïevski : «On compare parfois la cruauté de l’homme à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers».

D’autres prononcés sur un ton ironique, poignant et tonique

Elle est ici chez elle à l’ICP, éloquente et convaincante. Lara parle avec le cœur et ça se sent, ça se voit. Elle oriente son discours sur la question démographique, assez peu évoquée depuis le début. Elle s’appuie sur l’exemple de l’Iran où un projet de loi vise à empêcher les femmes d’avoir recours à la contraception. Puis elle assène avec un ton cynique «Haribo c’est beau la vie? Vraiment?! Mais dans quel monde vivez-vous?». Cela a pour but de nous rappeler avec un slogan publicitaire très simple l’hypocrisie des multinationales. Qui derrière un beau message, cachent des enfants travaillant à la chaîne.

Axel manie l’éloquence comme une évidence, et s’exprime sur un ton ironique pendant la plus grande partie de son discours. Ce qui finit par le desservir quelque peu. Il enchaîne métaphores et allusions aux jeux de notre enfance («les cartes Pokémon») tout en rappelant que «quelque part dans le monde des petits doigts modèlent le plastique». Derrière un discours maîtrisé à la perfection, on a néanmoins un peu de mal à comprendre les arguments de fond.

Alice reprend elle aussi Hugo, et clame avec ironie : «Remercions ces entreprises qui emploient ces enfants, le travail est une opportunité». Certes «un petit boulot comme vendeur à 18 ans est une chance, mais non, porter les armes à 8 ans n’en est pas une». Elle oriente son discours différemment des autres candidats : l’enfant serait utilisé comme un outil économique au sein de la société. L’enfant, acteur inconscient de la publicité, du monde marketing. L’enfant, objet d’investissement au détriment de son propre développement. Elle cite Eugène Margot pour conclure : «N’oubliez pas qu’un enfant est un avenir façonné par le rêve».

Lui refuse de commencer sur une utopie à l’eau de rose de type «les enfants jouaient dans le jardin quand soudain…». Paco nous conte donc son enfance, paisible, car lui est né à Paris. Puis nous demande ce qu’il en est des enfants qui travaillent dans les autres pays? Sa démonstration est claire : l’enfant construit l’avenir. Mais que construit un enfant sans enfance? «Sans être, au mieux rien ne se passe, au pire tout empire». Drôle et assez à l’aise, il comptait parmi les candidats les plus sérieux.

Une jeune candidate dont l’éloquence sera salut de tous…

Malgré tout, Juline est LA grande gagnante de ce soir. Ella a convaincu la salle entière et presque la majorité du jury. Digne représentante d’Assas, elle a su parfaitement gagner des points là où Axel en a perdu. Celle qui était présentée comme une débutante a su manier ironie, sens du discours et arguments percutants. Elle jongle avec des phrases efficaces comme tirées d’un spot publicitaire. «Bienvenue au paradis des enfants» lance-t-elle d’abord avec ironie.

Elle rappelle ensuite que l’enfant est malheureusement au service de la société de consommation. Qu’il en est même un des piliers et pour cela qu’il suffit de regarder les catalogues de jouets… Dans un second temps elle fait de ses propos des images, en déplorant à vive voix que : «Thomas, 8 ans, travaillant 14h par jour pour 12 euros, modélise le jouet qu’Elise, 8 ans, recevra pour Noël». Les gens doivent construire un meilleur futur pour l’Humanité.

Une soirée portée sur les solutions pour l’avenir?

Les orateurs ont tous, par leur talent et la force de leurs idées, réussi à nous subjuguer. Ils ont tous su nous toucher droit au cœur, pour ceux dont l’éloquence est une passion…
Nous avons été éblouis, nous les avons applaudis, et nous nous souviendrons longtemps de ce lundi. Ils étaient neuf candidats à participer et bien qu’aucun n’ait démérité, seul un pouvait triompher. Tous ont rappelé avec justesse que l’enfance n’avait pas de prix. Ainsi, il est impératif de mettre fin à cet esclavagisme.

Mathis Joubert

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