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L'électorat têtu de Marine Le Pen

A deux semaines des élections présidentielles, tout le monde le sait : Marine Le Pen sera probablement au second tour. Nous sommes bien loin de la surprise qu’a pu créer son père en 2002. Qu’est-ce qui a changé en quinze ans ? Pourquoi il n’y a plus de doute sur le vote Front National ? […]

A deux semaines des élections présidentielles, tout le monde le sait : Marine Le Pen sera probablement au second tour. Nous sommes bien loin de la surprise qu’a pu créer son père en 2002. Qu’est-ce qui a changé en quinze ans ? Pourquoi il n’y a plus de doute sur le vote Front National ? Retour sur un électorat têtu qui ne plie pas devant les affaires de Marine Le Pen contrairement au camp Fillon.

Un électorat insensible aux affaires car méfiant de la « classe médiatique »

Fillon a payé le prix de sa mise en examen et des affaires : il perd 10 points dans les sondages depuis les primaires de la droite et du centre. Il apparaît désormais comme l’inexorable troisième homme de l’élection qui aurait pu devenir président. Avec ces affaires, ce sont les valeurs de la droite comme le travail ou le rejet de l’assistanat qui en prennent un coup et qui entraînent le candidat de la droite dans leur chute.

Le dossier Marine Le Pen déchaîne moins les passions. Soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen et irrégularité du financement des campagnes électorales en 2012, Marine Le Pen trempe dans les affaires. Cependant, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse, son électorat reste fidèle et ne fuit pas comme a pu le faire l’électorat de François Fillon suite au Penelopegate. Pourquoi ?

Pour répondre aux affaires, Marine Le Pen et le Front National jouent la carte de la rhétorique anti-système. Marine Le Pen dénonce une « cabale politique » montée pour déstabiliser sa campagne. Tout cela ne serait qu’une opération médiatique pour la faire couler. Les accusations ne sont qu’une manifestation du système. Aussi, selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite, le FN présente ces faits comme des faits minimes par rapport à ce que les partis politiques passés par le pouvoir ont pu accumuler. Jouer cette carte de la rhétorique anti-système trouve une résonance chez son électorat qui n’est pas du genre à croire ce qu’il se dit dans la presse et qui rejette une certaine élite représentée par le système médiatique.

Par ailleurs, les Français s’informent de plus en plus sur les réseaux sociaux. Ils étaient 17% en 2016. Parmi eux, les électeurs du FN peuvent être tentés par les sites de désinformation où l’actualité est traitée par un filtre particulier. L’électorat de Marine Le Pen, se défiant des médias, continue de soutenir leur candidate coûte que coûte.

Un électorat mobilisé et fidèle

Le vote Front National est stable : avec 25% aux Européennes (2014) et 27% aux Régionales (2015), nous retrouvons des taux similaires à ceux dont semblent être crédités Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle (environ 24%). Elle dispose de l’électorat le plus fidèle avec 82% des individus ayant voté pour elle en 2012 qui reconduiront ce vote en 2017 (Jean-Luc Mélenchon est en deuxième position avec 66% de fidèles).

Un portrait-type de l’électorat : le parti des marginaux

L’électorat Front National n’existe pas, c’est un conglomérat. Marine Le Pen rassemble des électeurs de plusieurs classes sociales avec des intérêts divers. Des cités aux zones rurales, elle ratisse large. Le discours de Marine Le Pen trouve une résonance dans les quartiers dits « sensibles » toujours plus reclus dans les HLM, touchés par l’échec scolaire, la compression des revenus et le chômage. Les choses n’ont pas changé en quinze ans et c’est cette marginalisation qui dure, cette impression d’être mis symboliquement à distance, qui pousse les cités à mettre un bulletin bleu marine dans l’urne. La hantise du déclassement et l’accroissement des inégalités joue en faveur du Front National. Dans les zones rurales, les partis de gauche perdent leur ancrage au profit du FN. L’idée d’« être français » que les zones rurales peuvent exprimer est synthétisée par le Front National. A cette France des marges s’ajoute une France du malaise politique : 38% de ceux qui considèrent que « les responsables politiques ne se préoccupent pas du tout des gens comme eux » votent Front National. Le vote Front National prend des allures de « sauve-qui-peut ». Une dynamique démographique, une protestation sociale ou un malaise politique : le phénomène Marine Le Pen a des sources plurielles mais non pas moins solides.

Le Front National, parti de la séduction qui affiche complet ?

Le Front National, c’est finalement un parti qui a séduit : 40 % des votants Front National de 2007 n’avaient pas voté Le Pen en 2002. Une séduction visible chez les électeurs les plus jeunes puisque le Front National est le premier parti chez les jeunes avec 35% d’intentions de vote chez les 18-34 ans selon les Décodeurs. En a eu sous le pied. Son électorat est stable et convaincu. Maintenant, pour gagner, il faut trouver de nouveaux électeurs. Là est la difficulté de Marine Le Pen. Malgré sa stratégie d’apaisement du parti, son parti peut-il encore séduire ou son électorat affiche-t-il complet ?

Chloé Berry

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