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L’enjeu des classements pour les universités

La fusion des universités Paris IV et Paris VI, une tentative pour gagner des places dans les classements mondiaux des universités ?

Vous le savez peut-être, les présidents des universités Pierre et Marie Curie (Paris VI) et Paris-Sorbonne (Paris 4) ont annoncé ce qui s’apparente à une fusion des deux pôles d’enseignements d’ici 2018. Trois universités composeront cette nouvelle entité en démarrage : une université de lettres, sciences humaines et sciences sociales, une université de sciences et d’ingénierie et une de médecine. L’objectif de la création de cette méga-université qui accueillerait quelque chose comme 50.000 étudiants est simple : créer un pôle d’excellence en matière de recherche, dont les résultats et les moyens lui permettraient de bien figurer dans les différents classements internationaux et donc d’acquérir un rayonnement encore sans précédent en France.

Des classements à remettre en cause

Sympathique. On le sait, environ 5 fois par an, différents organismes (privés) publient des classements des établissements d’enseignement supérieur à l’échelle internationale. L’enjeu pour les universités est assez évident : se créer une forte réputation mondialement, devenir un pôle d’attractivité pour les étudiants et les enseignants chercheurs, ou encore, créer des liens avec les meilleurs établissements mondiaux, notamment à travers des programmes d’échange. Toute initiative allant dans le sens d’une montée dans les classements est d’ailleurs souvent soutenue par le gouvernement, soucieux de l’image de son système éducatif. Ces dernières années, ces classements semblent avoir pris, au moins dans l’espace médiatique, une importance démesurée, et on peut facilement interroger leur pertinence et leur réelle importance pour nous, petits étudiants.

Les critères de ces classements pourtant internationaux sont eux décidés à l’échelle nationale, comme c’est le cas du classement de Shanghai. Ses critères, qui mettent l’accent sur la recherche, la production d’articles scientifiques ou encore les récompenses des professeurs (type prix Nobel) dans des domaines assez limités (principalement les sciences dures), se basent en plus sur des listes non exhaustives et des critères étroitement liés entre eux. Ils favorisent les plus grands établissements (le classement contient très peu d’universités comptant moins de 10.000 étudiants) et qui plus est anglo-saxons (la langue des articles scientifiques est l’anglais et les récompenses prises en compte sont souvent attribuées à des Américains). Les universités françaises sont donc modérément bien placées dans les différents classements, mais pèse sur elles l’obligation de progresser.

Des interrogations en ce qui concerne les étudiants

Des établissements très différents sont comparés dans ces classements et il faut surtout noter que la formation, éléments pourtant essentiels du travail universitaire, est à peine prise en compte. Ces classements ne sont pas connus de la plupart des étudiants, dont l’objectif n’est pas forcément de se tourner vers la recherche. Ainsi, il est peut-être difficile de concilier l’exigence de développer la réputation scientifique internationale d’une université et d’autres objectifs en matière d’enseignement. Ainsi, concernant la fusion à venir, l’UNEF dénonce une « course au gigantisme » dans son dernier communiqué à travers une décision manquant de démocratie et déconnectée des réalités du terrain.

Il est légitime d’interroger les futures dispositions de cette université vis-à-vis de ses étudiants : comment installer des rapports de proximité et dialoguer efficacement avec un nombre d’étudiants si important ? Comment leur apporter un enseignement de qualité, alors que les moyens injectés le seront sûrement dans de nouveaux pôles de recherche ? Mais aussi vis-à-vis des employés actuels, dont la position n’est toujours pas connue. Favoriser la recherche est important, mais cela ne doit pas se faire au détriment des étudiants du premier cycle, de plus en plus mis sous pression par les coupes budgétaires.

Cette fusion serait une première à Paris depuis mai 68 et remettrait en cause le découpage décidé au lendemain des manifestations étudiantes (même si la nouvelle université devrait conserver le nom « Sorbonne », essentiel à l’échelle internationale). D’autres universités ont sauté le pas (Bordeaux, Aix-Marseille, Lorraine), pour des résultats mitigés.

Photo : Loic Venance/AFP

Fabrice Goyi

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