Voici un résumé du film que Sorb’on a eu la chance de voir en avant première : Latifa, le coeur au combat. L’histoire de cette mère qui, après la mort de son fils, tué par Mohammed Merah en 2012, s’est relevée et a monté une association pour la paix et la jeunesse.
Le début d’une fin
Sorb’on a eu l’occasion de voir en avant-première le documentaire d’Olivier Peyon et Cyril Brody Latifa, le coeur au combat qui sortira le 4 octobre prochain.
Ce dernier relate l’histoire de cette mère qui a fondé une association pour la paix et la jeunesse peu de temps après le meurtre de son fils, Imad, militaire français tombé sous les balles du terroriste islamiste franco-algérien Mohammed Merah le 11 mars 2012. Ce dernier tuera, dès lors et jusqu’au 22 mars 2012, jour de son arrestation par le GIGN, sept autres personnes dont un père et son fils dans une cour d’école. Cette mère a fait du meurtre de son jeune fils son combat pour la paix et la jeunesse, pour qu’il n’y ait plus jamais de Merah, pour que plus personne n’ait à pleurer son fils.
Le spectateur est ainsi accompagné dans les coulisses de cette association, qui porte le nom de son fils, Imad.
Au-delà même de l’association, le spectateur entre presque dans l’intimité de cette mère qui se bat pour l’honneur de son fils et pour que son symbole de paix perdure. S’il fallait le décrire brièvement, ce film serait un mélange de trois éléments : le deuil, l’intégration et la paix. L’histoire de Latifa est l’histoire d’une femme forte, digne et profondément pacifiste. En perpétuelle écoute, elle fait sans arrêt un pas vers l’autre pour le rassurer, le conseiller et lui donner de l’espoir. C’est l’histoire d’une mère devenue activiste, une mère qui a transformé son combat personnel en un combat universel et qui a finalement transformé sa haine en force. Dans le cadre de son association, Latifa s’est fixée deux buts très précis que l’on suit à travers le documentaire, du début à la fin : défendre la jeunesse des quartiers souvent peu écoutée ainsi que combattre la peur et la colère par la tolérance et l’écoute de l’autre.
Combattre une dure réalité
La première image apparaît brutalement aux spectateurs. Sur fond noir, un texte blanc rappelle les faits : 240 morts sur le sol français, victimes du terrorisme islamiste, depuis 2012 avec Mohammed Merah et jusqu’au 14 juillet 2016 à Nice. Puis intervient la première prise de parole de Latifa, face caméra ; et ainsi, pour la première fois, le spectateur cerne tout à fait le personnage : une profonde empathie, une capacité incroyable à rester toujours calme et digne et deux grands yeux noirs dont parfois s’échappent des larmes.
Latifa parle et voyage beaucoup. Elle se retrouve plusieurs fois face à des foules entières réunies pour écouter son témoignage et son discours d’appel à la paix : dans des lycées, des écoles, des prisons, des centres spécialisés pour délinquants… Son public est très souvent jeune. C’est son choix. La jeunesse est le symbole de la paix future et c’est pour cela qu’elle incite ces jeunes à ne jamais baisser les bras et surtout à ne pas avoir peur.
Elle voyage en Chine, en Israël, en Palestine, au Maroc (où Imad repose) et dans toute la France ; elle répand une parole douce, une parole qui prône un Islam de tolérance et un message de paix. Parfois subjectif, son discours est d’abord le discours d’une mère qui a perdu son fils. Sa subjectivité est cependant assumée. Jusque dans sa forme, le film réussit à nous captiver : de belles musiques, des scènes dynamiques et des témoignages poignants au travers desquels le spectateur comprend l’ampleur du travail de Latifa, ses motivations, et surtout partage son émotion.
Des solutions pour la paix?
Cependant, des questions nous restent en tête à la sortie du cinéma. Et si les problématiques sociétales qui gravitent autour du combat de Latifa ne trouvaient pas de réelles réponses dans ce film ? C’est un film qui, plus directement, s’attache à représenter une femme forte, en deuil. Mais n’avons-nous pas tous cette question qui nous taraude depuis tous ces actes terroristes : comment a-t-on pu laisser faire cela ? Comment quelqu’un comme Mohammed Merah s’est-il retrouvé à faire ce qu’il a fait ?
Selon Latifa, qui donne tout de même une réponse à cette question, tout commence par la jeunesse. Il ne faut pas la laisser dans son insécurité, sa peur. Elle est essentielle pour retrouver un pays en paix, tolérant et pour que plus jamais on n’ait à pleurer un fils mort. Ainsi, Latifa propose de parler de religion, de briser les clichés, mais aussi de faire comprendre à tous ces jeunes, qui parfois se retrouvent en marge, que la religion doit être respectée par tous et
pratiquée en introspection sur soi, sa propre foie. Elle met en lumière les différences entre le catholicisme et la religion musulmane pour que chacun puisse s’exprimer. Des messages justes et beaux, mais un discours d’espérance qui demeure encore trop flou et dont les résultats dans la pratique sont difficilement imaginables.
Finalement, le vrai sujet de ce film serait probablement la transcendance, le dépassement de la haine et la transformation de celle-ci en quelque chose de plus grand. Plus simplement, Latifa transcende sa peur et sa tristesse dans sa quête de la paix. C’est donc certes pour une paix collective qu’elle se bat en portant son message à travers le monde, mais, indirectement, son combat porte aussi sur une paix intérieure et personnelle.
Le film témoigne d’un combat qui résulte d’une association de la force de l’esprit et celle du coeur.
Ainsi, il est clair que son titre « Latifa, le coeur au combat » lui va à merveille.
Ajouter un commentaire