Si tu es à l’affût d’une petite expo réjouissante et à faire presto dans Paris, rends-toi donc du côté de la rue Payenne et de son institut suédois, pour découvrir ou redécouvrir l’auteure de BD suédoise féministe, Liv Strömquist. L’entrée est gratuite, la cour du café de l’institut est idéale pour se prélasser, et l’expo est à l’image de l’artiste : drôle et efficace.
De prime abord, on entre dans une petite pièce, esprit boudoir, aux murs rouges faisant écho au dessin qui trône à l’entrée : celui d’une patineuse exposant une culotte tâchée de sang. Le thème des règles ou menstruations, grand tabou entourant le sursymbolisé et surreprésenté sexe féminin, donne le ton de l’exposition sur ce pan de mur. On trouve aussi des extraits de bandes dessinées, des portraits et des objets provenant des reprises théâtrales de ses œuvres.
Entre humour cinglant et référentiel large, Liv Strömquist est une bédéiste atypique. Inspirée par la culture populaire, elle délivre dans ses planches des réflexions intéressantes sur les rapports hommes/femmes, sur les sentiments amoureux et les conséquences d’une société patriarcale sur nos relations intimes et privées. Tout ceci, sans jamais délaisser une plume et un coup de crayon à la dérision salvatrice.
Essentiellement en noir et blanc et avec des textes riches, ses BD se conçoivent comme un débat ouvert pour penser les thèmes du genre, des sexes et des sexualités. Elles sont donc à offrir ou à prêter à un ami pour en discuter et/ou se poiler ensemble.
Après sa première BD traduite en français, Les Sentiments du prince Charles, l’auteure est revenue en France avec une deuxième BD, L’Origine du monde. Dans cette dernière, elle s’intéresse au sexe féminin et aux tabous qui l’entourent, avec notamment une pique mordante adressée à Freud et son compère Wilhelm Fliess concernant leur théorie sur les menstruations. En effet, ces derniers tentèrent d’opérer du nez une femme souffrant de douleurs menstruelles, selon la théorie de la « névrose nasale réflexe » qui lierait physiquement l’organe génital féminin au nez. L’opération fut un désastre.
Alors qu’elle nous questionnait dans Les Sentiments du prince Charles, sur le sentiment amoureux en tant que construction sociale, dans L’Origine du monde, elle nous dévoile les divers points de vue des scientifiques et penseurs qui ont marqué l’Histoire. Certaines de leurs conclusions furent désastreuses pour la sexualité des femmes, quand d’autres pionniers du genre, restituèrent la fierté et l’intégrité des vulves.
Le divan de Liv ou l’art de Liv Strömquist de réunir Whitney Houston et Sigmund Freud en BD nous plonge pour quelques instants dans l’univers décalé de l’artiste. En témoignent les sourires et rires des visiteurs.
Institut suédois
11 rue Payenne
75003 Paris
du mardi au dimanche de 12:00 à 18:00
jusqu’au 23 octobre 2016
Plus d’information ici
Crédit photo de couverture : Sören Vilks
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