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La Corée du Nord, clef de voute des enjeux géopolitiques en Asie du Nord-Est

L’élection de Donald Trump créer une incertitude dans le dossier nord-coréen, alors que le menace nucléaire plane toujours sur la péninsule coréenne.

Suite à l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, une phase d’incertitude s’est ouverte au Japon, en Chine et dans la péninsule coréenne au sujet de la « menace » que fait peser le régime de Kim Jong-Un. Ce dernier a déclaré que le nouveau président américain aurait à traiter avec une Corée du Nord « nucléaire » et que la politique menée depuis de nombreuses années, visant à la dénucléarisation du pays, était une « illusion dépassée ». Retour sur ces enjeux.

La « Northern Limit Line » : frontière de deux mondes

La division de la péninsule coréenne survint en 1953, à la suite de la guerre de Corée (1950-1953). Dès ses débuts, le nord reçut le soutien de l’URSS et de la Chine communiste et prit le nom de « République populaire démocratique de Corée » (RPDC). D’où la présence d’un régime marxiste-léniniste à Pyongyang. Sur le plan intérieur, le projet d’atteindre l’autosuffisance politique, économique et militaire entraîna une industrialisation intensive du pays dès ses débuts. Le Sud ne se développa économiquement qu’à partir des années 60.
La chute de l’URSS, la normalisation des relations entre la Chine et la Corée du Sud et l’essor économique rapide de cette dernière, marquèrent un tournant décisif pour la prospérité du régime nord-coréen. Entre 1994 et 1998 le pays fût touché par une grave famine provoquant plusieurs millions de morts, l’obligeant à demander une aide humanitaire à la communauté internationale en 1995. Connaissant ses faiblesses et ses échecs, la RPDC se lança donc dans un programme de recherche visant l’obtention de l’énergie atomique à but militaire.

L’arme nucléaire ou la survie d’un régime

L’arme nucléaire fût très vite vue par Pyongyang comme un moyen de survie du régime et de dissuasion vis-à-vis des Etats-Unis. Face aux critiques, la Corée du Nord se retira en janvier 2003 du Traité de non-prolifération nucléaire, tout en niant l’existence d’un programme d’enrichissement d’uranium. Ce programme fut reconnu officiellement en mai 2009. De nombreux cycles de négociations s’ouvrirent pour résoudre le problème mais les résultats restèrent peu satisfaisants. L’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un à la tête de la RPDC en 2011 marqua un renforcement de cette politique et une course effrénée vers l’obtention de l’arme atomique. L’année 2013 fût marquée par une escalade des tensions dans la péninsule, isolant encore plus le régime nord-coréen tout en menaçant la stabilité politique régionale. Le 10 décembre 2015, Kim Jong-Un annonça que son pays était désormais « capable de faire exploser des bombes A et H pour défendre sa dignité et sa souveraineté ». Mission réussie pour le régime nord-coréen, qui a réussi à assurer ainsi son existence tout en exposant au grand jour l’échec de l’administration Obama et de l’ONU sur ce dossier.

Une réunification de la péninsule est-elle toujours possible ?

Alors qu’il n’existe aucun traité de paix entre le nord et le sud, nombreux sont ceux qui appelèrent de leurs vœux à une réunification des deux « frères ennemis » lors du 60ème anniversaire de la fin de la guerre de Corée célébré en 2013. Mais les obstacles au projet étaient multiples.
Aujourd’hui la politique de réconciliation menée par Séoul est presque au point mort et la population sud-coréenne est divisée sur le sujet. La génération ayant vécu la guerre et ayant des membres de leur famille « prisonniers » au Nord sont largement favorables à une réunification. A contrario, les jeunes y sont peu favorables surtout que, selon The Guardian, une réunification coûterait pas moins de 500 milliards de dollars et prendrait plusieurs années.
Pour Pékin, l’existence de la RPDC est essentielle car elle empêche la création d’une Corée unifiée économiquement, puissante et alliée des États-Unis. Même si, aujourd’hui, les relations sino-sud-coréennes se sont nettement améliorées, Séoul regarde plus vers Washington que vers Pékin. Cette réunification économique contrariait également le Japon.
Du point de vue russe, la vision chinoise est largement partagée. En effet, la RPDC possède un sous-sol riche en minerais dont profite l’économie russe. Un écroulement du régime communiste à Pyongyang remettrait donc en cause leurs accords commerciaux.
Pour Washington, la survie de ce régime justifie la présence de 29 000 soldats stationnés en Corée du Sud, de quatre bases militaires au Japon et d’une sur l’île de Taïwan. Si le régime nord-coréen venait à disparaître, cette présence perdrait toute légitimité et remettrait en cause les autres objectifs diplomatiques américains dans la région. Depuis le « pivot » opéré par l’Asie, les États-Unis souhaitent contenir l’influence chinoise en mer de Chine et préserver leurs accords commerciaux.

L’idéologie isolationniste du nouveau président américain Donald Trump pourrait engendrer d’importants bouleversements. « La nature ayant horreur du vide », le retrait des forces américaines dans la région serait une formidable opportunité pour Pékin d’augmenter sa présence en mer de Chine. Cela pourrait également être l’élément déclencheur pour une nucléarisation de la Corée du Sud et du Japon. Le débat est d’ailleurs déjà ouvert à Séoul.

Pierre Portier

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