La crise. La crise économique, sociale et politique ! C’est ainsi que les dirigeants de notre pays qualifient la situation que traverse la France depuis plusieurs années. Dépassés les éléments de langage et les petites formules de toutes sortes, il semble que nous traversons une période sans précédent : détérioration des conditions de vie, accroissement de la pauvreté, développement fulgurant du chômage…
« D’élection en élection, les Français adressent des messages, des messages d’alerte ! »
Triste réalité, l’élite politique apparaît impuissante. Aux promesses vaines des uns, s’ajoutent les attaques stériles et vides des autres. D’élection en élection, les Français adressent des messages, des messages d’alerte ! Contrairement à ce que la plus grande partie des médias s’acharne à nous faire croire, le premier parti de France, aux élections municipales de 2014, comme au scrutin européen, n’est pas le Front National, mais l’abstention.
De la défiance à l’égard du pouvoir en place ? C’est certain. De la colère adressée à l’ensemble de la classe politique ? Assurément. Cette abstention, croissante depuis quelque temps, traduit de manière prégnante la crise de la démocratie que nous vivons. Face à un temps médiatique toujours plus court, qui dans le même intervalle traite la guerre en Syrie, la réforme fiscale du gouvernement et la naissance de l’héritier de la couronne britannique, beaucoup d’entre nous se sentent abandonnés et trahis par ceux en qui ils avaient confiance.
La crise morale dont souffre notre démocratie est profonde. Affaires Tapie, Sarkozy-Bettencourt, Cahuzac, Bygmalion… Sans oublier la présomption d’innocence, force est de constater que l’image détériorée de nos élus fragilise chaque jour un peu plus le contrat social, fondement de notre régime politique.
Plus que jamais, pour réformer notre pays, nous avons besoin des hommes politiques, mais la plus grande majorité d’entre eux, à défaut d’agir, s’est réfugiée dans le discours constant. Les mots… ah, que serait la politique d’aujourd’hui s’ils n’existaient pas ! Les annonces, les plans, les chocs, les révolutions… autant d’éléments syntaxiques qui traduisent la relative impuissance des dirigeants du pays à agir. Marre de la politique-fiction et de la communication politique, nous voulons des actes ! Comment faire confiance à des élus, qui, prisonniers du clivage bipartisme gauche-droite, agissent au quotidien de manière stérile et inefficace ? Comment faire confiance, aussi, à ceux dont l’intérêt personnel est malheureusement de plus en présent dans les motivations d’engagement ?
Le fossé entre les élus et les citoyens ne cesse de se creuser : nous, citoyennes et citoyens de France, avons une responsabilité commune et partagée. Ce n’est pas en manifestant contre la victoire d’un parti dans les urnes, que nous ferons changer les choses. Ce n’est pas non plus, en portant des jugements de valeur dogmatiques et péremptoires sur les électeurs d’un parti, ou en donnant des leçons de morale, que nous réussirons à réenchanter l’idéal démocratique de notre pays.
« Nous devons réapprendre la démocratie. »
Nous sommes face à un tournant démocratique : abstention élevée, montée en puissance des partis contestataires et réactionnaires. Nous devons réapprendre la démocratie. Or, cette démocratie passe par le vote. À ceux qui voudraient nous faire croire que les citoyens ne sont plus maîtres de leur destin, à ceux qui voudraient nous faire croire que « tout vient de Bruxelles », ou d’ailleurs, il faut répondre que c’est le Peuple qui a écrit l’Histoire de France, et qui continuera encore à l’écrire.
Il n’est bien sûr pas question ici de remettre en cause tous les élus de la République, puisque la surmédiatisation de quelques tricheurs, menteurs et voleurs, détruit l’engagement profond et sincère de centaines d’autres.
Nous devons nous réapproprier la chose publique ! Tout cela passe par un élément fondamental : l’ENGAGEMENT. Qu’il soit associatif ou militant, l’engagement pour la collectivité et la communauté nationale, incluant le vote, est essentiel pour changer la dynamique. S’engager, c’est redonner corps à la notion de vivre ensemble. L’engagement au service de l’autre, c’est faire fi de ceux qui voudraient nous diviser, ceux qui voudraient nous faire peur, ceux qui voudraient que nous devenions une société morcelée et communautarisée. À ceux-là, qui veulent l’échec de la France, il faut dire non !
« Il faut expliquer aux jeunes le fonctionnement de nos institutions. »
Parce qu’ils sont l’avenir de la Nation, qu’ils en portent en eux les énergies de demain et les fondements de la politique à venir de notre pays, il faut expliquer aux jeunes le fonctionnement de nos institutions. Parce qu’ils sont l’avenir de la France, et que la France est leur avenir, il est impérieux que les jeunes aient, non seulement la parole, mais le pouvoir et les moyens d’être entendus.
Aux jeunes, il faut arrêter de dire qu’ils ne sont pas assez vieux ; aux vieux, il faut dire qu’ils ne sont plus si jeunes. Le renouvellement de la classe politique, et l’engagement de tous les citoyens permettront de redonner corps à la communauté nationale.
C’est tout le sens de l’existence du Parlement des Étudiants : venus de tous les horizons, de tous les domaines d’études, les étudiants montrent chaque jour qu’ils peuvent se saisir de la chose publique, au même titre que leurs aînés.
Peu importent la religion, la couleur de peau, l’origine sociale, le niveau d’études… vous avez tous quelque chose à dire à la France, parce que la France, c’est vous, c’est nous. ENGAGEONS-NOUS !
Jad Zahab est cofondateur et Président du Parlement des Étudiants, association ayant pour but l’organisation de simulations de débats parlementaires partout en France. Il est auteur de plusieurs essais politiques. Son prochain ouvrage, Pour une démocratie active — Le renouveau de la société civile, sortira en décembre prochain.
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