Sorb’on est allé à la rencontre d’Emile Bertherat réalisateur du court-métrage muet Nightingale visible sur Internet qui interroge notre rapport à la réalité.
Pourquoi ce titre de Nightingale ?
À l’origine le scénario était plus dense. J’avais l’idée que les personnages faisaient partie d’un club comme dans le film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut, dont les membres s’appelaient les Nightingale. Au fur et à mesure je me suis dit que ce n’était pas nécessaire au film.
Il ne s’agit pas d’une première expérience dans le court-métrage, peux-tu revenir sur tes réalisations précédentes ?
Nightingale a été réalisé aux États-Unis. Mes premiers films ont été tournés en France, avec des scénarii très écrits, des dialogues. Il y avait aussi un vrai travail avec les acteurs sur leur jeu, des intentions et je tournais avec des équipes techniques autour de moi. Là, je voulais être seul, et plus que raconter une histoire : faire passer des émotions. Au fond c’est pareil, dans tous ces films je fais passer de l’émotion à travers les images, mais dans Nightingale c’est le but premier.
Réaliser un court-métrage muet est un exercice plutôt ardu, pourquoi ne pas avoir fait parler les personnages ?
Sur ce film j’ai essayé de simplifier au maximum, d’épurer. À la base, j’avais des dialogues, mais je me suis dit que ça fonctionnerait peut-être mieux sans, même si ça modifie le rapport du spectateur au film. C’est sûr que c’est une contrainte de faire un film muet, mais ça apporte quelque chose de différent.
Il y a un contraste entre l’image très soignée et certains éléments un peu « cheap », comme les lunettes de réalité virtuelle de ton personnage. Est-ce une contrainte financière ou un parti pris assumé ?
Je me suis posé la question de savoir s’il fallait de vraies lunettes de réalité virtuelle. Elles font cheap mais cet aspect est un élément de surprise pour le spectateur, qui capte son attention, et surtout les lunettes du film permettent de voir les yeux du personnage. C’est assez important pour la transmission des émotions. La dimension de la réalité virtuelle n’est pas primordiale. Nightingale est moins sur le rapport à la technologie, que sur le rapport à la réalité. La technologie est intervenue tard dans l’élaboration. Ce principe de réalité virtuelle est un bon moyen de condenser tout ce que je voulais dire dans le film.
Le film a déjà été diffusé dans des expositions. Quelle est la prochaine étape pour Nightingale ?
L’idée maintenant c’est de le rendre accessible sur Internet. La diffusion sur le web est différente d’une diffusion en boucle en galerie comme c’était le cas jusqu’à maintenant. Le spectateur a le contrôle du visionnage. En galerie il peut voir la fin avant d’avoir vu le début. Je travaille aussi avec des gens autour d’un projet de projection dans la rue.
Est-ce que cette expérience d’acteur, dans LOL par exemple, est quelque chose qui t’a gêné pour poursuivre dans le monde du cinéma ?
Au contraire ! J’ai appris beaucoup de choses sur ces films. C’est dans l’air du temps d’avoir la double casquette acteur et réalisateur. On passe de devant à derrière la caméra plus facilement.
Parmis les films à l’affiche cette semaine, tu es plutôt Tim Burton, Houda Benyamina, Xavier Dolan ou François Ozon ?
Il y a 10 ans j’aurais dit Burton mais pour le coup Frantz d’Ozon m’a vraiment bien baladé. Il faut vraiment aller le voir.
Pour regarder le court-métrage d’Emile Bertherat.
NIGHTINGALE from Chasse à Courts on Vimeo.
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