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La gauche a-t-elle subi sa dernière rupture ?

La primaire de gauche a-t-elle définitivement divisé un camp déjà traversé par des tensions internes et idéologiques fortes ?

La primaire est souvent présentée comme un vecteur d’unité, mais on se rend compte qu’elle est aussi un facteur de division. Dimanche dernier, on a pu observer que le Parti Socialiste était à deux doigts de faire un burn-out. Mais ce n’est pas une conséquence des récents événements qui se sont déroulés au sein de cette famille. Aujourd’hui, alors que nous connaissons enfin le candidat de la gauche, c’est l’occasion de revenir sur ce parti qui n’a cessé de susciter le débat depuis le début du quinquennat de François Hollande.

Ce nom que l’on voit partout, dans la rue, dans le métro, à l’école ou ailleurs, Jean Jaurès, est souvent considéré comme ayant été le premier moteur du socialisme en France sous le nom de Section française de l’Internationale Ouvrière (SFIO). Mais la vraie naissance du Parti Socialiste s’est réalisée le 4 mai 1969 à l’aide d’une minorité qui était en désaccord avec le gouvernement de De Gaulle et les noms qu’on retient le plus souvent sont ceux de Pierre Mendès France et de François Mitterrand. Le socialisme est tant une théorie politique que économique fondée sur l’égalité des chances, la laïcité, le progrès, la démocratie et le développement durable, c’est pourquoi les Verts soutiennent généralement la Gauche.
Or aujourd’hui, on a presque oublié que ce parti politique a déjà subi une séparation radicale dans les années 70 avec Michel Rocard qui était contre la nationalisation totale et prenait partie pour la décentralisation. On pourrait qualifier sa politique de réaliste car il s’adaptait à son époque et à son marché économique. Il était réformiste ce qui l’opposait directement à François Mitterrand.
L’Histoire n’est qu’un éternel recommencement, c’est pourquoi on constate de plus en plus que ce parti est en crise mais le constat que l’on fait actuellement n’est qu’une illusion car cette crise ne date pas d’aujourd’hui.

Revenons en 2012. François Hollande a été élu avec 51,54% des voix contre le président sortant Nicolas Sarkozy. Mais les Français, pour la plupart n’ont pas voté pour la gauche mais pour éviter de renouveler le mandat de l’ancien président. Dès ce moment, on aurait pu se demander si la gauche était détruite car on ne votait plus pour un socle d’idées mais juste pour le personnage. Alors la figure même du parti et du président élu n’étaient pas crédibles. C’est pourquoi en 2014, deux de ses ministres, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg s’opposent aux décisions économiques précises par le gouvernement. L’un sera limogé alors que l’autre préférera quitter le gouvernement mais dans deux les cas, ils rejoindront les frondeurs du Parti Socialiste. Les frondeurs sont un groupe de députés qui sont radicalement opposés aux gouvernements de Jean-Marc Ayrault mais aussi celui de de Manuel Valls. Et en 2015, ils continueront à critiquer la loi portée par Emmanuel Macron sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances.

En décembre 2016, ils se portent candidats à la primaire de la Gauche, intitulée « la Belle Alliance Populaire », mais ils n’avaient pas prévu un élément perturbateur dans leur scénario. Manuel Valls quitte son propre gouvernement pour se lancer également dans la course. Cette année a été l’année des imprévus car pour la première fois de l’histoire de la Vème République, le Président a renoncé à se représenter aux élections présidentielles et a laissé son chef du gouvernement prendre le relais. Mais en plus de cela, il avait été indulgent face à son ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, quand celui-ci avait fondé son mouvement « En Marche! » le 6 avril 2016 pendant son mandat de ministre. Il affirme que son mouvement citoyen a pour ambition et finalité de dépasser le clivage gauche-droite et a même évoqué qu’il est certes de gauche, mais il n’est pas socialiste. C’est une situation problématique pour un président quand son ministre, qui fait partie d’un gouvernement socialiste, se déclare comme étant un outsider
Ce même ministre a démissionné fin août pour s’occuper pleinement de son jeune mouvement qui n’a cessé d’attiser le regard des medias et s’est même déclaré candidat aux élections présidentielles en novembre.

Or le problème n’est pas le fait que ses ministres aient trahi François Hollande, c’est surtout un problème de fond, celui de ne pas avoir une vision commune.
La primaire socialiste a polarisé deux tendances politiques : la ligne politique menée par Manuel Valls et celle de la contestation. Sur les sujets fondamentaux tels que la sécurité, le social, l’économie et la santé, une nette polarisation se distingue car l’un est conservateur et l’autre est utopique.

La politique, en général, est en crise, c’est ce qu’on constate à travers le monde avec les guerres civiles dans le Proche et le Moyen Orient, avec la politique agressive de Poutine et avec l’élection de Trump qui depuis une semaine n’a cessé de secouer la sphère politique avec ses idées radicales qui excluent les valeurs de la Gauche bâties sur l’Europe, le développement durable, la liberté, la démocratie, l’égalité des chances et surtout le progrès. Donc le candidat qui sera élu devra avoir les connaissances nécessaires afin de débattre face à deux géants qui oppriment aujourd’hui les Droits de l’Homme et imposent leurs lois. Mais la gauche est-elle toujours aussi solide que sous François Mitterrand afin de tenir tête au monde et d’affirmer ses valeurs fondamentales ? Et comme l’affirme Bertrand Russell, « le socialisme, quoi que nous pensions de ses mérites, est un grand pouvoir, qui se développe et transforme la vie économique et politique« . Tel sera l’enjeu de ces élections présidentielles : réaffirmer la grandeur de la Gauche dans toutes ses branches et toutes ses facettes.

Crédits photo : Dessin de Placide 

Sahba Radfar

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